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Grand entretien. Fabien Pelous, un tendre géant à cœur ouvert

  • Fabien Pelous, ancien capitaine du XV de France.
    Fabien Pelous, ancien capitaine du XV de France. Icon Sport
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L’ancien capitaine du XV de France et de Toulouse s’était fait plus discret depuis quelques mois. Pourtant, Fabien Pelous n’a rien perdu de sa verve et nous livre son avis et ses vérités sur le rugby français dans son ensemble.

Lors d’un récent interview (voir ci-contre), l’ancien président de la FFR, Bernard Laporte, vous avait attaqué frontalement. Vous n’aviez pas voulu répondre à ce moment-là. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Dans tout ce qu’a pu dire Bernard Laporte, il y a beaucoup de mensonges. Pour pouvoir critiquer, il faut avoir le cul propre. Je n’ai pas pour habitude de répondre ou de me justifier sur des mensonges. Je ne critique pas les hommes, je ne ferai pas exception avec Bernard Laporte qui est un menteur. C’est sans intérêt. Ce n’est pas comme ça que je vois les choses.

Laporte a été virulent au sujet de votre engagement politique.

Je suis dans l’opposition, je la soutiens. Les échanges entre les deux camps se passent correctement, chacun est dans son rôle. Bernard Laporte n’a plus de responsabilités au sein de la FFR, il n’est plus président, il n’y a pas à lui donner plus d’importance qu’il mérite. Ce n’est pas le camp Grill qui l’a dégagé de la présidence, c’est la justice. Heureusement qu’une opposition était là pour dire que certaines choses se passaient à la FFR. La justice a démontré que nous étions utiles. La FFR, comme dans d’autres fédérations, est entrée dans une ère où l’éthique deviendra une valeur fondamentale. Ceux qui ne comprennent pas cela seront évacués par le système.

Laporte, le préférez-vous entraîneur ou président ?

Je l’ai bien aimé entraîneur de l’équipe de France, il était direct et savait mettre un jeu en place en très peu de temps. Personne n’a jamais dit que c’était un mauvais sélectionneur. Président, c’est autre chose, l’objectif est surtout de ne pas cliver le rugby. Quand une élection se termine par un 52 %-48 %, preuve est faite que le pouvoir en place est incapable de fédérer. Il était temps que Laporte s’en aille. Il ne mérite plus d’avoir un statut.

Il vous a attaqué sur la nature de vos rapports avec Ugo Mola au Stade toulousain.

Il a fait du Bernard Laporte, il ne faut pas s’attendre à autre chose. Je n’ai pas compris le timing. Si c’est une vengeance personnelle, je lui accorde peu d’importance. C’est marrant comme il a toujours besoin d’exister. J’aurais répondu à ses attaques personnelles si j’avais été dans le même cas que lui mais je suis très loin de tout ça. C’est de la polémique de comptoir. Ce n’est pas parce qu’il aime ce genre de méthode qu’il faut en faire autant. Je pense en avoir dit assez sur son compte.

Il a gagné deux fois les élections…

La première fois, le rugby avait besoin de changement. Il a fait le boulot pour arriver à 60 %. La deuxième, il est arrivé avec à peine 52 % des voix.

Une élection, c’est comme une finale, ça se gagne !

Non, la fin ne justifie pas les moyens. Jamais. Dans aucun domaine et même sur le terrain. Il est interdit de faire n’importe quoi, comme donner des produits dopants pour faire courir les joueurs un peu plus vite. Et ce sont les plus chargés qui gagnent. Non, il faut penser à l’éthique.

Est-ce une valeur essentielle pour vous ?

Oui, c’est dans mon caractère. Si je n’accède pas à tel ou tel poste, ce ne sera jamais grave. On a tous des travers. Pour certains, l’éthique est un travers, pas pour moi. Sur ce domaine précis, il n’y a pas de négociation possible. Je ne mets mon mouchoir sur rien, heureusement je ne suis pas le seul dans ce cas. Le rugby n’échappe pas à l’évolution de la société qui demande davantage d’éthique. Réjouissons-nous de cette évolution.

Quelle était votre éthique sur le terrain ?

Autant je suis conciliant dans la vie, autant je ne supportais rien en match. Je devenais vite agressif quand un adversaire empêchait un ballon de sortir d’un regroupement, où quand il se trouvait hors-jeu. Sur le terrain, j’ai toujours mis de l’engagement. J’ai appris ça à Saverdun, mon premier club, à Graulhet, à Dax et je m’en suis servi à Toulouse et en équipe de France. Le rugby est avant tout un affrontement physique. Si tu ne résistes pas, l’adversaire prend le dessus, alors il devient impossible de s’exprimer dans le domaine technique ou stratégique. Reculer, c’est ne plus exister. L’Afrique du Sud est devenue championne du monde en 2019 en mâchonnant tous ses adversaires. S’il n’y a pas qu’une façon de jouer au rugby, le défi physique reste la base. L’Irlande a compris ça, elle te fait mal sur l’intensité en t’imposant jusqu’à vingt temps de jeu.

Comment analysez-vous le rugby d’aujourd’hui ?

Chaque équipe tente de mettre l’autre sous pression. C’est dans ce rapport que s’exerce le rugby. Avant ce Tournoi 2023, l’équipe de France mettait ses adversaires sous pression par un jeu de dépossession et de défense. Elle a changé, assumant la possession, ajoutant une corde de plus à son instrument. C’est en ce sens qu’elle a progressé. J’estime avoir vu une meilleure équipe de France cet hiver même si elle n’a pas gagné le Tournoi. Elle sait tenir le ballon. J’étais à Dublin, où les Bleus ont perdu en réalisant un très bon match. L’addition s’est arrêtée à trente, ils auraient pu en prendre cinquante, c’est bien ça qui m’inquiète. La France peut retrouver cet adversaire en quart de finale de Coupe du monde mais ce sera différent. Contrairement à nous, l’Irlande n’a pas une grande marge de progression. Les Bleus vont gagner en maîtrise. Ils vaincront les Irlandais à condition de les faire sortir de leur routine de jeu.

Et si l’Afrique du Sud est au rendez-vous du quart de finale ?

Les Boks ressemblent aux Irlandais. Ils mettent énormément d’engagement. Je crains surtout l’enchaînement quart-demi-finale car que ce soit face à l’Irlande ou l’Afrique du Sud, la France y laissera des plumes. Avant d’aller à Dublin en février dernier, je pensais qu’il serait plus facile d’écarter les Irlandais en quart. Depuis, j’ai un peu changé d’avis. Mais il n’y avait pas Jonathan Danty, qui est capable de faire mal à n’importe qui. L’équipe de France est aujourd’hui fantastique mais ne gagnera pas tous les matchs tout le temps. C’est le rugby, c’est un sport, c’est aléatoire.

Mais les amateurs de rugby ont retrouvé leur fierté…

Il y a eu dix ans difficiles en termes de jeu comme de qualité de joueurs. L’équipe était pourtant faite avec les meilleurs Français mais qui étaient le plus souvent entre la cinquième et la dixième place au niveau mondial. Durant cette décennie, pour battre les meilleurs, un exploit s’imposait. Aujourd’hui, chaque joueur français est entre le premier et le troisième rang. Cette génération est incroyable et le staff a su entrer en contact avec elle. C’est aussi l’histoire d’une rencontre.

Votre avis sur Fabien Galthié ?

Il est comme il a toujours été. Il peut être perché mais c’est un grand technicien. Il a fabriqué une relation d’excellence avec ses joueurs. Il est l’entraîneur et il se montre entraînant. Bien sûr, il a su s’entourer, je vois que son staff a les mêmes qualités que lui.

Raphaël Ibanez, Fabien Galthié et vous-même avez été les tauliers de l’équipe de France à moment donné. Vous parlez-vous souvent ?

J’échange des textos avec Raphaël qui vit une terrible épreuve (en janvier dernier Matéo Ibanez, son fils âgé de 22 ans, avait déclaré être atteint d’une leucémie, N.D.L.R.). Je n’ai pas de contact avec Fabien. Ce n’est pas parce que nous ne sommes pas amis au quotidien qu’on ne s’apprécie pas. Nous ne sommes pas fâchés. Avoir joué ensemble pendant notre jeunesse ne pousse pas nécessairement à prendre des nouvelles des uns et des autres. On fait ça avec ses proches, sa famille, ses collègues de travail ou ses associés. Appelez-vous vos anciens camarades de travail tous les jours ?

Non, évidemment. Mais que reste-t-il de cette jeunesse ?

D’avoir poussé l’adolescence très loin, jusqu’à 35 ans. C’est une chance de se lever le matin pour rejoindre des copains avec qui tu vas passer du bon temps sur le terrain. Parfois ça peut piquer mais ça reste une chance.

En 2012, Pierre Camou vous fait entrer au comité directeur de la FFR. N’avait-il pas en tête de faire de vous un successeur ?

Il m’a introduit dans le système, pour lui j’incarnais quelque chose. Mais pour accéder à cette position-là, tout en haut, il faut en avoir envie.

Et donc ?

Je n’en avais pas envie. C’est elle qui dicte tout. Je suis certain de pouvoir amener une vision, de porter un message, d’être utile, mais pour ces rôles très politiques, je ne suis pas la bonne personne. Mon ego n’est pas placé à cet endroit-là.

Et demain ?

A priori non. Accéder à un poste élevé se construit de manière progressive. Je ne sais pas si j’ai la légitimité mais le fait est que je n’ai pas l’envie.

Vous avez pourtant des responsabilités dans le conseil municipal de Garidech, une commune de la banlieue de Toulouse.

À cet endroit précis, je fais dans le vivre-ensemble et ça me va très bien. Il ne s’agit pas de politique politicienne. Quelqu’un qui veut s’investir pour les autres trouvera toujours sa place au niveau local, dans une mairie, une association, un club sportif. Briguer des mandats régionaux ou nationaux a toujours à voir avec l’ego. C’est lui qui commande. Il fait avancer le monde et fait faire de belles conneries.

L’accession au rôle de capitaine de l’équipe de France a-t-elle valorisé votre ego ?

Non, ça n’a jamais été ça. Pourtant, j’ai été capitaine de toutes mes équipes, de la première à la dernière. Quand, en 2007, Raphaël Ibanez m’a remplacé à la tête du XV de France il n’y a pas eu de psychodrame. Je n’ai pas l’ego placé à cet endroit. J’en manque peut-être mais je le vis bien. Dans le cadre du rugby, mon orgueil était collectif. J’aimais gagner avec mon équipe, je voulais qu’elle soit forte. Je suis fier de toutes celles où j’ai joué, même si nous n’avons pas toujours gagné, à Saverdun, à Graulhet, à Dax, à Toulouse, en équipe de France.

Cela ne vous empêche pas de mener des projets très personnels comme l’obtention d’un brevet de pilote d’hélicoptère ou d’une ceinture noire de judo.

L’hélico m’a toujours fait rêver. Je me demandais comment une machine de ce genre pouvait voler. Alors, pendant la Coupe du monde 2007, j’ai embarqué Yannick Jauzion et Vincent Clerc avec moi pour un vol d’initiation. Nous avons survolé Paris et j’ai même pris les commandes à cinquante mètres du sol. C’était génial. Rentré à Toulouse, j’ai fait ma formation et obtenu mon diplôme en 2010. Je vole à nouveau. L’hélicoptère permet de réaliser des manœuvres extraordinaires. Il raccourcit les distances et projette le pilote dans une troublante troisième dimension, un peu comme en plongée sous-marine.

Aviez-vous pratiqué le judo dans votre enfance ?

Non, l’envie m’est venue quand j’assistais aux entraînements de mon grand fils, Louis. Je trouvais ce sport plaisant sous bien des aspects. J’ai demandé s’il y avait des cours pour adultes. On m’a répondu que oui mais qu’il n’y avait pas de kimono à ma taille au club de Montastruc-la-Conseillère (Haute-Garonne). à la fin de mon premier entraînement, j’ai eu exactement la même sensation qu’à Saverdun le jour de mes débuts dans le rugby. Je me suis dit : « C’est ça que je veux faire. » Je cours toujours après des émotions, le judo m’a permis d’en vivre de nouvelles. J’ai un peu de mal à courir alors, avant qu’il ne soit trop tard, je me donnerai quelques défis sportifs.

Et ce premier combat de judo ?

J’étais tout seul. Je n’avais jamais connu pareille sensation. Je me suis dit que tout ce qui allait arriver serait de ma responsabilité, les bonnes comme les mauvaises choses. Le judo est une autre passion. Quand je rencontre un enfant, je lui demande en premier s’il a une passion. Ça remplit la vie. Il n’y a pas pire que de traverser l’existence sans objectif, sans émotion.

Rugbyman, comment vous prépariez-vous à l’affrontement ?

Jeune joueur, trois jours avant le match, je commençais à me taper la tête contre les murs. En fin de carrière, je mettais le maillot.

C’est-à-dire ?

Je m’échauffais sérieusement, presque avec détachement, ce n’est qu’une fois le maillot revêtu que je devenais rugbyman. Je n’avais plus en moi cette incertitude d’être à la hauteur de mon engagement pour l’équipe. J’allais tenir la promesse que je m’étais faite en devenant joueur de rugby et capitaine. Après quatorze-quinze ans de pratique, j’avais acquis quelques certitudes, comme les autres, sans être pour autant à l’abri d’un dérapage.

Comme lequel ?

Celui de la finale de Coupe d’Europe 2008 à Cardiff contre le Munster. Un troisième ligne irlandais, dont j’ai effacé le nom de ma mémoire (Alan Quinlan), m’a fait mal en marchant volontairement sur mon pied gauche. J’ai réagi en lui donnant un coup de pied aux fesses. J’ai reçu un carton jaune. Au retour de ma punition, pas vraiment calmé, j’ai pris une pénalité. Une catastrophe. J’avais 32 ans, j’étais capitaine et dans toute ma carrière de rugbyman, c’est le seul match où je me suis senti responsable de la défaite des miens.

Fabien Pelous est donc un être humain.

J’avais montré le pire de moi-même. C’est pour ça que lorsque Zinedine Zidane a mis ce coup de tête à Marco Materazzi en finale de la Coupe du monde 2006, j’ai bien compris ce qui l’avait poussé à faire cela. Un sportif de haut niveau passe pour une machine qui peut avoir aussi une réaction démesurée. Dans mon cas, cet Irlandais a bien fait de venir me provoquer car mon équipe a perdu le match. Je me répète mais il n’y a pas qu’une seule façon de jouer au rugby.

Lors des dernières élections, vous étiez à la quatorzième place sur la liste de Florian Grill. Eu égard à votre passé ou à votre engagement dans la société civile, on vous aurait imaginé au deuxième rang…

Être deuxième ou quatorzième sur une liste n’a pas d’importance, on me connaît. C’est bien différent en cas de victoire ou de défaite lors de l’élection. Après le revers de la liste Grill, en 2020, je n’ai pas intégré le comité directeur. Ce n’est pas une déception. Ce travail d’opposition ne m’intéresse pas, comme la guérilla que peut mener Bernard Laporte, celle dont j’ai parlé au début de l’entretien. Je rejoins Pierre Camou, il disait : « Je n’attaque pas les hommes du rugby car ça dessert le rugby. » Pierre avait plein de défauts mais il n’avait pas que des défauts.

Mais ce refus du corps-à-corps lui a coûté l’élection de 2016.*

La génération de Pierre n’avait jamais connu de véritable élection face à une opposition organisée. À ce moment-là, notre rugby avait besoin de changements.

Il se dit, dans le milieu, que votre activité de rugbyman vous a fait gagner beaucoup d’argent. Est-ce vrai ?

C’est exact. J’ai été un des joueurs les mieux payés de ma génération. Ma carrière a été longue et je l’ai terminée à Toulouse, le club de ma région. J’estime avoir été au bout de mon engagement durant tout le temps où j’ai été pro. J’ai la prétention d’avoir été un bon joueur, ce qui m’a permis d’être sélectionné 118 fois pour l’équipe de France. En jouant au Stade toulousain, en étant capitaine des Bleus, le salaire a grossi très naturellement, surtout par le biais de mon image. Grâce à elle, il m’est arrivé, certaines saisons, de gagner plus qu’avec ma rémunération de joueur de rugby. Quand je dis que je me suis arrêté il y a quinze ans, les gens ne me croient pas. C’est dû à la persistance rétinienne. On m’a tellement vu à la télé avec l’équipe de France ou le Stade toulousain en Top 14 ou en Coupe d’Europe que cette image est restée. Elle n’a pas dépassé celle du rugby comme c’est le cas pour Sébastien Chabal et Frédéric Michalak. Je n’ai jamais couru après l’argent. D’autres clubs que Toulouse auraient pu m’en donner plus. J’ai préféré jouer la stabilité.

Racontez-nous l’ambiance lors de votre arrivée au Stade toulousain en 1997 où la deuxième ligne Bellot-Miorin était indéboulonnable.

N’oubliez pas Sylvain Dispagne qui jouait 8. Les trois s’entendaient comme larrons en foire mais ils n’ont rien fait de mal contre moi. Les trois premiers mois furent un peu durs car j’avais doublé ma dose d’entraînements. La bascule s’est produite lors d’un match de Coupe d’Europe contre les Harlequins. Franchement, j’avais fait un très bon match. Après, il n’y a plus eu de débat, j’étais devenu légitime, ce qui n’était pas le cas au début.

On vous sent bien capable de vous juger…

J’ai appris très vite à relativiser. En 1997, alors que j’étais encore étudiant kiné, j’étais de l’équipe qui avait remporté le grand chelem en battant l’écosse au Parc de Princes. La fête avait été belle mais le lundi, j’étais à mon poste à l’hôpital. Ce matin-là, au bloc de réanimation respiratoire, j’ai vu deux patients mourir sous mes yeux. Le samedi, 45 000 spectateurs t’acclament, tu es le roi du monde ; le surlendemain, tu vois la mort en face. Entre le trop positif et le trop négatif, il faut trouver sa place, je l’ai appris très tôt. Le rugby, c’est une partie de la vie mais ce n’est pas la vie.

Que vous manque-t-il de cette vie de rugby ?

Je suis, d’une certaine manière, jaloux des émotions vécues par ceux qui sont à l’intérieur. Je sais ce que c’est. Je m’estime chanceux d’être entré dans ce sport avec les codes du rugby amateur et d’être passé professionnel. Sans jouer aux vieux cons, ce fut à mon sens la meilleure époque. (Fabien Pelous se lève et va signer des autographes. Il parle à une dame et son fils qui déjeunent dans son restaurant, il se rassoit). Le garçon me dit qu’il veut faire du rugby mais sa mère est contre. Je me sens à mon aise pour expliquer les spécificités de ce sport de contact. Tu risques un hématome, une entorse, une fracture… C’est peu au regard de ce que tu gagneras en termes de tolérance, d’éducation, de générosité. Tous ces profits compensent largement les risques encourus dans la pratique d’un sport ouvert à tous les gabarits.

Vous êtes partis du Stade toulousain après une expérience de deux ans conclue par une douzième place…

(il sourit) Douzième, c’est une sorte de record, j’ai fait partie d’un moment exceptionnel au Stade toulousain. Le club rencontrait des problèmes sportifs, de gouvernance et d’argent. Une génération devait quitter le club. Je retiens surtout qu’en qualité de directeur général, j’ai dû virer vingt-cinq joueurs en deux ans. Ce fut dur, j’en ai été affecté.

Vous avez fait le sale boulot.

C’était nécessaire. Je savais que ça faisait partie du boulot. Pour gérer les relations contractuelles, il y a meilleur que moi. Je n’ai pas trouvé ma place dans ce rôle-là, je n’y ai pris aucun plaisir. C’est une expérience que je ne veux plus jamais revivre. Pendant tout ce temps, j’ai beaucoup appris sur la nature humaine et sur ma capacité de résilience. J’ai mal dormi pendant deux ans.

Même vous ?

Ce n’est parce que je ne montre pas mes émotions que je ne les vis pas.

Vous avez dit à Thierry Dusautoir, un autre grand capitaine de l’équipe de France et du Stade toulousain que c’était terminé…

Avec Thierry, ce fut différent des autres. Je ne peux pas raconter. Il n’y a rien eu de particulier entre lui et moi. Mais ça aurait pu être mieux. Rien de grave. Aujourd’hui, c’est anecdotique.

Didier Lacroix est arrivé, vous êtes parti, Ugo Mola est resté et il a réussi dans son entreprise de remise à niveau du club.

Je ne doutais pas de sa réussite. Il réfléchit. Il sait faire la relation avec les joueurs. Il a su s’adapter à son environnement. Quant à la bagarre, selon Bernard Laporte, qu’il y aurait eu entre lui et moi, ce n’est que pur mensonge. Au Stade toulousain, j’en ai fâché certains mais je ne suis fâché avec personne. Le rugby est un endroit où on peut se faire des ennemis, il y a tellement de raisons d’y arriver. Je croise parfois des anciens aigris de tout. Ça m’est arrivé après France - Galles. Je ne dirai pas le nom de cet international. Je lui ai seulement dit d’arrêter de bouder son plaisir. La France n’a jamais été aussi bien placée avant une Coupe du monde. Notre chance est d’avoir une génération exceptionnelle. Les matchs sont toujours plus faciles avec Antoine Dupont. Et aussi Alldritt, Danty, Penaud… la liste est longue. Le point de bascule, il est advenu lors du France - Nouvelle-Zélande de 2021 au Stade de France, sur la relance de Romain Ntamack. J’y vois un acte fondateur. Cette équipe s’est construite sur un exploit. Et pour la battre, ses adversaires seront aussi contraints à l’exploit.
 

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Les commentaires (3)
jmbegue Il y a 10 mois Le 14/06/2023 à 00:26

A l'époque où il avait critiqué avec virulence Poitrenaud et l'année suivante où il avait faire perdre le match avec l'épisode du coup de pied aux fesse, je l'avais classé dans la catégorie des gens peu intéressants. Puis, il a regretté publiquement ses paroles et ses gestes d'un manière très humaine et j'ai changé complètement d'avis.
Et j'aime bien la façon qu'il a d'exprimer son mépris pour certaines personnages.

Pitou13 Il y a 10 mois Le 14/06/2023 à 00:10

La vérité Fabien c'est que tu as été un immense joueur, mais un petit dirigeant. La preuve même Toulouse ne veut plus de toi. Ton copain Grill ne fera rien de mieux que ce qui se faisait avant, ne rêvons pas. Bonnet blanc et blanc bonnet.

jmbegue Il y a 10 mois Le 14/06/2023 à 00:21

D'où sortez-vous que Toulouse ne le veut pas?
Et il vaut mieux être un petit dirigeant qu'un énorme mythomane, menteur et méchant.