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Top 14 - La fureur de vivre du Racing 92 qui veut croire en une fin de saison magique

Par Marc DUZAN
  • Laurent Travers et le Racing 92 ont sauvé leur saison à Jean-Bouin.
    Laurent Travers et le Racing 92 ont sauvé leur saison à Jean-Bouin. Icon Sport - Icon Sport
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Qu’on le veuille ou non, le Racing a sauvé sa saison en s’imposant samedi après-midi chez le voisin parisien. Peut-il désormais croire en l’impossible ?

On peut aborder le sujet par tous ses angles, on en revient toujours à la même conclusion : le Racing est habité d’une inextinguible rage de vaincre, d’un formidable instinct de survie. On exagère ? À peine… Il y a encore quelques semaines, Gaël Fickou et ses coéquipiers étaient le dos au mur, la courge au fond de l’eau et, tout juste balayés par l’Usap à Aimé Giral (30-21), les Ciel et Blanc étaient alors loin d’être certains de pouvoir se mêler au grand barnum de la phase finale. Un jour, un ressortissant de la vieille maison francilienne nous avait même confié entre deux portes : "Je ne sais pas dans quel état de détresse on retrouverait Toto (Laurent Travers, N.D.R.L) si l’on ne parvenait pas à se qualifier cette saison… Il faut tout faire pour lui éviter ça".

De fait, le patron sportif francilien savait que pour sa dernière saison aux commandes d’une équipe s’étant toujours hissée en phase finale depuis sa remontée en élite au printemps 2009, il ne pouvait se permettre d’échouer de peur, probablement, de traîner ce revers tout le reste de sa vie d’homme. Face aux micros, ledit Toto avait beau taper en touche dès que le sujet était abordé ("Ce n’est pas ma personne qui compte, c’est l’institution"), il ne fallait pas être un très fin connaisseur de l’âme humaine pour comprendre que le passage de témoin avec Stuart Lancaster, son successeur, aurait été pour lui des plus douloureux en cas de sortie de route…

En quelques matchs, ses gonzes ont pourtant fait voler en éclats le spectre d’un accident industriel et après avoir tapé du poing sur la table face à Bayonne et Toulon, ont d’abord arraché le droit d’exister dans cette phase finale avant, peut-être, d’y foutre un complet dawa. Au crépuscule du dernier quart de finale et alors que l’on demandait à Jacky Lorenzetti, le boss du club, s’il avait oui ou non abordé ce derby fratricide de façon sereine, "JLO" nous répondait ceci : "Etais-je en confiance ? Bonne question… Disons que je n’ai jamais exprimé de la défiance vis-à-vis de notre équipe même si par moments, j’ai dû utiliser la méthode Coué : tout au long de la saison, les résultats ont été un peu erratiques et avant le quart de finale, nous n’avions pas vraiment de quoi fanfaronner. In fine, je n’oublie pas qu’à Jean Bouin, la mêlée parisienne nous a torturés à sept contre huit mais que le coaching de Toto (Travers) s’est aussi avéré payant. On mérite notre place dans le dernier carré".

Jacky Lorenzetti l’assure : "Nous nous apprêtons à affronter un monstre, à Anoeta…"

En se qualifiant, les Racingmen ont-ils sauvé une saison qui avait, en ses prémices, été largement piétinée par la claque reçue au Havre face au Leinster (10-42) et dont on pensait que ce club, obsédé par la Champions Cup depuis quasiment dix ans, ne pourrait jamais se relever ? On jurerait que oui. Henry Chavancy, lui, n’est pas vraiment de cet avis et samedi soir, il se justifiait ainsi : "Cette saison, on a eu des hauts et des bas mais à mes yeux, c’est le minimum syndical pour un club comme le nôtre d’être aujourd’hui en demi-finale. Personnellement, je crois que la saison ne fait que commencer et qu’on peut désormais rêver à quelque chose qui marquera profondément l’histoire du Racing".

Aujourd’hui poussés par un net regain de confiance, les banlieusards ont aussi conscience que leur dernière victoire en quart de finale a paradoxalement consolidé les doutes entourant le paquet d’avants francilien depuis le début de saison. Dominés en mêlée fermée par des soldats roses en infériorité numérique pendant près de 75 minutes, les gros des Hauts-de-Seine, certes supérieurs dans le combat au sol, ont une nouvelle fois posé un genou à terre. "Oui, on a souffert, disait Laurent Travers en conférence de presse. Oui, on a été en difficultés sur le combat d’avants. Mais on a toujours su réagir". C’est une certitude, coach. Pour autant, la problématique entourant les gros de Didier Casadéi n’a jamais totalement disparu du paysage, au fil de ces dix derniers mois de compétition.

Et si Trevor Nyakane, à droite de l’édifice, est incontestablement meilleur qu’il ne l’était à son arrivée au club, c’est l’axe gauche de la banlieue ouest (Guram Gogichashvili, Eddy Ben Arous) qui inquiète aujourd’hui. Résistera-t-il, vendredi soir, aux mégatonnes de pression que déversera sur lui le binôme Aldegheri-Meafou ? Et ce Racing, dans son entièreté, peut-il vraiment faire chuter le plus gros pourvoyeur d’internationaux français, ce "Stade" d’ores et déjà projeté vers une finale présumée face au double champion d’Europe rochelais ? "Toulouse a terminé premier et survole le championnat avec La Rochelle, poursuivait Travers samedi. À Anoeta, la marche sera encore bien plus haute qu’en quart de finale mais j’espère qu’on l’enjambera sans trop s’entraver".

Jacky Lorenzetti, au soutien de son bras droit, développe à présent : "Nous nous apprêtons à affronter un monstre. Mais il y a tout à gagner et allez savoir, la magie des phases finales nous sourira peut-être… La caractéristique du Racing, cette année, c’est qu’il est capable de perdre devant les équipes les plus faibles et gagner contre les plus fortes". Et si c’était ça, l’irrationalité du sport ? Et si elle permettait finalement à ce Racing au bord du nervous breakdown il y a à peine un mois de se payer un dernier shoot d’adrénaline ?

Récemment, le capitaine francilien Gaël Fickou nous confiait d’ailleurs quelque chose de plutôt juste, au sujet de la phase finale et de sa spécificité : "Nous sommes loin d’être la meilleure équipe du championnat mais ce n’est pas tout le temps les meilleurs qui gagnent, au rugby". Comprenez par là que la formule propre à la fin de saison du Top 14 a parfois permis à des équipes sauvées des eaux in extremis (le Stade français en 2015, le Castres olympique en 2018…) de terminer au sprint, bousculer les pronostics et renverser la table. N’est-ce pas justement pour sa nature farouche, sauvage et imprévisible que l’on aime tous ce sport à en mourir ?

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