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6 Nations 2023 - "Quand le XV de France gagne à Twickenham, c’est toujours un Tournoi réussi" : Dimitri Yachvili lance le crunch

Par Propos recueillis par Arnaud Beurdeley
  • Dimitri Yachvili l'assure : "Quand le XV de France gagne à Twickenham, c’est toujours un Tournoi réussi"
    Dimitri Yachvili l'assure : "Quand le XV de France gagne à Twickenham, c’est toujours un Tournoi réussi" Midi Olympique - Midi Olympique
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Dimitri Yachvili - Ancien demi de mêlé du XV de France (61 sélections) et consultant de France télévisions Avant le déplacement à Twickenham du XV de France, qui d’autre que l’ancien cornac des Bleus, aujourd’hui observateur avisé du Tournoi, pour évoquer le prochain rendez-vous des Bleus ? Suivez le guide !

Ce match face à l’Angleterre peut-il rendre le bilan du XV de France positif dans ce Tournoi des 6 Nations ?

Quand l’équipe de France gagne à Twickenham, c’est toujours un Tournoi réussi. Parce que ça signifie qu’elle a remporté d’autres matchs. Pour gagner en Angleterre, il faut un groupe solide, une certaine solidarité, une grande confiance. Posons-nous la question dans l’autre sens : le Tournoi des Bleus sera-t-il raté en cas de défaite ? Tout dépendra de la physionomie de la rencontre. Mais au regard du niveau de jeu affiché par les Anglais, cette équipe de France a réellement la capacité de s’imposer samedi à Twickenham.

Depuis sa prise de pouvoir, le sélectionneur Fabien Galthié n’a jamais remporté un match à Twickenham. Est-ce son dernier grand défi avant le Mondial ?

Gagner en Angleterre, ce n’est jamais anecdotique. Fabien Galthié le sait parfaitement. Ils sont plusieurs dans le staff à avoir déjà gagné dans ce stade mythique. C’est une fierté, un honneur. Aujourd’hui lui, son staff et ses joueurs sont formatés pour la gagne. Peut-être encore plus à l’approche de la Coupe du monde. Mais battre l’Angleterre sur sa pelouse n’est pas non plus un aboutissement. Dans la ligne de mire, il y a tout de même le mondial. Et même avant cela, il y a encore l’enjeu du Tournoi des 6 Nations. Dans l’hypothèse d’une défaite de l’Irlande en Écosse, tout sera possible. À mon sens, gagner en Angleterre, c’est d’abord une étape pour avoir encore une chance de remporter le Tournoi et conserver ce titre.

La dernière victoire des Bleus dans le Tournoi des 6 Nations date de 2005. Comment l’expliquez-vous ?

Je m’en souviens bien, j’y étais. Mais, ça commence à dater ! (rires) Ce n’est pas simple de gagner à Twickenham. Pour plusieurs raisons : d’abord, pour un joueur anglais, le XV de France, c’est l’équipe à battre absolument. Ensuite, Twickenham, c’est leur jardin. Ils n’aiment pas y perdre. Cette année, ils ont déjà un faux pas à domicile contre l’Écosse. Autant dire que s’il devait y en avoir un second, ce serait un Tournoi complètement raté pour eux. Un véritable échec pour le nouveau staff.

Imanol Harinordoquy disait il y a peu que les Anglais ne sont jamais aussi forts que lorsqu’ils affrontent la France. Vous confirmez ?

Je vous dirai ça après le match de samedi. Franchement, depuis la demi-finale de la Coupe du monde 2019 contre les Blacks, je n’ai pas vu de grandes performances de cette équipe d’Angleterre. J’ai vu dix minutes intéressantes face au Blacks lors de la dernière tournée, notamment sur le plan offensif. Mais à part ça, rien ou pas grand-chose. Les Anglais sont dans un train-train d’occupation et de conquête.

À ce point ?

Cette équipe n’a pas évolué depuis 2019. Et les équipes qui n’évoluent pas, stagnent. Par rapport à ce que proposent les Irlandais ou les Écossais sur le plan offensif – et même les Italiens qui évoluent avec des blocs offensifs assez similaires, avec ces redoublés et plusieurs options de jeu, il y a un fossé. Je suis désolé mais les Anglais, je ne les vois pas évoluer au même niveau. Certes, ils sont capables de se transcender et de réaliser un grand match mais ont-ils aujourd’hui les armes ? Je n’en suis pas convaincu.

Vous n’évoquez pas l’évolution offensive du XV de France. Le chantier est-il encore en cours ?

Non, j’inclus évidemment l’équipe de France dans cette évolution, même si le staff a pris le parti de baser son rugby aussi sur ce qu’on appelle la "dépossession" avec une grosse défense et une forte capacité à contester les ballons pour jouer les "turn-overs". Or, en raison de l’adaptation de l’arbitrage sur le jeu au sol, il va être intéressant de voir dans quelle mesure le XV de France sera capable, à l’avenir, de prendre le jeu à son compte.

Qu’en pensez-vous ?

J’ai le sentiment que les Bleus sont capables de le faire car ils ont cette faculté à "switcher" très vite. On a dans cette équipe des joueurs portés sur l’offensive. Je ne suis vraiment pas inquiet de ce point de vue là.

Depuis le début du Tournoi, la défense tricolore semble moins imperméable. Ce point fort est-il devenu friable ?

Il faut dissocier avoir une bonne défense et prendre des essais. Souvenez-vous. Il y a quelques années, les Blacks, même quand ils dominaient, ils prenaient tout de même des essais. Je me souviens de scores comme 40 à 26 ou 37 à 22. Ils pouvaient même prendre plusieurs essais par match. En fait, quand une équipe domine, il y a naturellement ou inconsciemment un relâchement défensif. Personnellement, j’ai plutôt été rassuré dans ce secteur de jeu lors de la rencontre face à l’Écosse. Dans les zones de marque, les Bleus ont été solides et disciplinés défensivement. Il n’y a donc pas de raison de s’alarmer.

Les Bleus encaissent-ils plus d’essais parce qu’ils passent trop de temps à défendre ?

C’est possible… Et puis, nos adversaires évoluent ! J’ai encore en tête cet essai de Keenan lors du match contre l’Irlande. Cette action était magnifique, une combinaison réalisée après une réception de renvoi d’en-but. Ça montre bien que toutes les équipes évoluent et cherchent des solutions offensives. Les Bleus ne sont pas forcément plus friables.

Le possible retour de Jonathan Danty peut-il avoir une influence dans ce secteur de jeu ?

Danty a manqué aux Bleus sur les premiers matchs, c’est indéniable. D’abord, sur le plan offensif. Parce qu’il est capable de casser les plaquages. Ensuite, sur le plan défensif. Sa capacité à plaquer en avançant est grande. C’est ce genre de situations qui permet de jouer des contre-rucks et de contester.

Quel est le grand chantier des Bleus sur ces deux derniers matchs ?

Il n’y a pas grand chantier, juste de l’affinage. Peaufiner le style de jeu me semble important. Si je perçois un axe de progression, c’est peut-être l’efficacité dans la zone de marque.

Pensez-vous possible que les Bleus puissent conserver leur titre dans ce Tournoi des 6 Nations ?

Si l’Irlande gagne ce week-end contre l’Écosse, je pense qu’elle réalisera le Grand Chelem la semaine suivante lors du match face à l’Angleterre. Maintenant, attention à l’Écosse. Certes, l’Irlande semble bien mieux armée, bien plus complète. Mais il y a aussi tous ces scénarios que l’on ne peut pas prévoir : un carton rouge, des blessures, une équipe écossaise transcendée… Objectivement, l’Irlande est bien partie dans cette direction du Grand Chelem, mais tout peut arriver.

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