Baky écrit - L'arbitrage photo fait son entrée chez les amateurs

Par Bakary Méité
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Dans sa chronique hebdomadaire, Bakary Meïté revient sur l'affaire du litige, lors d'un match de Fédérale 2 entre le Stade Poitevin et l'AS Mérignac Rugby. Une pénalité qui avait donné la victoire aux Girondins n'était, en fait, pas passée au-dessus de la barre...

On fait souvent référence au carton rouge de Zidane en finale de coupe du monde, comme LE premier arbitrage vidéo de l’histoire du football, avant même l’entrée en vigueur de ce dernier.

Ayant longtemps joué les réfractaires, le ballon rond est rentré dans le rang non sans mal. Et il ne se passe désormais pas un match sans utilisation de la ou du VAR et sa cohorte de polémique. Le tout sur fond de mauvaise foi.

La mauvaise foi parlons-en. Le 29 janvier dernier, avait lieu la rencontre Stade Poitevin – AS Mérignac Rugby au stade Paul Rébeilleau de Poitiers. Match comptant pour la 15eme journée de la poule 7 de la Fédérale 2. Une diffusion live sur Facebook était prévue sur la page de l’équipe visiteuse. Cette dernière encourageait même ses supporters les plus dévotieux à faire les 257 kilomètres qui séparent les deux villes, pour venir supporter les joueurs mérignacais.

Pour ceux qui se contentèrent de l’application mise au point par Mark Zuckerberg et ses équipes, leur joie avait été belle, de découvrir sur leurs smartphones, la victoire de leurs protégés, après une dernière pénalité sur le gong du buteur girondin. Seulement voilà, si ladite pénalité est bien passée entre les perches, elle est passée sous la barre transversale. Utilisant ici la métonymie, il s’agit bien du ballon qui n’a pas franchi la barre qui se trouve à 3 mètres au-dessus du sol. Pourtant, ce jour-là, l’arbitre du jour valida et siffla la fin de match. Victoire 26-28 pour les visiteurs. Il faut dire qu’il a été induit en erreur par l’un de ses assistants de fortune. En effet une tradition séculaire, veut que dans le rugby amateur, le trio arbitral soit composé d’un officiel et d’un joueur de chaque équipe. Généralement, un remplaçant pour officier comme juge de touche. Lors des penaltouches, il n’est pas rare de voir ces juges de circonstance, gratter quelques précieux mètres, dans un sens ou dans l’autre pour avantager leur équipe. Ils sont aussi très laxistes concernant les lignes de hors-jeu ou quand il s’agit de signaler un mauvais geste d’un partenaire. La position est difficile, je dois bien le reconnaître.

Ce jour-là, le joueur de Mérignac, n’écoutant que son courage et sachant l’importance que revêtait une victoire en terre poitevine, leva son bras haut dans le ciel de Poitiers. Là encore, métonymie : c’est le drapeau qu’il leva pour signifier à l’arbitre que la pénalité (le ballon) était passé. Son homologue de Poitiers, lui, s’abstint. À juste titre. Que ne fut pas sa surprise quand l’arbitre, arbitra en faveur de son assesseur girondin. C’est d’ailleurs ce qu’on demande aux arbitres. Comme le dit l’adage, le président préside, les entraîneurs entraînent, les joueurs jouent et les arbitres arbitrent.

S’en est suivit une fin de match houleuse; qui se prolongea sur les réseaux sociaux. C’est là que réapparaît Mark et sa clique. Dès le lendemain, fleurit sur Facebook et Instagram le cliché immaculé. Sous l’objectif d’Alain Biais, photographe de sport passionné, bien connu dans le landerneau, on voyait clairement la pénalité (le ballon) passer devant la barre transversale qui avait abandonné cette épithète pour une autre : fatidique. La photo était même labellisée "photo du match" sur leurs réseaux sociaux, avec un joli coup de pub pour un des partenaires du club. Les supporters de Mérignac qui avaient assisté à la victoire de leurs ouailles la veille, découvraient le pot aux roses. La victoire était illégitime.

Nul doute que cette photo alimenta allègrement le dossier de réclamation porté par le Stade Poitevin, auprès de la commission fédérale des litiges. Commission qui, en première instance retoqua cette réclamation. Ceux qu’on appelait avant les Picto-Charentais et qui sont désormais des Néo-Aquitains interjetèrent devant la commission des appels. Pour finalement avoir gain de cause. Gain somme toute relatif, puisque le match sera à rejouer. Quand on sait qu’il aurait dû être gagné par le Stade Poitevin sans cette pénalité imaginaire, 26-25. L’AS Mérignac, qui a fait amende honorable, lui, s’en sort à moindres frais, avec une nouvelle possibilité de remporter à la loyale, ce match le 9 avril prochain. Assurément, l’arbitre du jour aura fort à faire et que ses assistants seront scrutés minutieusement. À moins que la FFR ne décide exceptionnellement d’affecter 3 arbitres officiels pour cette rencontre. Une chose est sûre, Alain Biais et son objectif ne seront pas dans le box du TMO mais bel et bien au bord du terrain.

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