Pro D2 - La pépite : les bons calculs de Léon Boulier (Vannes)

Par Loïc Bessière
  • Léon Boulier gagne sa place de titulaire à Vannes
    Léon Boulier gagne sa place de titulaire à Vannes Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Le troisième ligne de Vannes, Léon Boulier, additionne les feuilles de match cette saison, avec un total de 24 rencontres. Son activité sur le terrain, où il se multiplie, a séduit son entraîneur Jean-Noël Spitzer. Le Normand est un des éléments les plus prometteurs du RCV. 

Le Pro D2 ne laisse aucun répit. À peine Nevers cueilli sur sa pelouse du Pré-Fleuri que Vannes doit déjà repartir pour un déplacement encore plus périlleux. Direction Oyonnax, une seule défaite de la saison à Mathon et des adversaires repartis en moyenne avec plus de 35 points dans la besace. Vannes ne fait pas exception. Les Bretons s'étaient inclinés dans l'Ain 56-7 avec une équipe loin d'être bis, en octobre dernier. Mais la revanche prise à La Rabine, en mars, et la victoire à Nevers sont des motifs d'espoir pour Léon Boulier. "On ne s’attendait pas trop à gagner contre Nevers, même si nous sommes aussi sur une très bonne série, lâche le troisième ligne. On avait envie, mais avec les derniers matchs de Nevers, on trouvait ça compliqué. Alors, maintenant, on se dit que tout est possible et que l’on peut gagner à Oyonnax." C'est sûrement l'avis de Jean-Noël Spitzer. Une séance de récupération avait été prévue le lendemain de la qualification acquise dans la Nièvre. "Mais on était en repos le week-end", souligne le Vannetais. Du repos, Léon Boulier n'en a pas eu souvent cette saison. Avec 24 matchs, dont 16 comme titulaire, il est devenu un élément important de l'effectif du RCV. 

Au nom du père

En naissant à Cherbourg, Léon Boulier n'était pas prédestiné pour finir avec le maillot de Vannes floqué du numéro 8. Ou alors, au football. Mais son paternel, Thierry, est un aficionado de l'ovalie. "Mon père pratiquait le rugby, mon frère en fait aussi. On avait installé des poteaux de rugby dans le jardin et on y jouait tout le temps avec mon frère et des voisins ! Il y avait un club de rugby dans mon village, trois en moins de trente minutes, ce qui est pas mal pour la Normandie. Ça faisait de beaux derbys", narre-t-il. Le troisième ligne a vite montré certaines aptitudes crampons au pied. Après un premier rendez-vous manqué avec Massy - "Cela ne m’avait pas forcément plus, il y avait trop de monde. Mais c’était peut-être trop tôt, je n’avais que 14 ans" - direction Vannes, en Crabos.  

Léon Boulier a joué 24 matchs cette saison
Léon Boulier a joué 24 matchs cette saison Icon Sport - Icon Sport

Et pourquoi pas Rouen, club étendard de la région ? "Le club ne s’intéressait pas forcément aux jeunes originaires de l’autre bout de la région, comme moi. Vannes m’avait contacté, les tests s’étaient bien passés et leurs équipes de jeunes jouaient à un niveau supérieur que celles de Rouen. Et puis, Vannes, c’est plus proche de chez moi", justifie-t-il. En revanche, son petit frère, Marin, défend les couleurs du RNR. Voir les deux frangins porter le même maillot est envisageable, selon le principal intéressé. Mais pour l'instant, il est plus probable de les voir s'affronter. Léon Boulier a une théorie : "S’il fait la prépa avec les pros cette année, et si on fait un match amical contre eux, comme chaque été, cela serait excellent de s’affronter." Aura-t-il l'appréhension de faire mal à son frère, lors d'un duel déjà joué des centaines de fois dans le jardin familial ? "Non, c’est ma mère qui va s’inquiéter pour nous", lance-t-il, un brin moqueur. 

Voir Léon et Marin s'affronter, cela aurait fait plaisir à leur père, Thierry. Le fondateur de leur club formateur du Rugby Ouest Cotentin s'est éteint quand le troisième ligne avait 13 ans. "Cela m’arrive d’avoir une petite pensée pour lui avant les matchs, confie-t-il. Je me dis qu’il serait fier de moi, ce que l’on m’a déjà dit. Je ne joue pas pour lui, mais je pense à lui. Avec mon frère, il nous faisait tout le temps jouer au ballon." 

"Je ne veux pas aller plus haut pour ne pas jouer."

Les phases finales avec Vannes, Léon Boulier connaît. Pas la demie de Pro D2 en 2021. Mais la finale de Reichel accession, disputée une semaine après la désillusion de l'équipe première. Un titre remporté avec les Matthys Gratien ou Grégoire Bazin, eux aussi désormais dans l'effectif professionnel. L'émergence d'une des premières générations made in Breizh. "Rugbystiquement, je me sens breton ! C’est ma sixième année ici, je commence à connaître tous les coins ici. J’ai beaucoup de liens avec l’école de rugby, notamment avec mes anciens entraîneurs en Crabos. Mais dès que je rentre chez moi, et que Rugby Ouest Cotentin joue un match, j’essaye d’y aller. L’école de rugby est venue faire un tournoi à Vannes, donc j’y étais", avoue celui qui joue désormais aussi troisième ligne aile. 

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Merci à nos supporters présents à Nevers et à tous ceux qui ont vibré pour nous aux 4 coins de la Bretagne \ud83d\udc99#FièvreBretonne pic.twitter.com/hv7FtdXskc

— RUGBY CLUB VANNES (@RugbyClubVannes) May 14, 2023

La saison prochaine, Léon Boulier pourra toujours retourner à Flamanville. Il sera encore un joueur du RCV : "La Pro D2, pour le moment, c’est un très bon niveau. J’ai le niveau de ce championnat mais je ne veux pas m’enflammer et aller plus haut pour, au final, ne pas jouer." Il garde dans un coin de la tête son souhait d'évoluer en Top 14. Et pourquoi pas avec le club breton ? "C'est mon objectif premier. Mais si c’est sans le RCV, ce n’est pas grave. J’ai déjà eu quelques contacts avec des clubs de Top 14 mais je m’étais déjà engagé avec Vannes sur deux ans." Le Normand le confesse cependant : il ne regarde pas souvent le Top 14. Pour lui, le rugby, c'est sur un terrain. Pas depuis le canapé. "J’adore jouer au rugby, je pourrais en faire tout le temps. Mais regarder des matchs… Oui, de temps en temps, quand il y a de belles affiches. L’équipe de France, je ne manque pas un match. Mais je ne suis pas le plus grand connaisseur des joueurs de Top 14. Je n’ai pas une grande culture rugbystique", livre-t-il. D'ailleurs, même dans l'antichambre de l'élite, il lui arrive de ne pas connaître ses adversaires : "Je ne sais pas qui a balancé ça, mais ça m’arrive ! Contre Perpignan, pour mon premier match en pro, des amis m’ont dit : « Tu as joué contre lui, la chance ! » Euh, oui, mais je ne le connaissais pas avant !" 

Avec la préparation de la demie concoctée par Jean-Noël Spitzer, Léon Boulier connaîtra ses adversaires. Mais pour l'instant, à quelques jours du match à Oyonnax, le Vannetais est préoccupé par la météo : "On n’a pas eu ce petit goût de phase finale en jouant un jeudi soir à 21 heures. Il ne faisait pas beau, il faisait froid. Là, de jouer à 15 heures, cela sera différent et cela va me rappeler des bons souvenirs !"

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