Pro D2 - A Oyonnax, un pack qui pèse lourd

Il est une évidence qui s’est imposée tout au long de la saison et qu’aucun des quinze adversaires rencontrés par les Oyomen durant la phase régulière ne saurait contester, le pack pèse très lourd dans le jeu oyonnaxien. "Nous avons travaillé toute l’année pour avoir une conquête propre et pouvoir nous appuyer dessus", reconnaissait le pilier et capitaine Tommy Raynaud à l’issue de la demi-finale disputée face à Vannes et au cours de la laquelle son équipe venait de dominer le secteur de la mêlée et la bataille des rucks. "C’est dans notre ADN", résume Joe El Abd en allant un peu plus loin dans son explication "quand je suis arrivé à Oyonnax comme joueur, en 2012, nous avons établi une charte de l’Oyoman qui repose sur le travail, la dureté, l’humilité. Ce sont les qualités nécessaires pour un pack. Aujourd’hui tout cela fait partie intégrante de l’identité d’Oyonnax". L’analyse renvoie implicitement à la devise de la ville "Improbo Fabrum Labore Ascendit" (Elle s’est élevée grâce au travail opiniâtre de ses artisans) inscrite en lettres rouges sur le fronton de l’Oyomen Factory, le centre d’entraînement.

Et du travail il y en eu depuis des années pour former les jeunes joueurs passés par la formation oyonnaxienne et devenus des incontournables du huit de devant : Thomas Laclayat, Teddy Durand, Loïc Credoz. Le travail de fond ne s’est pas limité là. "Nous avons aussi, au long des saisons, mené un recrutement ciblé pour apporter à chaque fois de l’expérience et de la dureté", poursuit Joe El Abd en évoquant implicitement les arrivées de joueurs comme Rory Grice, Steve Mafi, Filimo Taofifenua, Kevin Lebreton, Hugo Fabregue… Quand on aborde avec lui l’importance du travail des avants, l’ancien troisième ligne se laisse aller à une confidence… sans pour autant trahir un secret : "Notre vraie force tient au lien qui nous unit. Tous nos joueurs ont acquis de l’expérience mais tout autant qu’un vécu individuel ils ont construit un vécu commun. Nous avons dans notre groupe des individualités de qualité, mais c’est du collectif et du travail que nous avons effectué ensemble que nous tirons notre force. Quelles que soient les circonstances chacun sait ce que l’autre va faire et ce que lui-même doit faire."

Des avants "tout-terrain"

Les rôles sont parfaitement distribués dans le paquet d’avants d’Oyonnax. Les obscures mais ô combien précieuses besognes pour les guerriers que sont les Battye, Fabregue Mafi ou Lebas, Grice en perce-murailles, Lebreton au grattage, Credoz infatigable chasseur, Raynaud, Durand, Geledan, Laclayat, Bordenave, Abraham pour faire avancer la mêlée… Mais la valeur reconnue des avants oyonnaxiens qui portent en eux l’esprit même des Oyomen ne se limite pas aux seules tâches conventionnellement dévolues aux "gros". Les avants oyonnaxiens sont "tout-terrain" et leur apport dans le jeu offensif défie les statistiques. Depuis le début de la saison, Oyonnax a inscrit cent treize essais et la part des avants dans ces réalisations est plus que significative : douze essais pour Thomas Laclayat, dix pour Benjamin Geledan, huit pour Kevin Lebreton et Rory Grice (à égalité avec Aurélien Callandret meilleur réalisateur de la ligne de trois-quarts). Teddy Durand, Tommy Raynaud, Phœnix Battye, Manu Leiataua (trois essais chacun) Loïc Credoz (deux essais) ont eux aussi apporté leur pierre à, l’édifice. Tout au long de la saison les avants oyonnaxiens ont fait la démonstration de la qualité de leur organisation collective, de leur puissance, de leur capacité à mettre l’adversaire à la faute, mais ils ont aussi fait celle d’une polyvalence qui leur permet d’aller au-delà de la conquête.