Pro D2 - Jérôme Bosviel (Montauban) : "C’est la libération d’une saison de merde, du début à la fin"

  • Jérôme Bosviel a inscrit 23 des 28 points de Montauban face à l'USC.
    Jérôme Bosviel a inscrit 23 des 28 points de Montauban face à l'USC. - Icon Sport
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En toute transparence, l'ouvreur de Montauban Jérôme Bosviel est revenu sur la saison compliquée des siens, qui s'est finalement conclue par un maintien tardif face à Carcassonne ce vendredi (28-23). Lors de ce match, il est notamment devenu le meilleur réalisateur de l'histoire de la Pro D2.

Vous vous sentez libéré d’un poids avec ce succès tardif et donc ce maintien enfin acquis ?

Libéré, oh que oui. C’est la libération d’une saison de merde, du début à la fin. L’an dernier, nous avons perdu un ami sur la fin de saison. Nous avons traîné ça tout l’été… Nous avons essayé de nous mettre dans la tête qu’il fallait jouer pour lui et nous avons fait un bon début de saison. Ensuite, il y a eu des matchs, comme celui de Biarritz que je prends pour ma gueule, où nous pouvions basculer sur le haut de tableau et nous avons perdu le match par ma faute. Ensuite nous avons gagné à Colomiers, fait match nul contre Vannes et depuis janvier, nous avons perdu trois ou quatre matchs après la sirène… Et en cette fin de saison, nous sommes sur quatre victoires lors des cinq derniers matchs donc ce que je retiendrai de cette saison c’est la libération d’avoir maintenu ce club cette saison en Pro D2. Mais il y a aussi des regrets parce que nous avons été capables de gagner à Agen, de battre Rouen avec le bonus, de gagner Aurillac. Nous aurions pu mieux faire.

Vous évoquez la disparition de Kelly Meafua, votre première pensée était pour lui après le match ?

Ma première pensée à la fin du match était pour ma famille et plus particulièrement mon papa qui a eu des soucis de santé depuis le mois de janvier. J’ai eu cinq mois assez compliqués avec ma famille. Je ne l’ai pas trop dit, je n’en ai pas parlé à énormément de monde, ça ne s’est pas trop su. C’était ma source de motivation. Après, j’ai aussi une pensée pour Kelly parce que dans une semaine, le 7 mai, ça fera un an qu’il a disparu. J’ai une pensée pour lui, sa femme et sa fille. Derrière notre maillot, nous avons « K8 » parce qu’il sera toujours avec nous. Si nous ne jouions pas pour nous, il fallait jouer pour lui.

Cette saison, il s’est beaucoup dit que des tensions avaient existé dans le vestiaire. C’est avec une fin de saison comme celle-là qu’un groupe se forge ?

Comme dans tous les sports ! Le rugby, c’est notre passion mais aussi notre métier. Nous ne partirons pas en vacances avec tout le monde. Même avec mes meilleurs amis parfois, je ne partirais pas en vacances pendant deux semaines. Sur les derniers mois, nous avons su faire passer nos petites personnes après le collectif et je pense que c’est ce qui nous a sauvés. Il fallait que certains se remettent en question, je me suis remis moi-même en question. Il fallait aussi que certains trouvent une motivation, moi ma source de motivation, c’est ma famille. Des problèmes de vestiaires, il y en a toujours eu, il y en aura toujours dans tous les clubs. Nous avons su faire abstraction, nous avons sauvé le club et nous allons boire des bières ce soir.

Vous devenez ce vendredi le meilleur réalisateur de l’histoire de la Pro D2, quel sentiment cela vous fait ?

Il y en a beaucoup qui me collent cette étiquette de joueur qui ne pense qu’à sa gueule. Mais si moi je ne pense qu’à ma gueule, il y en a un paquet qui devrait se regarder dans une glace parce que je fais passer le collectif avant moi. Bien sûr que je mentirais si je disais que je n’y ai pas pensé, mais pas pendant le match. L’objectif numéro un était de maintenir ce club, quitte à faire 0/10 au pied. Ce titre, j’en suis très fier car il y a quand même de grands noms qui sont autour de moi, et que j’ai la chance de mettre derrière moi ce soir. Le deuxième, c’est Maxime Petitjean qui est un vrai bon joueur, il y a aussi Antoine Lescalmel, Fabien Fortassin, Christopher Ruiz… Pour moi, c’est aussi un peu anecdotique car j’ai fait toute ma carrière en Pro D2 et il y a plein de joueurs qui auraient pu être devant moi s’ils n’étaient pas partis en Top 14. Je pense aux Maxime Lucu ou Melvyn Jaminet et j’en oublie.

Vous trouvez que vous êtes un joueur qui est critiqué trop facilement ?

Les critiques, c’est comme au foot. Quand nous sommes numéro 10, buteur, et qu’en attaque, ça ne va pas très bien : nous nous faisons taper dessus. Mais c’est tout à fait normal, nous sommes les « maîtres du jeu », un peu comme les attaquants au foot. Si cette pression-là, je la prenais mal, il faudrait que je change de poste ou que j’arrête le rugby. Les critiques, je les prends. Ça forge mon caractère. Nous parlions du titre de meilleur réalisateur mais sans mes coéquipiers, je ne suis rien. Les 1928 points inscrits à Montauban, ce n’est pas Jérôme Bosviel qui est allé se les chercher tout seul.

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