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Demi-finale Top 14 - Toulouse, le paquet cadeau des avants

Par Jérémy Fadat
  • Thibaud Flament a été auteur d'une très bonne entrée face au Racing 92.
    Thibaud Flament a été auteur d'une très bonne entrée face au Racing 92. Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Portés par un pack ultra puissant et conquérant, à l’image de celui qui a permis à cette équipe de réaliser le doublé en 2021, les Stadistes ont brisé la malédiction des demi-finales qui les touchait depuis plus d’un an. Ou quand la vexation se transforme en formidable levier de motivation...

Un scénario à sens unique, un écart record au tableau d’affichage... à quel moment l’indéniable supériorité toulousaine, pressentie avant même le coup d’envoi, fut-elle définitive ? Il n’a fallu attendre que douze minutes, alors qu’aucun point n’avait encore été inscrit, pour déceler le thème de la soirée. Le temps pour le Racing de trouver une pénaltouche quasi miraculeuse à cinq mètres de l’en-but adverse et de s’offrir une incroyable opportunité d’essai. Et alors ? Emmanuel Meafou a traversé ce maul porté francilien, tel un adulte qui sépare deux enfants de maternelle en train de se chamailler.

Le ton était donné, l’affaire presque pliée et ce même Meafou enterrait les espoirs des Ciel et Blanc en allant aplatir (en force et après une pénalité jouée à la main évidemment!) son douzième essai de la saison treize minutes plus tard (14-0). "Le paquet d’avants a fait un travail énorme et nous a permis de prendre le score, félicite Antoine Dupont. On sentait qu’on avait l’ascendant." Parce que le salut des joueurs toulousains, dans leur quête de titre, est sûrement ici. "S’ils ont envie de cogner aussi fort qu’en 2021 lors du doublé, ils seront champions, nous confiait la semaine passée un membre de leur environnement. C’est la clé pour eux parce que, sur le rugby, ils sont en avance sur les autres." Certes, le Racing 92 ne possède pas le pack le plus effrayant d’Europe mais, vendredi soir, il fut broyé par son homologue stadiste. "Sur le terrain, je peux vous dire que ça tapé, sourit Cyril Baille. On a essayé de marquer notre territoire, d’offrir des bons ballons aux trois-quarts. Ils nous engueulent assez souvent là-dessus (sourire)."

Force, détermination, équilibre...

Si les Ramos, Lebel ou Ntamack s’en sont donné à cœur joie pour s’engouffrer dans le moindre intervalle qui se présentait à eux, c’est donc parce que les "gros" les ont placés dans l’avancée. Un exemple ? Le rugby est cette discipline dans laquelle le pilier pratique un autre sport à lui seul, là où il n’est même pas nécessaire de toucher des ballons pour être brillant. Dorian Aldegheri, droitier un brin à l’ancienne, n’en a vu que très peu passer entre ses mains mais il fut absolument décisif, en faisant vivre un calvaire au pauvre Guram Gogichashvili dans l’épreuve de force.

"On a été solidaires, on a poussé vraiment à huit et, quand c’est le cas, tu le sens", note son pilier gauche de pote Cyril Baille. "La mêlée a été conquérante avec plusieurs pénalités obtenues, apprécie l’entraîneur des trois-quarts Clément Poitrenaud. Les matchs de phases finales commencent par une conquête efficace et les gars ont été performants dans le combat, sur ballons portés, ce qui nous a mis dans de bonnes conditions derrière." 

Aussi car, outre un Meafou et un Willis encore colossaux par leur présence physique, le huit de devant toulousain est apparu aussi déterminé qu’équilibré. Alexandre Roumat – dont le staff attendait qu’il franchisse un cap dans un rendez-vous XXL – a ainsi pu jouer son rôle de facilitateur collectif à la grâce d’une adresse et d’une vision sans pareil. "On sait que ça passe par là, souligne Thibaud Flament. Quand tu domines devant, le rugby, c’est quand même plus facile... On a vraiment mis l’accent dessus récemment et on a su être cliniques et sereins."

Lui, après plus d’un mois d’arrêt en raison d’une commotion, s’est contenté d’un rôle de remplaçant de luxe et a fait parler la poudre à son entrée sur le terrain. Participant, avec Peato Mauvaka, Charlie Faumuina ou Selevasio Tolofua à densifier un banc qui en avait parfois souffert dernièrement. Le pire ? C’est que le seul point de la soirée est venue d’une touche défaillante avec trop de ballons égarés. La marge était largement suffisante vendredi mais il faudra sûrement rectifier le tir d’ici samedi...

"L’objectif ? conjurer le sort"

Pour la troisième fois sur les quatre dernières éditions du Top 14, le Stade toulousain sera là au Stade de France, porté par un orgueil chatouillé ces derniers mois. "L’objectif, c’était de retrouver une finale, de conjurer le sort, clame Baille. C’est plus un soulagement qu’une euphorie." Parce que, si lui et les siens avaient atteint le dernier carré de leur neuvième compétition d’affilée (depuis 2019!), voilà deux ans qu’ils n’avaient plus passé cet écueil de la demi-finale. Et la défaite au Leinster fin avril, aux portes de la finale de Champions Cup, avait fait très mal aux esprits.

"Elle venait après deux demies perdues l’an passé, note Poitrenaud. Ce groupe-là n’a pas envie de s’arrêter à ce stade de la compétition même si deux demi-finales, ça peut paraître une saison correcte pour la plupart des équipes. Sincèrement, pour nous, c’était un peu compliqué à avaler... On avait la sensation d’avoir préparé le Leinster comme il fallait, d’être prêt à en découdre. Mais ça a été un coup d’épée dans l’eau, nous étions tous frustrés." 

Cela s’était ressentie lors des sorties suivantes. "Cela a été difficile à digérer mais on a su se remobiliser", assure Flament. Et profiter de quelques jours de récupération autour de la finale de Champions Cup, puis du stage au Portugal il y a deux semaines, pour transformer la vexation en formidable levier de motivation. Au Pays basque, le groupe s’est remis en mode champion. "Il y avait quand même une bonne tension avant d’aborder le match, ne cache pas Poitrenaud. On voulait remonter à Paris. Et le Stade toulousain des finales n’est pas forcément celui des demi-finales..." 

Sous l’ère Mola, il n’en avait remporté que trois sur huit avant celle-ci mais n’a jamais trébuché sur la dernière marche. "Ça joue dans les têtes, c’est sûr, mais on n’a rien gagné, pointe Flament. On est juste là où on voulait être." Face à ceux contre qui ils voulaient être. Quand la question lui fut posée au même de sa préférence avant la deuxième demi-finale, il n’a pas hésité : "Franchement, La Rochelle. Ils sont champions d’Europe, on les joue régulièrement en phase finale. C’est toujours assez tendu entre nous, on veut se retrouver et on sait ce qui nous attend." Un choc de titans et, visiblement, les Toulousains ont envie de cogner fort en cette fin de saison...
 

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