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Pro D2 - Pourquoi Béziers coince (presque) toujours ?

Par Rémy RUGIERO
  • L’ASBH aux onze Brennus vit depuis 2018 des années sombres, entre la lutte au maintien et un contexte économique plutôt bancal qui va imposer à Béziers de se séparer de certains joueurs pour la saison prochaine comme Jean-Baptiste Barrère (photo du bas).
    L’ASBH aux onze Brennus vit depuis 2018 des années sombres, entre la lutte au maintien et un contexte économique plutôt bancal qui va imposer à Béziers de se séparer de certains joueurs pour la saison prochaine comme Jean-Baptiste Barrère (photo du bas). - Photos Stéphanie Biscaye
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Souvent à l’affût des places qualificatives ces dernières saisons, l’ASBH s’est régulièrement sabotée aussi dans le sprint final. Éléments de réponses d’un club et d’un système qui tarde à se réformer.

L’humiliation subie face à Massy dernièrement au Stade Raoul-Barrière n’était qu’un épiphénomène. Comme d’autres, tous aussi déroutants qu’insolites, cela traduisait une inconditionnelle manie à flanquer par terre une fin de saison à jeter aux orties. Dans l’exagération ? Certainement pas, même si les principaux concernés (joueurs et staff) ont reconnu leurs torts, des explications plus enfouies et sibyllines méritent qu’on s’y attarde également. Il règne au club, qu’on le veuille ou non, une atmosphère pas forcément légère. Par des résultats déjà en deçà des espérances certes, mais aussi par une vision des choses, une gérance complexe et originale à Béziers. Évoquons tout d’abord le dossier de reprise, puisque le club du bord de l’Orb est officiellement à la vente.

La mairie, propriétaire, n’a toujours pas trouvé preneur. Malgré la convoitise, du côté de la municipalité, on explique gentiment que les requérants n’ont toujours pas montré les garanties nécessaires. Ou que les plans proposés n’étaient pas dignes d’intérêt. Soit, mais entre le jeu politique qui s’instaure, l’histoire des ego inévitable et le manque de visibilité du deal, les rumeurs parfois farfelues giclent dans tous les sens. Un contexte qui ne laissent pas insensibles les joueurs, eux qui réclament plutôt l’union sacrée et qui reçoivent souvent la visite de Monsieur le Maire pour des discours musclés ou des réunions à l’infini. Un point d’achoppement qu’il convient de vulgariser tant le discours du côté sportif doit être légitimé et la parole reconnue comme autorité naturelle.

Masse salariale en déclin

Mais d’autres incidences entrent en jeu, à commencer par le contexte économique. Si Béziers s’est raté souvent dans le dernier virage, le manque de profondeur s’est fait parfois cruellement ressentir. Malgré un apport de jeunes du centre de formation indéniable et souhaité, avec une ribambelle d’espoirs qui ont tenu la baraque en invitant certains cadres à rejoindre le banc, le financier entre aussi en compte. L’ASBH présente un budget de 8 millions d’euros approximativement, et la saison prochaine n’échappera pas à l’atténuation d’une masse salariale amputée d’environ 200 000 euros. Un chiffre conséquent qui contraint le sportif à se séparer d’éléments substantiels comme Estériola ou Barrère. D’autres pourraient suivre pour rentrer dans les clous. Des départs qui contribuent aux questionnements. Sans occulter le staff piloté par Pierre Caillet. Obligé de jouer à l’apprenti sorcier pour bâtir une formation d’un niveau suffisant, le couperet n’est pas passé loin durant l’hiver dernier. Soutenu par les joueurs, le bilan comptable est jugé insuffisant et la moindre défaillance sera peut-être fatale pour celui qui aura érigé la jeunesse comme préalable. L’arrivée de Benjamin Bagate, pour favoriser une structuration plus aboutie et quelques réglages dans l’encadrement (jeu d’avants et jeu au pied), influencera éventuellement vers une meilleure synergie. Les réseaux s’activent déjà afin de combler ou renforcer les carences observées. Les signatures étant imminentes.

Quel rôle s’attribuer ?

Souvent, l’ambition naturelle de Béziers fut de disputer les accessits. Ces places lucratives et alléchantes comme quête. Mais depuis une quinzaine d’années, l’ASBH ne s’est hissée qu’une seule fois parmi les qualifiables (en 2018, barrage perdu face aux Montois). Une fenêtre enchantée qui n’a pas permis d’enjamber la régularité qu’exigeait ce type de performance. La faute à plus d’une décennie de décisions parfois heureuses mais aussi souvent déstabilisatrices. Sans occulter l’épisode Dominici qui durant la période du Covid, aura mis en exergue bien des maux et des lacunes dans l’Hérault. Des blessures toujours béantes et des supporters qui ont élevé le ton dernièrement. La fréquentation du stade frôlant les seuils les plus critiques des années fédérales, une tendance qui s’étiole faute de ferveur durable. L’heure certainement pour Béziers de réviser ses principes ancestraux en acceptant le fait que les temps sont durs et qu’il n’est pas honteux de lutter pour d’abord se maintenir dans l’antichambre de l’élite et s’accorder des fortunes plus jubilatoires par étapes. Car si l’histoire du club aux onze Brennus est immuable, la compétition n’est pas exempte d’un surenchérissement et quand bien même les Biterrois font figure d’incontournable en Pro D2, vivoter n’est pas un plan d’avenir. Du sang frais, des investisseurs et un secteur sportif enfin choyé comme il se doit, seront les conditions requises pour réintroduire ce mythe du rugby à sa place. Tout un peuple rouge et bleu n’attend que ça…

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