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Les 10 ans du premier titre européen de Toulon - Les capitaines : le bon, la brute et l'élégant

Par Clément Labonne
  • Jonny Wilkinson sous le maillot toulonnais.
    Jonny Wilkinson sous le maillot toulonnais. Sportsfile / Icon Sport - Sportsfile / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Fort d’une bande de « mercenaires » (ce qui leur était reproché) venue des quatre coins du globe, le RCT a surtout été mené par des capitaines iconiques aux styles bien différents. Le Sud-Africain Joe Van Niekerk (2008-2012), l’Anglais Jonny Wilkinson (2012-2014) et le Néo-Zélandais Carl Hayman (2014-2015) ont chacun guidé leurs guerriers vers les sommets.

À chaque meute son chef. De la montée en Top14 jusqu’au sommet de l’Europe, le Rugby club toulonnais est vite passé de candidat au maintien à géant continental. Le RCT a été mené par des capitaines iconiques.

Les bonnes énergies de Joe

Arrivé en quête de renouveau sur la rade, Joe Van Niekerk est reparti comme une légende. Honoré à sa juste valeur au Hall of Fame du RCT, le Sud-Africain a rayonné par son sourire après une carrière faite de rage et de hargne. L’ancien Lion de Johannesburg a posé ses valises à Toulon à l’été 2008, vite rejoint par Sonny Bill Williams, Jerry Collins ou Jocelino Suta. Le troisième ligne sud-africain a très vite pris de l’ampleur dans le groupe toulonnais et devait permettre à ses hommes de vite se maintenir dans l’Élite. Promu aux côtés de Mont-de-Marsan, le RCT s’est vite éloigné de la zone rouge et a finalement terminé la saison 2008-2009 à la neuvième place. Au milieu de cette première pierre fondatrice dans l’histoire moderne du club au muguet, Joe Van Niekerk a unanimement été cité en exemple, y compris par ses futurs coéquipiers.

À l’occasion du Hall of Fame, Matt Giteau n’a pas tari d’éloges sur son ancien camarade. « C’est l’une des vraies légendes du club. Quand je suis arrivé à Toulon, on m’a dit que Joe était l’une des raisons pour lesquelles nous étions encore en Top 14. Parce que ce gars avait réussi à les maintenir. C’est une légende mais c’est un bon mec aussi (rires) » s’amusait l’ancien Wallaby lors de son retour dans le Var. Capitaine du Toulon émergent, Van Niekerk a surtout été le phare du nouveau «grand RCT». Autour des Bakkies Botha, Jonny Wilkinson et autres Carl Hayman, le Sud-Africain n’a jamais baissé la voix. Dans le vestiaire, tout a été plus facile au fil des années. « Ils étaient les meilleurs du monde à leur poste et en plus, ils étaient de vrais leaders, à qui vous pouviez confier de prendre la parole dans le vestiaire. Moi, j’ai toujours voulu donner une direction. J’étais un des plus anciens. J’avais connu des années difficiles à mon arrivée à Toulon. Au début, comme à la fin, mon rôle a toujours été d’apporter de l’énergie positive. Il y a plusieurs types de capitaine. J’étais un mec qui voyait toujours le positif. J’étais toujours optimiste. Quand ça perdait, je demandais à mes équipiers de garder la foi et de redoubler d’efforts à l’entraînement. On a gagné, je leur disais que l’on pouvait continuer à régner en haut de l’Europe et de la France. Je leur disais que tout était possible car nous avions un lien spécial entre nous. Mais c’était plus facile à la fin, nous avions les meilleurs joueurs du monde. Ça aide à gagner des matchs, non (rires) ? »

Le flegme de Jonny

Avec le recrutement toujours plus scintillant mené par Mourad Boudjellal et Bernard Laporte, Joe Van Niekerk a peu à peu perdu sa place de titulaire. Il faut dire que la troisième ligne s’est largement épaissie avec les arrivées de Danie Rossouw, Steffon Armitage, Juan Martin Fernandez Lobbe ou Chris Masoe, pour ne citer qu’eux. Le capitanat est ainsi passé des rugueuses épaules du Springbok à celles de Jonny Wilkinson, à l’été 2012. Changement de poste, de style et de tempérament. La furia de Joe laisse place au flegme de Jonny. Toujours au rendez-vous pour enivrer ses coéquipiers à l’échauffement ou dans les vestiaires, Van Niekerk a passé le témoin à son collègue anglais avec une certaine réussite. Arrivé comme un pari en 2009, « Wilko » s’est vite adapté au Var et a retrouvé son jeu flamboyant du début des années 2000, après deux saisons quasiment blanches à Newcastle. Buteur incontestable de l’escouade toulonnaise, « Sir Jonny » n’a pas eu de mal à prendre les rênes de la bande des Galactiques. La patte de l’Anglais s’est surtout ressentie dans les moments critiques du RCT. Au printemps 2013, alors que Toulon était mené 15-6 par Clermont en finale de coupe d’Europe, Mathieu Bastareaud s’est rappelé de l’importance capitale de « Wilko ». « J’étais jeune et je me disais qu’après ce deuxième essai de l’ASM, c’était fini. Et puis j’ai croisé le regard de Jonny, on s’est réuni sous les poteaux et il a pris la parole dans le calme. Personne n’était nerveux et son discours a donné une force incroyable au reste de l’équipe. Il avait un plan et il connaissait trop ces moments-là pour paniquer. On est reparti et on a finalement gagné cette H Cup. »

Carl par l’exemple

Parti sur un historique doublé Top 14 - Coupe d’Europe (2014), le capitaine Wilkinson a marqué d’une façon unique l’histoire de Toulon. Après le maestro anglais, Bernard Laporte a choisi de revenir dans le pack pour son troisième capitaine. Avec Carl Hayman, le manager aux inimitables lunettes a choisi la continuité dans le style et l’exemple. Si « Wilko » était considéré comme le meilleur ouvreur du monde à cette époque, Hayman incarnait lui le sommet au poste de pilier droit. Aussi calme que son prédécesseur britannique, le Néo-Zélandais a mené ses soldats sur une petite saison, mais avec à la clé, un triplé européen aussi improbable que retentissant. Son passage dans le Var (2010-2015) a été marqué par une incroyable constance, avec 156 matchs au compteur, et une aura naturelle pour emmener son pack dans les âpres mêlées des phases finales.

« Je n’étais pas le plus bavard mais j’essayais toujours d’être un exemple sur le terrain. J’ai toujours donné d’un point de vue physique. C’est probablement pour cette raison que Bernard m’a choisi en tant que capitaine. L’équipe n’avait d’ailleurs pas besoin de joueurs très bavards pour se motiver. Mon rôle de capitaine était assez simple, nous avions beaucoup de joueurs de classe mondiale, très expérimentés, et chacun apportait sa pierre à l’édifice. Notre charnière (Sébastien Tillous-Borde et Jonny Wilkinson) dictait très bien le jeu et c’était un véritable honneur d’être capitaine de cette équipe. Surtout que j’étais un joueur étranger, je venais de très loin. En plus, cette année-là nous avons gagné là Champions Cup contre Clermont… encore (rires). J’ai eu l’honneur de soulever le trophée en premier, je n’avais jamais fait ça dans ma carrière donc c’était un vrai moment de fierté et une jolie façon de terminer ma carrière » confie le principal intéressé. Entre Joe, Wilko et Carl, Bernard Laporte ne s’est guère trompé pour faire marcher ses guerriers sur la Lune.

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