Challenge Cup - À Toulon, les raisons de mettre fin à la malédiction

Dans nos colonnes, la semaine passée, Bernard Lemaître s’est enorgueilli d’avoir mis en avant le passé glorieux du RCT, et ses principales icônes lors du Hall Of Fame. L’intéressé, au cours d’une vie entrepreneuriale et personnelle riche, a appris l’expérience d’un dicton : on perd bien plus que l’on gagne.

À Toulon, la métaphore tient en dix-sept lettres : Challenge européen. De Saint-André à Azéma, aucun chef n’a mené sa troupe au trophée. Vainqueur l’an passé avec Lyon, Mignoni, qui a perdu une finale contre Cardiff (21-28, 2010), et une autre comme coach face à Biarritz (21-18, 2012) n’a pas envie de jouer au gourou avant le dernier carré. "On a envie de voir un stade plein. On a envie de gagner ce trophée. On ne se cache pas. Il faut garder de l’humilité et ne pas perdre pied."

Un parcours ouvert comme jamais

Même s’il faut "apprendre du passé", dixit "Pierrot", le club s’est facilité la tâche grâce à son parcours quasi-parfait en poule (19 points sur 20 possibles). Une performance permettant de recevoir en phase finale. "Des gens associent Benetton et formalité, plante Baubigny. On est vigilant. C’est une équipe habituée au haut niveau avec 70 % d’internationaux. À Mayol, ils ont tout à prouver dans un endroit où ils auront de la visibilité. On aura besoin d’un bel engouement."

Toulon n’est surtout pas né de la dernière pluie, alors qu’une grande partie des grands favoris (Clermont, Racing 92, Sale, et Cardiff) a pris la porte. L’an passé, au même stade, le RCT a éliminé les Saracens. Un autre calibre que Trévise, croisé et battu en huitièmes (36-17). Une nouvelle, la bande à Serin aura la pancarte dans le dos.

"On a envie de rendre la pareille à Franck"

Ces derniers mois, Toulon a retrouvé sa quiétude grâce à des résultats exceptionnels (10 succès sur 12 matchs). En interne toutefois, le départ surprise d’Azéma a créé des remous au sein de l’effectif avant le voyage perdu à Castres.

Avant cette semaine importante, Baubigny prône l’union sacrée. "J’avais une perception de Toulon où tout pouvait bouger rapidement. Ça a été un choc. On s’y attendait pas du tout. En début de saison, c’était Pierre qui devait partir. Finalement, c’est Franck. Les raisons s’entendent. Ça donne une raison de plus pour bien finir. Il a fait un énorme boulot pour le club en peu de temps. On a envie de rendre la pareille à Franck par quelque chose de sympa."

Des enjeux au-delà de la Challenge Cup

Si la Challenge Cup n’a pas le prestige de sa grande sœur, elle revêt d’une importance capitale pour les dirigeants. Lors de leur présidence commune en 2019, le duo Boudjellal – Lemaître avait lancé "l’abonnement fidélité cinq ans" avec une promesse : une cinquième année gratuite si le RCT ne gagnait pas de titre durant cette période. Selon nos informations, 1 800 personnes ont souscrit. La perte pourrait atteindre des centaines de milliers d’euros.

Au-delà de l’aspect financier, ce titre peut faire entrer le RCT dans la singularité. En cas de succès, Toulon deviendrait le premier club français à avoir remporté toutes les compétitions. Sur le Vieux-Continent, seulement quatre cadors ont réalisé la prouesse : Wasps, Bath, Northampton Saints et le Leinster.