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Ithurburu à TF1 : le transfert de la Marianne du Top 14

Par Jérôme PRÉVÔT
  • Isabelle Ithurburu, figure incontournable de Canal +, va quitter la chaîne cryptée pour TF1 à l'issue de la saison. Isabelle Ithurburu, figure incontournable de Canal +, va quitter la chaîne cryptée pour TF1 à l'issue de la saison.
    Isabelle Ithurburu, figure incontournable de Canal +, va quitter la chaîne cryptée pour TF1 à l'issue de la saison. Icon Sport - Romain Biard
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Isabelle Ithurburu, la figure de proue du rugby sur Canal + a annoncé son départ pour TF1 et la présentation de l’émission "50 minutes inside". Après quatorze ans de présentation sur une chaîne de spécialistes, elle rejoint le bateau amiral de la télé française. Une page se tourne.

Elle restera sans doute comme la Marianne du rugby professionnel . Dans ces années 2010, sur Canal +, Isabelle Ithurburu fut la "Sissi Impératrice" d’un championnat de France de plus en plus opulent et de plus en plus triomphant. Il était devenu au fil des ans le produit phare de son employeur dont elle devint par conséquent une figure de proue à la frimousse d’ange. Il était dans la logique des choses qu’elle finisse par animer le "mercato" estival des animateurs qui changent d’écurie, tels Jean-Michel Apathie ou Jean-Baptiste Boursier dans un registre plus généraliste.

Bataille de l’access Prime Time

Isabelle Ithurburu vient de franchir une sorte de Rubicon télévisuel, elle quitte une chaîne payante, censée s’adresser à des spécialistes pour rejoindre une chaîne commerciale et gratuite qui parle, les yeux dans les yeux, au grand public. Mine de rien, ce n’est plus le même univers. Elle suit en ça le même chemin que d’autres monstres sacrés du "PAF", Michel Drucker ou Michel Denisot qui ont su en leur temps s’évader du journalisme sportif pour se frotter à celui du show-business et du people. Plus près de nous, Estelle Denis connut aussi ce même chemin de traverse.

Isabelle Ithurburu vient d’être recrutée par TF1 pour animer "50 minutes Inside" et son fameux générique signé Led Zeppelin, le samedi en fin d’après midi à la place de Nikos Aliagas, : pas une mince responsabilité. L’émission sera soumise à la grosse bataille de "l’access prime time". Les audiences s’étaient essoufflées ces dernières années face à la concurrence de Nagui sur France 2 et son "N’oubliez pas les paroles". Nikos se battait sur la crête des 2 millions de téléspectateurs. On imagine que les caciques de TF1 cherchaient à donner un second souffle à un magazine qui a désormais seize ans d’âge. Le nom de Karine Ferri avait circulé, celui aussi de Faustine Bollaert, qui a finalement choisi de rester sur France 2, tout comme Julia Vignali de "Télématin". Mais la candidature d’Isabelle Ithurburu est finalement sortie du chapeau. Le fait qu’elle puisse en plus présenter le magazine de la prochaine Coupe du monde de rugby a forcément pesé de tout son poids. Le directeur général adjoint du groupe TF1 chargé des contenus, Ara Aprikian, a assuré dans un communiqué être "convaincu qu’elle saura apporter sa patte et ses qualités d’intervieweuse à notre magazine emblématique 50 Minutes inside et deviendra rapidement un visage familier et très apprécié des téléspectateurs de TF1".

Je suis encore sujette aux critiques aujourd'hui mais je ne les regarde plus. Au début, j'ai eu le malheur d'aller voir ce qui se disait... Il ne faut surtout pas faire ça (2014).

Mais on a compris à travers ce communiqué que la Paloise resterait en partie typée rugby, même dans son nouvel univers : "Nous retransmettrons les test-matchs du XV de France dès le mois d’août, avant de diffuser les plus belles affiches de la Coupe du monde. En 2024 et 2025, nous retransmettrons la tournée d’automne du XV de France. Aussi, nous souhaitons constituer une équipe qui s’inscrive dans la durée […]". L’intéressée de son côté, s’est exprimée sur Twitter : "Merci pour l’accueil, pour l’opportunité de couvrir une coupe du monde qui s’annonce déjà historique. Un grand merci Nikos Aliagas et Denis Brogniart pour la bienveillance… À très vite !"

"I.I." a grandi à Pau où ses parents tenaient une épicerie, place du foirail. En 2001, elle est élue Miss Pau, puis vit à Toulon et monte à Paris en 2008.Elle a débuté à la télévision en 2009 devant les caméras d’Infosport, chaîne d’informations sportives en continu du groupe Canal +. Elle se trouvait alors une allure de "garçon manqué".

Mais certains se souviennent peut-être d’un passage en 2007 dans la cinquième saison de "Nouvelle Star", le télécrochet de M6, la même année que Julien Doré. Une expérience assez traumatisante, elle fut submergée par le stress au moment d’interpréter la chanson Butterfly de Superbus avec en plus, la contrainte de devoir danser. Une expérience sans lendemain donc. Elle retrouva le petit écran via le journalisme. Infosport, puis Canal + premium lors du Mondial 2011 aux côtés de Éric Bayle. Le destin de celle qui était alors la compagne de Gonzalo Quesada venait de basculer. En 2012, elle se voit confier la présentation de "Jour de Rugby", le magazine qui accompagne chaque journée de championnat. Sa nomination par Cyril Linette, alors directeur du service des Sports, avait été portée par une vague de fond, celle de la féminisation des émissions de sport à la télé entamée sans complexe en Italie. Isabelle Ithurburu s’est glissée comme une fée dans ce courant ascensionnel jusqu’à son bâton de maréchal, la présentation du Canal Rugby Club à partir de 2015.

Son nom scandé par le public d’Ernest-Wallon en 2014

Il y a quelques années, Éric Bayle avait indiqué dans nos colonnes que son intronisation dans ce milieu d’hommes s’était en réalité déroulée en trois phases : Infosport, à moindre risque ; puis on l’oublie souvent, en bord terrain, sur Rugby +, plus exposée mais encore loin de la "première ligne". Et enfin sur le plateau de Jour de Rugby. "Avant toute chose, il fallait qu’Isabelle devienne légitime aux yeux des joueurs et du grand public. Si elle a été adoptée, c’est parce qu’elle connaît parfaitement le rugby, qu’elle a grandi dedans, ne se prétend pas technicienne et bosse ses sujets avec acharnement."

Parler de cette trajectoire singulière, c’est aussi explorer la dialectique de l’apparence et de la compétence, débat qui colle aux basques des jolies filles bombardées devant les caméras. Elle en parla sans fard dans nos colonnes à Émilie Dudon en 2014 : "Pour commencer, être une fille fut un avantage, à la télé particulièrement. Quand je suis arrivée en 2009, il y avait seulement Nathalie lannetta et deux ou trois filles qui faisaient des mini-plateaux. Donc effectivement, c’était clairement un avantage parce que Canal + cherchait une fille spécifiquement. Est-ce que j’en serais là si je n’avais pas été une jolie fille ? (reformulation de la question, N.D.L.R.) Non. Mais c’est pareil pour les garçons. La télé, c’est de l’image et, au-delà d’être jolie, il faut être présentable. Je ne parle pas des consultants, qui sont là parce qu’ils ont réalisé quelque chose dans leur domaine, mais des journalistes. Et je vous mets au défi de me citer un homme moche. Je parle d’esthétique, pas de beauté. Il y a un physique de télé, il faut l’avouer, et c’est vrai que ça aide au départ. Mais pour durer, cela ne suffit pas. Cela rend même les choses plus dures. Il faut être costaud."

Son statut d’ex-Miss Béarn eut un coût évidemment. Avec un pas de recul, le fardeau encombrant de la beauté est assez facile à saisir. "Je suis encore sujette aux critiques aujourd’hui mais je ne les regarde plus. Au début, j’ai eu le malheur d’aller voir ce qui se disait… Il ne faut surtout pas faire ça. C’était gratuit, les gens n’écoutaient même pas ce que j’avais à dire. Je remarquais aussi qu’au moindre lapsus, tout était immédiatement remis en question. Les gens sautaient dessus, disaient : "Voilà la preuve que cette fille est une imposture." Si mon collègue masculin commettait la même erreur, on explosait tous de rire et on passait à autre chose. Après, je pense malheureusement que ça se passe de la même manière dans tous les secteurs réservés aux hommes."

En mai 2014, elle vécut un sacre en direct et par acclamations quand, présente au bord du terrain, elle entendit la foule du stade Ernest-Wallon scander spontanément son nom. Moment de gêne et de grâce propre aux journalistes de télé qui finissent par devenir aussi connus que ceux dont ils célèbrent les exploits, ils sont moins sujets aux blessures et leur carrière dure, en principe, plus longtemps.

Déjà deux tentatives

La journaliste avait déjà fait plusieurs tentatives en dehors du monde de rugby sur Canal +, où elle avait notamment présenté Le Tube, une émission médias, le samedi midi entre 2016 et 2019. Elle avait aussi présentée "Bonsoir !" en 2018-2019 un "magazine de l’époque", qui s’était arrêté à cause du décalage du Canal Rugby Club de 17 h à 17 h 30.

TF1 avait déjà approché l’animatrice dans le passé mais elle avait préféré décliner. Sur le site Pure Media, elle avait déclaré en octobre 2018 : "Depuis que je suis à Canal +, on n’a jamais eu la pression des audiences. Je vous le jure et c’est un bonheur ! Je n’ai jamais eu un appel le lendemain pour me dire qu’il fallait changer des choses dans une émission qui venait de faire une audience décevante. Jamais ! Je sais que c’est différent dans les autres chaînes. C’est d’ailleurs pour cela que je suis restée à Canal + même quand d’autres chaînes m’ont contactée." Elle vivra donc cette expérience à partir de l’été 2023.

Dans un tweet, la chaîne cryptée a tenu à saluer sa collaboratrice sur le départ. "Chère Isabelle Ithurburu, un grand merci pour ces 14 années de collaboration ! De tes débuts à Infosport + au grand show du Canal Rugby Club et jusqu’à la prochaine finale du Top 14 le 17 juin, tu resteras un des visages du Groupe Canal +. Bonne route !"

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