Opinion - La tendance du Midol : "Tant qu’il y aura des hommes…"

  • Le président du Toulouse Football Club Damien Comolli utilise largement la data dans son recrutement
    Le président du Toulouse Football Club Damien Comolli utilise largement la data dans son recrutement Icon Sport - Icon Sport
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Il paraît qu’il s’agit de l’avenir, et qu’aucun sport ne pourra y couper d’ici quelques années. De quoi ? Du recrutement par la data, entendez par là de l’utilisation exclusive de statistiques toujours plus poussées.

En avance d’au moins trente ans sur le rugby en matière de professionnalisation, le football s’est évidemment lancé dans la pratique le premier, et le meilleur exemple n’est pas à chercher très loin de cette bonne vieille rédaction du Midol. C’est en effet le Toulouse Football Club qui, depuis le rachat du club à l’été 2020 par le fonds américain RedBird et l’arrivée de Damien Comolli à sa présidence, ont révolutionné l’approche du recrutement de joueurs en France. Et pas question de transiger. « Je refuse de faire des compromis, expliquait Comolli dans un entretien au magazine So Foot. Si on part du principe qu’un joueur doit être noté 8 ou 9/10 sur tel ou tel critère, hors de question d’en prendre un qui ne serait qu’à 7,9. » Les résultats de la méthode ? Ils ne se sont pas faits attendre puisque dès sa première saison sous l’ère RedBird, le TFC est remonté de Ligue 2 en Ligue 1, avant de décrocher voilà trois semaines la Coupe de France face à Nantes (5-1). Le triomphe d’une méthode, susceptible de transformer un conglomérat de glorieux inconnus en gagnants.

Le hic ? C’est que l’horizon s’est brutalement obscurci du côté du TFC ces derniers jours, pour des raisons essentiellement extra-sportives. Du scandale créé par le refus par trois joueurs de porter le flocage arc-en-ciel symbole de la lutte contre l’homophobie, aux propos sexistes tenus par un de ces mêmes joueurs à l’encontre d’une élue toulousaine, en passant par le conflit interne créé par la dette de 100 000 euros d’un joueur envers plusieurs de ses partenaires en raison de son addiction aux jeux en ligne, rien n’a vraiment été épargné au club toulousain, à tel point qu’on voit désormais bien mal comment le vestiaire pourrait ne pas en pâtir la saison prochaine. Comme un sacré retour de bâton, et la preuve que tant qu’un sport collectif sera joué par des hommes plutôt que par des androïdes désincarnés, les datas seules ne suffiront jamais à créer un effectif performant et pérenne sur le long terme. Une bonne leçon que le rugby, sport artisanal où le recrutement relève autant du flair que du maquignonnage lorsqu’il s’agit de cerner l’homme derrière le joueur, ferait bien de méditer plusieurs fois avant de se lancer à son tour dans une utilisation sans discernement de ces damnées datas qui commencent à fleurir un peu partout, sur les bureaux de nos directeurs sportifs…

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