Pro D2 - Jules Even (Mont-de-Marsan), prophète en son pays

Par Pablo Ordas
  • Jules Even (Stade montois) lors du match face à Béziers
    Jules Even (Stade montois) lors du match face à Béziers Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Revenu l’an dernier dans son club formateur, le trois-quarts centre s’épanouit au Stade montois et, à 24 ans, réalise la meilleure saison depuis le début de sa carrière.

Le saviez-vous ? Plus jeune, Jules Even a joué à l’ouverture, à l’arrière, et même à l’aile. Un vrai couteau suisse. Néanmoins, depuis deux ans, c’est au centre qu’il est le plus souvent utilisé. “Je joue comme un deuxième ouvreur. Avec un physique loin d’être impressionnant, j’ai cette capacité à faire jouer les autres. En étant douze, j’ai un peu plus de recul et j’essaye d’aider le dix et le quinze dans la stratégie du jeu. Je suis très content d’avoir trouvé ce poste qui me correspond le plus. On y défend, on y attaque, c’est assez complet”, explique-t-il.

Cette saison, Even a joué 20 matchs en 25 journées (18 titularisations) et il s’est imposé comme un des premiers choix du staff. Il a su profiter de l’absence de Lucas Mensa, retenu avec la sélection argentine en début de saison, pour grappiller d’entrée du temps de jeu et ne plus lâcher le numéro douze. “J’ai eu un peu de chance entre les blessures et la convocation de Lucas, admet-il. J’ai su faire des bons matchs, répondre présent et aujourd’hui, je sens que j’ai la confiance du groupe et du staff. C’est plus facile pour enchaîner les matchs.”

En forme, actuellement, il a d’ailleurs inscrit quatre essais lors des cinq derniers matchs. “La dernière fois que ça m’est arrivé, ça devait être avec les poussins, au tournoi de Rion-des-Landes, se marre le Landais. C’est cool. C’est un aspect que j’avais envie de travailler. Je voulais être plus décisif pour l’équipe. Ça met en confiance et ça vient concrétiser des actions collectives.” L’entraîneur des trois-quarts jaune et noir, Rémi Talès, apprécie le garçon. “Jules, c’est un gros compétiteur, très actif, pose l’ancien ouvreur international. C’est un joueur intelligent. Il a encore besoin de progresser dans la gestion de certains moments. Aujourd’hui, il commande, c’est un leader de jeu et il a le rôle d’un cinq-huitième. Il fait une grosse saison et a vraiment progressé dans la régularité de ses performances.”

Jules Even plonge pour marquer un essai lors de Mont-de-Marsan - Béziers
Jules Even plonge pour marquer un essai lors de Mont-de-Marsan - Béziers Icon Sport - Icon Sport

"J’étais un peu écœuré du rugby pro”

Jules Even enchaîne, donc, les bonnes sorties avec le Stade montois, deux ans après son retour au club. En effet, s’il a débuté le rugby chez les jaune et noir, il a ensuite parcouru le Sud-Ouest et défendu les couleurs du Biarritz olympique chez les jeunes (2015 - 2018), puis de Soyaux Angoulême, où il a découvert le monde professionnel, avant une fin d’aventure douloureuse marquée par la descente du club en Nationale (2021).
“Je trouve ça un peu traumatisant, quand on est jeune, de participer à une descente, soupire-t-il. Soyaux a tout fait pour réussir, le président se donne les moyens de tout faire pour que ça marche, il y a du public. Il y a des mecs avec qui tu as envie de partager des bons moments et au final, tu partages des mauvais moments. Après cette saison, j’étais un peu dégoûté du rugby pro. Jouer avec la peur tous les week-ends, ce n’est pas le rugby que j’avais imaginé quand j’étais jeune.” Un coup de fil de Patrick Milhet qui, avec son staff, “voulait recréer un groupe avec une appartenance à un club, à une région” (Talès) lui a alors permis de rentrer à la maison. “De toute façon, poursuit Even, je ne me voyais jouer qu’au Stade montois pour retrouver du plaisir, avec des gens que j’apprécie, dans un club familial. Mont-de-Marsan a l’image du rugby que je m’étais faite quand je voulais être professionnel.”

Talès : “Il est très important, aujourd’hui, pour le groupe”

S’il n’est jamais facile d’être prophète en son pays, Jules Even réussit, pour l’instant, le pari d’un retour dans sa ville de toujours. “Pour moi, ce n’est pas dur, ça n’a que des avantages, estime-t-il. Jouer devant des gens de sa famille, ses amis, c’est assez sympa, mais ça rajoute une pression supplémentaire. On n’a pas du tout envie de décevoir ceux qu’on aime bien. Je trouve, d’ailleurs, que c’est un peu plus motivant que de jouer à l’autre bout de la France, quand tu ne connais personne dans les tribunes.” Bon sur le terrain, l’ancien angoumoisin s’est aussi fait une place dans le vestiaire landais. “C’est un des leaders, affirme Talès. Il est très important, aujourd’hui, pour tout le groupe, d’autant que c’est son club, il connaît pas mal de monde.”

Rémi Talès (Stade montois)
Rémi Talès (Stade montois) Icon Sport - Icon Sport

Retour à la vie d’avant

En rentrant à la maison six ans après l’avoir quittée, Jules Even a retrouvé les habitudes qu’il avait lorsqu’il était plus jeune. “J’ai mes amis du collège. Je vais souvent à Capbreton voir ma mère. Je vis comme quand j’avais 16 ans”, raconte-t-il. Il garde aussi en tête cette journée de septembre 2022, le jour où les Montois avaient battu le leader Oyonnax (26-15). “Ce matin-là, reprend-il, je buvais le café avec un pote qui n’est pas du tout du rugby. Puis j’ai mangé avec mes grands-parents à midi, et à 15 heures, en arrivant au stade, je me suis dit que c’était génial. Je venais de passer la journée avec des gens que j’aime. Ça t'enlève une forme de pression, celle que tu as lorsque tu ne penses qu’au rugby toute la journée.” Désormais, et à cinq journées de la fin de la phase régulière, il espère que les siens parviendront à accrocher le wagon des qualifiables. “Jouer des phases finales, ce n’est pas anodin, qui plus est pour un club comme le Stade montois, rappelle-t-il. Vous savez, mon rêve, quand j’étais jeune, c’était de jouer en Top 14 à Mont-de-Marsan et il y a pas mal de Montois qui vont quitter le club, donc on a envie de faire un truc ensemble.”

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