Top 14 - La Rochelle : le retour fracassant de Boudehent

Allez savoir si ces supporters footeux descendus d’Angers, croisés devant le bistrot de Jean-Pierre Elissalde à la sortie de Deflandre, ne lui auraient pas porté bonheur, quelque part. Formé au SCO Rugby, le superstitieux Paul Boudehent a en tout cas marqué de son empreinte le bonifié succès rochelais. Jugez plutôt son abattage : seize courses (meilleur total de la rencontre), treize plaquages (idem), trois défenseurs battus, un essai. Ajoutez à cela un zeste de "chance". C’est lui-même qui le dit, au regard de l’alléchant mouvement de soixante-dix mètres le menant dans l’en-but asémiste (32e), entaché d’une passe plus que litigieuse de sa part, au départ. "S’il y avait eu un en-avant, c’était pareil, respire le flanker, soulagé. J’essaie de le prendre avec humilité. Dans ma petite carrière, il y a eu plein de situations comme celles-ci où, finalement, ça n’avait pas abouti. Là, ça a abouti, je suis content."

Faut-il y voir - y voit-il lui-même, joueur si déterminant mais si souvent freiné par les blessures - le signe que la route tourne ? Comme elle a fini par tourner pour son frère, Pierre, lui non plus pas verni à une époque. "Il faut que ça dure", se contente de répéter, prudent mais souriant, le cadet des Boudehent. Qui sait aussi que le plaquage sans ballon sur Fritz Lee (10e) aurait pu lui coûter plus qu’une simple pénalité.

Tout bonus avant la demie européenne

Prudent, le troisième ligne l’est d’autant plus quand il s’agit d’évoquer sa présence dans le groupe maritime chargé de défier Exeter, dimanche prochain, en demi-finale de Champions Cup. "Je ne pense rien du tout […] Le staff fera son choix." Forfait de dernière minute pour le quart face aux Saracens, la faute à une alerte aux ischios, Paul Boudehent vit une histoire (très) contrastée, pour ne pas dire cruelle, avec les phases finales de la compétition : absent des débats la saison dernière, lors de l’épopée du titre, blessé sur son premier ballon lors de la finale 2021.

La puissance dévastatrice qu’il parvient à dégager cette saison quand il est à 100 % devrait, pour le coup, faire tourner la roue. "Paul a marqué des points ce (samedi) soir, confirme l’entraîneur des avants Romain Carmignani. Il a montré qu’il était là. Il se connaît, maintenant. Plus jeune, il faisait un peu le yo-yo. Aujourd’hui, il arrive à trouver une constance. Il sait sur quoi on l’attend, il répond bien." La chance n’a rien à voir là-dedans.