International - Joe Van Niekerk : "J’ai revu Mayol et je suis en paix avec ça"

Par Mathias Merlo
  • Joe Van Niekerk : "C'est tellement bon d'être de retour et de sentir Mayol"
    Joe Van Niekerk : "C'est tellement bon d'être de retour et de sentir Mayol" Patrice Aim / Icon Sport - Patrice Aim
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L’emblématique capitaine de Toulon de 2008 à 2014 s'est confié sur son plaisir d’intégrer le Hall Of Hame et sur ce lien spécial qu’il entretient avec les supporters, des années après un au revoir manqué. Dans un cri du cœur, le Sud-Africain a également demandé à Mayol de croire avec foi aux hommes de Pierre Mignoni et Franck Azéma.

Qu’est-ce que vous avez ressenti au moment de taper le poing sur votre poitrine, comme il y a dix ans en arrière, au moment où vous êtes entré sur la pelouse de Mayol, samedi dernier ?

(Ému) Un moment incroyable. C’est très difficile d’expliquer cette émotion. C'était ma marque de fabrique. C'est tellement bon d'être de retour et de sentir Mayol. Je me sens incroyablement bien depuis samedi. Ça faisait longtemps que j’attendais de revoir Mayol, il s’est passé tellement de temps après mon départ au Costa Rica. C’est unique de revenir ici, dans un endroit où j’ai tant de merveilleux souvenirs avec mes équipiers, qui sont devenus mes vieux amis (sourire). Je suis très reconnaissant d'être parmi eux. Je veux remercier Bernard Lemaître d’avoir créé ce Hall Of Fame. Il est important pour nous, en tant qu’anciens joueurs et amis, de nous réunir et d’honorer les choses vécues ensemble avec les Toulonnais.

Il y a 15 ans, le Joe Van Niekerk de l’époque avait-il imaginé devenir une légende du RCT au terme d’un beau voyage ?

Il aurait répondu impossible… Mais (il réfléchit). Le Joe de l’époque est tellement différent de celui que vous avez devant vous. À l’époque, je me sentais invincible. Mais, j’ai eu quelques événements dans ma carrière et ma vie qui m’ont fait redescendre sur terre. Vous savez ce que Toulon m’a appris ? L’humilité. À l’époque, j’aurais répondu avec le sourire : qui sait ? C’est un moment spécial de ma vie d'intégrer ce Hall of Fame. Vous savez, quand j’ai quitté Toulon, en 2014, je ne l’ai pas fait comme j’aurais voulu le faire.

Est-ce lié au fait que vous n’aviez pas dit au revoir au public ?

Vous savez, je n’ai pas joué les deux derniers matchs de la saison 2014. C’est resté là (il montre son cœur).

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Est-ce un regret ?

Ce n’est pas un regret, non, ce n’est pas ce sentiment. J’ai fait partie des éléments qui ont fait grandir cette équipe. Je le pense. Je suis devenu capitaine pendant toutes ces années, j'ai tout donné. La fin a été plus difficile, mais l’équipe avait tellement progressé. Tout ça a fait partie de mon éveil spirituel. J’ai vécu une expérience exceptionnelle. J’ai tout donné pour Toulon : mon corps, mon cœur, mon âme. J’ai tout laissé pour le RCT. Aujourd’hui, j’ai revu Mayol et je suis en paix avec ça. Les gens ont reconnu mon passage ici. Je suis heureux. Et en parlant de ça, je dois un petit mot à mes équipiers pour mon entrée au Hall Of Fame.  

Qu’est-ce que vous avez à leur dire ?

C’est un immense merci. (Ému) Rien n’aurait été possible sans eux. Cette intronisation n’est pas un cadeau personnel, c’est un cadeau collectif. J’ai été leur capitaine, et je partage ça avec eux. Un immense merci. Nous voulions gagner pour Toulon, et nous voulions gagner les uns pour les autres. Nous avons fait les deux.

Avez-vous été surpris de l’accueil réservé par le public ?

Je n’étais pas vraiment surpris. Par contre, j’ai entendu dire que c’était la première fois que le stade était à guichets fermés depuis 2019. Est-ce vrai ?

Oui, il n’y avait plus eu autant de monde à Mayol depuis 2019…

C'est un peu décevant, d'une certaine manière, qu'il ait fallu autant de temps pour avoir un stade plein. Dans mon souvenir, même quand nous n’étions pas très bien au début de mon aventure ici, nous jouions dans un stade plein. Je suis heureux de voir les gens revenir à Mayol, et surtout, j’espère que ça sera pareil pour leur prochain match à domicile. Les supporters savent créer des ambiances incroyables. Je leur demande de croire en cette équipe, même si je sais que ça fait longtemps que Toulon n’a plus gagné un trophée.

Est-ce que vous faites partie de ceux qui pensent que Toulon a tellement gagné que le public est devenu plus dur avec vos successeurs ?

Je ne regarde pas tous les matchs, mais cette équipe est jeune. Elle est surtout jeune en tant que groupe. Les gens ont peut-être cru que les titres arrivaient comme ça (il claque des doigts). Vous savez, on ne gagne pas des trophées si facilement. Quand vous reconstruisez une équipe à partir des fondations, cela prend du temps. Cela ne se fait pas en un an. Il faut du temps pour construire. Nous, cela a été un chemin. Mayol doit prendre soin de ses guerriers, et ils prendront soin du maillot. La passion est toujours là. Ce maillot veut dire quelque chose pour les nouveaux. Basta, Parisse, Ollivon sont les garants de ça. Ils sont en train de créer une nouvelle ère, pierre après pierre.

Avec émotion, vous venez de nous décrire votre joie d’avoir revu Mayol. Qu’est-ce qui explique ce lien entre ses supporters et ce public ? Ils vous aiment comme un Toulonnais, vous, le gamin de Port Elizabeth en Afrique du Sud.

Je peux vous raconter mon premier souvenir de Mayol, un truc que je n’ai jamais raconté.

On vous écoute…

En 2008, je regarde Toulon – Stade Français Paris au stade. Là, je vois Roncero et Banquet se mettre des coups de poing avec des Toulonnais. Mon compatriote Norman Jordaan a couché trois joueurs. Je vois et je ressens un Mayol en furie, en feu ! Le public aimait ça ! Je regarde le match avec ma copine, et je me suis dit : « Est-ce que j’ai vraiment signé pour jouer dans ce Top 14, dans ce stade ? » Les mecs se mettaient des vraies droites (il mime). Je me suis demandé pourquoi j’avais signé, et comment j’avais pu le faire. Et puis, quelques semaines plus tard, j’ai couru avec le maillot de Toulon à Mayol. Tout a pris du sens. J’en ai encore des frissons. Il y a un truc qu’on ne peut décrire entre cette ville et cette équipe. Ils sont tellement passionnés de rugby. Moi, et mes équipiers, surtout les étrangers, ils nous ont accepté comme des membres de la famille. Samedi l'a prouvé, ce lien ne disparaîtra pas.  

Bryan Habana, Danie Rossou, Juan Smith, Bakkies Botha, Joe Van Niekerk, Craig Burden, Michael Claassens après la victoire face au Saracens en finale de Champions Cup 2014.
Bryan Habana, Danie Rossou, Juan Smith, Bakkies Botha, Joe Van Niekerk, Craig Burden, Michael Claassens après la victoire face au Saracens en finale de Champions Cup 2014. Spi / Icon Sport - Spi / Icon Sport


Deux questions pièges pour finir, êtes-vous d’accord ?

Bien sûr, j’aime ça !

Préférez-vous une troisième ligne Ollivon – Parisse – Bastareaud, ou El Abd – Lobbe – Joe Van Niekerk ?

Vous ne pouvez pas me demander ça (il se marre). Une troisième ligne pour chaque match. J’utilise mon joker pour celle-là, et je réponds à votre autre question. C’est bon ?

Très bien. Qui mérite, selon vous, de vous rejoindre au Hall Of Fame l’année prochaine ? Vous n'avez le droit qu’à un seul nom.

Un seul gars… (Il hoche la tête en montrant Bakkies Botha, à côté de lui) Il a été juste incroyable pour ce club pendant quatre ans.

Pourquoi Botha ?

Il n’y a pas eu un meilleur joueur pour aller au combat que Bakkies. Il a juste été un énorme joueur sur le terrain, et dans le vestiaire. Il a amené du liant entre les mecs. Bakkies, il ressemble à la ville et au club : c’est un guerrier. Pour les autres années, Matt Giteau et Lobbe. Cet Argentin (il souffle)... Il a joué presque dix ans pour le club, il a été aussi entraîneur. Il a participé à toutes les grandes batailles du début jusqu’au sommet. Ces deux mecs le méritent, mais bientôt, au fil des ans, nous serons nombreux. 

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