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Top 14 - Lyon - UBB : Au bal des inconstants

Par Nicolas ZANARDI
  • Lyon, troisième du championnat, et Bordeaux-Bègles, sixième vont s’opposer dimanche à 21 h 05 pour un barrage qui s’annonce riche en duels, à l’instar de celui d’Ethan Dumortier (balle en main) et Louis Bielle-Barrey (à droite au sol). Les deux équipes devront bien négocier la rencontre pour espérer se rendre à Anoeta. Photo Icon Sport
    Lyon, troisième du championnat, et Bordeaux-Bègles, sixième vont s’opposer dimanche à 21 h 05 pour un barrage qui s’annonce riche en duels, à l’instar de celui d’Ethan Dumortier (balle en main) et Louis Bielle-Barrey (à droite au sol). Les deux équipes devront bien négocier la rencontre pour espérer se rendre à Anoeta. Photo Icon Sport Icon Sport - Icon Sport
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Entre un Lou d’une irrégularité proverbiale et une UBB qui n’a jamais réussi à aligner trois succès cette saison, difficile de se hasarder à un pronostic. Seule certitude : pour le perdant, la pilule sera amère à avaler. Malheur aux vaincus, donc…

C’est peu dire que, depuis la crise du covid, la courbe de croissance du Lou comme de l’Union Bordeaux-Bègles s’est progressivement tassée. Pour ceux qui ont un brin de mémoire, lors de l’arrêt des compétitions en 2020 en raison de la pandémie, Girondins et Rhodaniens occupaient le duo de tête du championnat et faisaient figure de favoris quasi légitimes pour le titre. La fin brutale du Top 14 cette année-là ayant laissé une cicatrice quasi indélébile dans le cœur des joueurs comme de leurs supporters, dont il a pourtant bien fallu se relever. L’UBB n’y est parvenue qu’à moitié, avec certes deux apparitions consécutives au stade des demi-finales (toutes deux perdues contre les futurs champions) après des barrages brillamment remportés à Chaban (respectivement contre Clermont et le Racing). Reste que l’élimination de l’an dernier face à Montpellier a laissé bien plus qu’un goût amer, tant l’UBB eut ce jour-là le sentiment de laisser échapper un titre de champion qui lui tendait les bras, tout en laissant le "voisin" rochelais prendre définitivement le dessus dans leur rivalité entre clubs du Ponant. Les secousses provoquées par ce séisme débouchant même en novembre dernier au limogeage du manager Christophe Urios, en conflit ouvert depuis plusieurs mois avec une frange de son vestiaire… De quoi précipiter une fin de saison sur courant alternatif (l’UBB n’ayant réussi à enchaîner trois succès qu’à une reprise cette saison, juste après l’éviction d’Urios) que les Girondins ont toutefois eu le mérite de terminer sur une qualification malgré la longue absence de leur meneur de jeu Matthieu Jalibert. Reste que le (léger) déclin demeure palpable, qu’une élimination à ce stade de la compétition ne ferait qu’illustrer un peu plus, une semaine après la large défaite à Toulon qui priva l’UBB d’un nouveau barrage à domicile.

Un Lou plus illisible que jamais

Quant aux Lyonnais ? Depuis la "pause covid", leur affaiblissement s’était avéré plus marquant encore, puisque ces derniers n’avaient plus réussi à se qualifier parmi le top 6, après avoir pourtant enchaîné deux demi-finales en 2018 et 2019. Une perte de vitesse certes atténuée par le titre remporté en Challenge Cup la saison dernière à Marseille comme le chant du cygne de l’ère Mignoni, mais dont les dirigeants rhodaniens ne pouvaient pas ne pas avoir conscience. C’est d’ailleurs bien pour cela que, dans la feuille de route confiée au nouveau manager Xavier Garbajosa en début de saison, le premier objectif fixé résidait bien en une qualification pour les phases finales domestiques. Une mission accomplie sur le fil au terme d’un parcours sur courant alternatif, auquel les Lyonnais parvinrent même à ajouter la cerise sur le gâteau du barrage à domicile. "Oui, l’objectif est atteint, mais ce serait trop simple que notre saison s’arrête là, sinon autant ne pas jouer le barrage, soufflait le manager Xavier Garbajosa, qui a lui aussi essuyé la colère d’une partie de son groupe ces dernières semaines. Il faut se projeter et avoir l’exigence de vouloir toujours mieux. Cela faisait quatre ans que le club tournait autour de cette qualification sans jamais vraiment y arriver. Je suis content pour les joueurs, le groupe, ce club qui continue de grandir. Ça ne doit être que du plaisir, maintenant."

Groupe France et Coupe du monde en ligne de mire

Que du plaisir ? Bien sûr. À condition, toutefois, de franchir l’obstacle girondin, tant on doute qu’une défaite à Gerland serait moyennement appréciée par l’état-major rhodanien. Sauf qu’à dire vrai, bien malin qui saurait dire quel visage présenteront les Lyonnais dimanche soir, tant ces derniers se sont avérés illisibles tout au long de la saison. "Ça a été notre marque de fabrique cette saison, pointait le deuxième ligne Félix Lambey. On a été capable de perdre à domicile contre Brive, de gagner à La Rochelle… On est capable de tout mais au moins, on ne lâche rien. À la mi-temps à Paris, on croyait que tout était fini… Et une semaine plus tard, on termine à la troisième place après avoir peut-être réalisé notre meilleur match à domicile de la saison. Notre force, c’est d’avoir été capables de nous relever après chaque mauvaise performance." "La qualité principale de ce groupe, c’est sa résilience, appuyait Garbajosa. Remonter un 28 à 0 au Stade français sur sa pelouse de Jean-Bouin, en Top 14, il n’y a qu’eux qui sont capables de le faire. Cette inconstance est une faiblesse mais aussi une force. Je suis persuadé que cette équipe peut aller là où elle le décide et qu’elle peut réaliser les plus beaux exploits même si la concurrence va être de plus en plus rude."

Et c’est pourtant vrai qu’en matière de concurrence, ce Lou-UBB vaudra le détour. Car au-delà du résultat sec, ce barrage s’annonce riche en enseignements de toutes sortes concernant la future ligne de Fabien Galthié. Le spectateur neutre pourra regretter que le duel des ouvreurs entre Léo Berdeu et Matthieu Jalibert n’ait pas lieu en raison de la grave blessure du premier, bien sûr. Reste qu’entre l’opposition de styles à laquelle se livreront les demis de mêlée Baptiste Couilloud et Maxime Lucu, l’épreuve de force à distance qui opposera Demba Bamba à Sipili Falatea, le grand défi de Moefana face à la montagne Tuisova ou enfin l’affrontement entre les dragsters Ethan Dumortier et Louis Bielle-Biarrey – aux dynamiques complètement opposées depuis trois semaines – le staff du XV de France pourra tirer quelques enseignements précieux avant les demi-finales… Ces enjeux individuels ne surpassant toutefois évidemment pas celui des deux clubs, désireux d’enfin enclencher une nouvelle marche avant dans leur projet, pour laquelle la vérité ne découlera de rien d’autre que de l’affrontement des packs. "Ce sera un vrai gros match de phases finales, affirmait Xavier Garbajosa. Ils ont une charnière de très haut niveau et de la qualité partout mais Bordeaux, c’est avant tout une équipe très massive. On a souffert quand on les a reçus (victoire du Lou 36-21, N.D.L.R.), on a encore plus souffert chez eux après avoir tenu le bras de fer soixante-dix minutes (victoire de l’UBB 23-9). Ce sont des matchs qui ne se sont pas joués à grand-chose et ce barrage ne devrait pas se décider autrement." On se souvient ainsi qu’à Gerland en octobre, ce sont deux cartons jaunes concédés par les Unionistes assortis à un coaching tonitruant des Lyonnais qui firent pencher la balance, tandis que le match retour ne bascula qu’à la grâce d’un 50 : 22 un brin miraculeux trouvé par Jean-Baptiste Dubié, validé par un bon vieux maul des familles. Aux deux équipes, donc, de bien négocier ces fameux "détails" susceptibles de les envoyer (ou pas) à Anoeta…

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