International - Le portrait d’Akaki Tabutsadze, le Géorgien qui marque plus vite que son ombre

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Depuis la finale du Rugby Europe Championship, Akaki Tabutsadze est officiellement le co-recordman d’essais en sélection Géorgienne. À 25 ans, l’ailier est un joueur très doué, doublé d’un homme particulièrement gentil et accessible. Et si son visage ne vous dit rien, vous pourriez le connaître dans les prochaines années…

Il est inconnu en France mais les amateurs du rugby international n’ont eu que son nom en bouche après le succès de la Géorgie face au Portugal, lors de la première finale de l’histoire du Rugby Europe Championship. Akaki Tabutsadze n’est pas un joueur comme les autres et a fait de cette soirée un moment très spécial. Outre le fait que les Lelos ont remporté leur quinzième titre et leur centième victoire dans la compétition en s’imposant face aux Loups, l’ailier des Black Lions a aussi égalé le record mythique du nombre d’essais inscrits en sélection géorgienne. Avec un nouveau doublé marqué, Tabutsadze a tout simplement égalisé la légende Mamuka Gorgodze dans les livres en Géorgie. Les deux compatriotes comptent pour l’heure 27 essais chacun sous le maillot blanc et rouge.

Mais voilà, le plus impressionnant, c’est que Tabutsadze n’a que 25 ans et devrait donc écraser rapidement ce record si symbolique. "Lorsque j’ai commencé le rugby, je n’aurais jamais imaginé que je serai un jour le meilleur marqueur d’essais de l’équipe nationale, nous confie le phénomène, la tête froide après sa performance dantesque. Mais si l’équipe ne jouait pas bien, ça aurait été difficile pour un ailier comme moi de marquer des essais. Alors quand on voit que je suis à 27 essais inscrits en 28 matchs, ça signifie que nous progressons et allons de l’avant en tant qu’équipe." Modeste, à l’image de nombreux de ses coéquipiers en sélection géorgienne, Tabutsadze ne se livre que très peu sur ce record qui change pourtant grandement son statut au pays.

Niniashvili : "Il court plus vite que moi !"

"Il ne nous parle pas de cela", lance Beka Saghinadze, pourtant meilleur ami de l’ailier supersonique. S’il n’a pas évoqué le sujet avec ses coéquipiers et amis, Tabutsadze l’a déjà fait avec la légende elle-même : Mamuka Gorgodze. "Il me soutient comme tous les hommes mecs. Une fois, il m’a dit que les autres nations avaient toutes comme meilleur marqueur un trois-quarts ou un ailier et que ce serait bien que ce soit pareil en Géorgie." Élevé au rang de serial marqueur, celui qui avait planté un essai face aux Bleus au Matumt-Atlantique de Bordeaux en 2021 n’était pourtant pas forcément destiné à être un finisseur hors pair lors de ses premiers pas dans le rugby. "Il ne joue comme ça que depuis cinq ans, promet, hilare, Beka Saghinadze. Avant, il était plutôt un joueur défensif." Le troisième ligne lyonnais en connaît d’ailleurs un rayon sur la carrière de son pote, puisque c’est ensemble qu’ils ont touché pour la première fois au ballon ovale, à Tblissi, la capitale géorgienne. "Oui, j’ai commencé avec Beka…. Il était tellement maigre et grand ! C’était déjà un joueur agressif, se rappelle Tabutsadze. Nous avons joué ensemble dans les catégories jeunes, c’est comme un frère pour moi." En expliquant les prémices de sa carrière de rugbyman, l’ailier se souvient d’une anecdote prémonitoire : "Quand j’avais 16 ans, j’étais à l’école avec Saba Gorgodze, le neveu de Mamuka. C’était un joueur de rugby et une fois je suis allé avec lui à un entraînement. J’ai adoré." Qui aurait pu prédire à ce moment-là que le casqué viendrait se frotter au record de l’oncle Gorgodze ?

International - Akaki Tabutsadze a inscrit un essai face aux Bleus en 2021
International - Akaki Tabutsadze a inscrit un essai face aux Bleus en 2021 Icon Sport - Icon Sport

Mais au-delà de ses prédispositions physiques évidentes, Akaki Tabutsadze obtient aussi beaucoup de résultats grâce à un travail acharné depuis ses débuts. « C’est un gros bosseur », nous souffle Davit Niniashvili. Son comportement en-dehors du terrain marque d’ailleurs globalement ses coéquipiers, qui voient en lui une personne humble et sympathique. "C’est quelqu’un de très positif. C’est un sniper aussi, au niveau des blagues", indique Saghinadze, qui s’empresse de raconter une anecdote. "C’était lors du premier stage avec la sélection géorgienne. Nous étions à Madrid, en Espagne et j’étais avec Akaki au moment de manger. Il regardait les crevettes et est resté scotché. Il a regardé un peu partout en se demandant ce que c’était. On lui a dit  "mange ça, c’est bon pour toi", il nous a répondu qu’il ne voulait pas car il ne connaissait pas." Amusé, Tabutsadze se justifie : "C’était si inhabituel pour moi. Avant d’être appelé en sélection, je ne mangeais que des œufs et des pommes de terre. Je ne mangeais de la viande qu’une fois par mois."

Un futur en France ?

Les œufs et les pommes de têtes pourraient donc être la potion miracle pour obtenir des jambes de feu. "Il va plus vite que moi ! Quand je prends le ballon et que je vois Akaki, je lui donne directement le ballon, lance Niniashvili. Quand il touche le ballon, tout le monde sait qu’il y a peut-être essai." Presque gêné par tant d’éloges, le principal intéressait tempérait : "Si je cours plus vite que lui ? Si Sagina (Beka Saghinaze, NDLR) et Giorgi Tsutskiridze essaient de me plaquer, c’est possible (rires)". En comparant les deux fusées, nous pouvons aussi se rendre compte que la Géorgie, tant reconnue pour la puissance de ses avants et sa conquête, tient désormais une génération capable de déployer le jeu sur les extérieurs et adepte du jeu en vitesse. En France, nous connaissons bien sur la charnière composée par Vasil Lobzhanidze et Tedo Abzhandadze, ainsi que l’arrière Davit Niniashvili. Avec en plus Tabutsadze donc, il y a de quoi dire que cette ligne de trois-quarts géorgienne a de la gueule ! "Notre ligne arrière est si forte désormais, reconnaît l’ailier. Nous marquons de beaux essais contre de grosses équipes avec des attaques d’arrières. Nous avons par exemple Davit, qui est pour moi un des meilleurs joueurs du monde." De bons augures pour la suite des événements, c'est-à-dire la Coupe du monde 2023 en France. Un Mondial dans lequel les Lelos seront confrontés à l’Australie, aux Fidji, au Portugal et au pays de Galles au sein de la poule C.

Ambitieux pour l’avenir proche et cette échéance en 2023, Tabutsadze l’est aussi pour son futur de joueur. Dans la force de l’âge, il est difficile de concevoir qu’un joueur de son niveau n’attire pas quelques écuries du top niveau européen, notamment en France. "Je veux vivre cette expérience et avoir l’opportunité de me tester dans les meilleurs championnats contre les meilleures équipes et joueurs, reconnait le feu follet. Je ne veux pas terminer ma carrière sans cela. J’espère d’ailleurs que notre franchise des Black Lions pourra avoir une chance de jouer dans les grands championnats européens". Mais chaque chose en son temps, diront certains. Et pour ce qui est du record d’essais en sélection d’ailleurs ? Niniashvili se risque : "Je pense qu’il le fera cet été".

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