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Champions Cup - Dimitri Yachvili : "Le Leinster, c'est un véritable 4x4 !"

Par Arnaud Beurdeley
  • Dimitri Yachvili (Consultant France Télévisions) : "Le défi des Rochelais est immense, mais loin d'être impossible."
    Dimitri Yachvili (Consultant France Télévisions) : "Le défi des Rochelais est immense, mais loin d'être impossible." Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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L’ancien demi de mêlée international livre son regard avisé sur les demi-finales et se projette sur le match Leinster - La Rochelle, le remake de la dernière finale...

Avez-vous été impressionné par la performance rochelaise au cours de cette demi-finale contre les Anglais d’Exeter ?

Non, pas du tout (rires). Comment être impressionné alors que cette équipe nous habitue à ce genre de performance ? Même en l’absence de Jonathan Danty au milieu du terrain, les Rochelais ont trouvé d’autres solutions. Certains joueurs comme Seuteni, qui a réalisé un match énorme, ont permis à cette équipe de très largement dominer une équipe d’Exeter pourtant solide. J’ai senti chez les Rochelais une très grande confiance, une très grande maîtrise. Et quand tout ça est conjugué à une telle puissance dans le paquet d’avants et une telle vitesse dans la ligne de trois-quarts, l’alchimie est parfaite.

Comment qualifieriez-vous alors la performance rochelaise ?

Le Stade rochelais, c’est la force tranquille. Cette formation dégage un sentiment de puissance et de sérénité. Comme si elle se trouvait dans une forme de routine alors que ce qu’elle réalise est assez exceptionnel. Il suffit de regarder un peu dans le rétroviseur. En 2014, ce club jouait le match de montée en Top 14 à Bordeaux. Et aujourd’hui, ils vont disputer leur troisième finale de Champions Cup consécutive avec le statut de champion d’Europe en titre. Dans l’intervalle, ils ont aussi disputé une finale de Top 14. C’est considérable. Il faut ici souligner le travail de Ronan O’Gara et avant lui de Patrice Collazo et Xavier Garbajosa. Mais aussi celui du président Merling. À tout dire, ce club dégage quelque chose de sain.

D’emblée, vous avez souligné que l’absence de Jonathan Danty aurait pu peser. Pourquoi ?

C’est un joueur clé dans le dispositif rochelais, comme il l’est dans le jeu du XV de France. C’est un joueur qui permet de jouer dans l’avancée, qui concentre souvent plusieurs défenseurs, qui libère des espaces et qui sait aussi jouer après contact. Ça pèse énormément dans un collectif. Mais visiblement, les Rochelais ont d’autres clés dans leur trousseau car ils ont réussi à faire la différence d’une autre façon, en mettant beaucoup de rythme, en jouant beaucoup après contact. La fougue de Jules Favre, plutôt habitué à jouer à l’aile qu’au centre, a également été précieuse. Et puis que dire de ce public fabuleux ?

Le défi des Rochelais est immense, mais loins d'être impossible. En gagnant une deuxième finale consécutive de Champions Cup, le Stade rochelais a l'opportunité d'entrée dans le gotha du rugby européen. Cette équipe en est parfaitement capable

Seulement, en finale contre le Leinster à Dublin, le Stade rochelais ne pourra pas compter sur 40 000 supporters comme à Bordeaux. Est-ce mission impossible comme l’a laissé entendre Grégory Alldritt au micro de France télévisions ?

La guerre médiatique a vite débuté, c’est normal. Et puis, Gregory Alldritt n’a pas dit que c’était mission impossible, il a dit que c’était quasiment impossible de battre le Leinster à Dublin. Il a donc bien dit "quasiment" (rires). Souvenez-vous que tout le monde pensait la même chose l’an dernier avant la finale à Marseille. Personne ne voyait La Rochelle battre le Leinster. Et pourtant…

Qu’est-ce qui vous fait penser que La Rochelle peut réussir là où le Stade toulousain a échoué samedi ?

Les Rochelais ont cette capacité à imposer une densité physique sans doute supérieure aux Toulousains. En cela, la présence de Danty sera capitale. J’ai un peu discuté avec lui après le match, il devrait jouer cette finale. Je suis d’ailleurs convaincu que si les Toulousains avaient eu un homme fort au milieu de terrain samedi face aux Irlandais, ils auraient pu faire quelque chose.

La prise du milieu de terrain sera-t-elle la clé de la finale ?

Ce sera une des clés importantes. Prendre le milieu de terrain contre le Leinster, c’est un grand pas de réalisé vers la victoire.

Est-ce ce qui explique que les Rochelais réussissent mieux que le Stade toulousain contre le Leinster ?

En grande partie, oui. Et puis, n’oublions pas que le Stade rochelais a un manager qui connaît mieux que personne le rugby irlandais. Pour battre le Leinster, le facteur X, c’est Ronan O’Gara.

Habituellement, le Leinster s’appuie sur une forte possession pour s’imposer. Or, samedi contre Toulouse, la possession a été à l’avantage des Français (51-49). Quelle devra être la stratégie rochelaise ?

C’est important de le souligner car il est très rare que le Leinster laisse un plus grand temps de possession à son adversaire. C’est une équipe qui aime porter le ballon, qui enchaîne les temps de jeu. Un peu comme les Toulousains d’ailleurs. Mais bon… Cette équipe est capable d’évoluer sur différents registres. Le Leinster, c’est un véritable 4x4 ! Un coup, ils vont s’appuyer sur la puissance, une autre fois sur la vitesse. Et puis, ils ont des lancements de jeu avec différentes options, différentes sorties, ce qui les rend très dangereux. Souvent, ils adaptent leurs lancements à l’adversaire.

D’ailleurs, ils ont beaucoup utilisé le côté fermé contre le Stade toulousain…

Je l’ai souligné en direct à l’antenne. Ça m’a surpris, mais c’est une simple et intelligente adaptation à la situation. Après le carton jaune de Ramos et la sortie de Barassi, les Toulousains ont été contraints de se réorganiser comme ils pouvaient. Et malheureusement, le jeune Graou était un peu perdu par moments. Résultat : le demi de mêlée irlandais Gibson-Park a parfaitement utilisé ces failles.

À vous écouter, le défi des Rochelais s’annonce quand même immense, non ?

Il est immense, mais loin d’être impossible. En gagnant une deuxième finale consécutive de Champions Cup, le Stade rochelais a l’opportunité d’entrer dans le gotha du rugby européen. Cette équipe en est parfaitement capable. Et ce serait une juste récompense.

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