Finn Russell : "Je reviendrai peut-être…"

À quoi vous attendez-vous samedi, contre le Stade français ?

Ce sera un match très physique : la mêlée et la touche seront une part prépondérante de ce quart de finale. […] Et puis, cette rencontre n’est pas juste un match normal. C’est un derby, avec tout ce que ça comporte d’émotions, de tension… Pour les joueurs, les coachs, les fans et le président, la pression est bien plus importante qu’à l’habitude…

Connaissiez-vous le concept de derby avant de poser le pied au Racing, il y a cinq saisons ?

J’ai déjà joué des matchs Glasgow-Édimbourg en Ligue celte mais cela n’avait pas la même portée que ces Stade français - Racing, deux clubs distants d’à peine quelques kilomètres… En revanche, on a en Écosse le pus beau derby du monde, entre le Celtic et les Rangers (les deux équipes de foot de Glasgow). C’est quelque chose d’énorme, chez nous…

Le jour où Paris est largement venu s’imposer à La Paris-La Défense-Arena le 24 décembre dernier, Jacky Lorenzetti disait avoir alors vécu "le pire jour de sa vie de président"…

(il coupe) Il était très en colère et c’est normal : Jacky est le boss, il donne tout pour ce club… Globalement, nous avions fait un match très pauvre ce soir-là, les Parisiens avaient concrétisé toutes leurs actions et derrière ça, nous avions donc mis quelques jours avant de digérer cette défaite. Mais nous avions bien réagi au match retour, qui plus est en infériorité numérique. C’est sur ce match-là qu’il faudra construire.

Qui sont les joueurs clés du Stade français, selon vous ?

Devant, Sekou Macalou est un joueur vraiment très spécial, une vraie menace pour notre équipe. Baptiste Pesenti, qui était chez nous la saison dernière, aura également des choses à prouver ce week-end. Derrière, Morgan Parra est un vrai leader quand Joris Segonds reste capable de passer des pénalités de soixante mètres. Le Stade français est armé.

Au-delà de la conquête directe, dans quels secteurs ce derby se jouera-t-il ?

Face à un joueur comme Joris Segonds, je devrais être à mon meilleur niveau dans le jeu au pied. Il n’y aura donc pas de place pour la magie, ce week-end… Ce sera un match très stratégique…

Imaginez-vous que ce derby puisse être votre dernier match sous les couleurs du Racing ?

C’est potentiellement mon dernier match, oui… J’essaie de ne pas y penser, de rester concentré sur ma performance. […] Si je devais quitter le Racing dans ces conditions, je serais évidemment très triste : avant de partir, j’aimerais vraiment offrir un titre à ce club.

Pourquoi avez-vous choisi Bath ?

J’avais d’autres options mais pour tout dire, j’ai bien accroché avec le coach de là-bas, Johann van Graan (ancien manager du Munster, N.D.L.R.). On est sur la même longueur d’onde : il veut que je donne à l’attaque de l’équipe une nouvelle dimension et ce challenge me plaît. Et puis, Bath est une petite ville magnifique. Ma fille (Charlie, âgée de 7 mois) y sera bien, je pense. Et moi, j’aurai là-bas moins de tentations qu’à Paris ! (rires)

Regretterez-vous Paris ?

Beaucoup, oui. J’aime tellement ce pays et cette ville. Mais je reviendrai peut-être…

Comment ça ?

Dans l’idéal, j’aimerais faire trois ans à Bath et terminer ma carrière en France. Camille Lopez ou Johnny Sexton sont tous deux de très bons ouvreurs de 35 ans. Alors pourquoi pas moi ? Après tout, je n’aurai que 33 ans lorsque se terminera ce contrat… Mais d’ici là, je vais néanmoins continuer à travailler mon Français avec Bruce Craig (le président de Bath, ancien joueur du Racing 92) et son épouse, qui est originaire de Bordeaux.

Dès lors ?

Si je reviens un jour au Racing, ce sera une belle histoire. Sinon, Paris conservera toujours une place particulière dans mon cœur.

Pensez-vous que Marcus Smith, dont le nom circule pour vous remplacer au printemps 2024, serait une bonne option pour le Racing ?

Je n’en ai pas parlé avec Marcus. S’il quitte le Premiership, il ne pourra plus jouer pour l’Angleterre et son choix s’annonce donc difficile : il n’a que 24 ans et veut défendre les couleurs de son équipe nationale, j’imagine… […] Ce n’est pas à moi de dire quelle est pour lui la meilleure option mais ce qui est certain, c’est que l’argent ne dictera pas son choix : les gens croient souvent qu’il y a plus d’argent en Top 14 qu’ailleurs mais un international anglais gagne aussi très bien sa vie.