Pro D2 - À la croisée des Aucagne, c’est David qui sourit

En milieu de semaine dernière, dans les coursives du stade Sapiac, David Aucagne y pensait déjà : "J’espère qu’Antoine ne va pas jouer vendredi", nous avait glissé l’entraîneur de l’attaque de Montauban. Antoine ? Il s’agit d’Antoine Aucagne, le demi d’ouverture d’Aurillac et neveu de David. Minot de grand talent, celui qui a guidé les Aurillacois vers le sublime titre de champion de France espoirs l’an passé était le rival de son oncle ce vendredi. Une situation cocasse. "Nous avons parlé cette semaine, on s’est dit bonjour avant le match… Mais pas plus que cela, témoignait le cadet. Le jour du match, chacun se concentre sur ce qu’il a à faire."

L’entraîneur montalbanais acquiesçait : "Nous nous sommes parlé un petit peu pour se donner des nouvelles. Après, par rapport au jeu, il n’y avait rien. Nous sommes tellement impartiaux et nous respectons tellement ce qu’on fait qu’il n’y avait pas la place pour ça. Je lui ai demandé assez vite l’équipe pour savoir un peu… Mais il a été très bref on va dire (rires)." Finalement, le phénomène était bien titulaire, au grand dam de son oncle. "C’était un peu délicat pour moi, parce que j’avais un double sentiment : la volonté qu’il fasse un bon match et, bien sûr, il fallait que nous gagnions", reconnaissait après la rencontre l’ancien entraîneur de Béziers, qui a toujours suivi de très près l’évolution de son protégé. D’ailleurs cette saison, Antoine Aucagne est sur une véritable pente ascendante.

Ouvreur doué mais pas encore parfait

Doté d’une réelle vision de jeu, il est un ouvreur surdoué techniquement et tactiquement. Il n’y a qu’à remarquer l’aisance avec laquelle il analyse le jeu pour le savoir. À seulement 22 ans, Aucagne dégage aussi une grande confiance, ainsi qu’une lucidité remarquable. En plus de cet aspect mental, le bonhomme s’est étoffé physiquement. Demandez à Segundo Tuculet, qui a failli ne pas inscrire son essai ce vendredi, après le retour viril de l’ouvreur aurillacois ! "En ce moment, Antoine progresse, admirait David Aucagne. On sent qu’il a un peu de maturité, qu’il a de la confiance et il fait de bons matchs." Aussi bon soit-il, Antoine Aucagne n’est pas parfait.

À Sapiac, celui qui était aligné aux côtés de Marc Palmier dans un système en cinq-huitième s’est d’abord fait une énorme frayeur, en tentant une passe sautée risquée alors que le vent soufflait fort dans son dos. Bastien Guillemin interceptait cette gonfle mais était rattrapé in extremis par… Aucagne lui-même. Plus à l’aise par la suite, le grand blond manquait tout de même une pénalité très importante dans le money time de cette rencontre remportée finalement par les Sapiacains. "Pourtant, elle était assez facile par rapport à ce qu’il peut faire. Il en avait mis une de 48 mètres en coin juste avant ! Tant mieux pour nous", glissait David Aucagne. Le principal intéressé, lui, n’était pas d’humeur à faire de l’humour à ce sujet : "J’aurais préféré passer mes pénalités et qu’on s’impose." À Sapiac, les chemins des Aucagne se sont croisés, et c’est David qui repart avec le sourire.