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Top 14 - Revue de l'élite - Les piliers : une année de géant pour Atonio

Par Nicolas Zanardi
  • Uini Atonio a réalisé une saison XXL et reste le meilleur pilier du Top 14 selon notre revue de l'élite.
    Uini Atonio a réalisé une saison XXL et reste le meilleur pilier du Top 14 selon notre revue de l'élite. Icon Sport - Icon Sport
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Champion d’Europe avec son club, le pilier des Bleus a traversé une année quasi parfaite, à peine gâchée par une courte suspension au cœur du Tournoi. Uini Atonio est le premier au classement des piliers de notre revue de l'élite.

C’est peu dire que Uini Atonio mérite sa nouvelle première place au classement cette saison. Parce qu’il fut, une fois de plus, l’indéboulonnable titulaire au poste sous le maillot du XV de France. Parce qu’il a été, avec son club (et son deuxième ligne Will Skelton), la pierre angulaire d’une mêlée qui a tout broyé sur son passage jusqu’au titre de champion d’Europe, manquant de très peu le doublé après avoir pourtant copieusement dominé le Stade toulousain dans son secteur de prédilection. Porteur de ballon hors pair, capable de gagner toutes ses collisions aussi bien que de lâcher le ballon dans le bon tempo si la situation le nécessite, Uini Atonio s’est surtout avéré un des éléments essentiels du "Kraken" rochelais, cette machine à exécuter les ballons portés. Sa seule fausse note ? Évidemment cette suspension de trois semaines au cœur du Tournoi pour un plaquage dangereux sur Herring, bien insuffisant pour inciter Fabien Galthié à le priver d’un ultime Mondial… "J’espère qu’on va gagner la Coupe du monde, et quoi qu’il arrive, normalement, j’arrête les Bleus derrière, révélait cette semaine Atonio à ActuRugby. Cela va m’enlever six ou sept matchs par an." Et lui permettre, à 33 ans, de tenir jusqu’à la fin de son contrat avec La Rochelle en 2025. "C’est grâce à la France que j’ai découvert le rugby international et j’ai envie de lui rendre ce qu’elle m’a apporté. Ce serait incroyable d’être la première équipe de France de rugby championne du monde !" Un "nous" tout sauf étonnant de la part de celui qui s’est permis d’interpeller le président Macron avant la finale, avec le ton déconcertant qui lui va si bien…

Gigashvili, le Superman de la Rade

Beka Gigashvili, pilier du Rugby Club toulonnais.
Beka Gigashvili, pilier du Rugby Club toulonnais. Icon Sport - Icon Sport

Si le RCT a enfin remporté la Challenge Cup après quatre tentatives infructueuses, il le lui doit beaucoup… Capable d’évoluer aussi bien à gauche qu’à droite de la mêlée, le Géorgien a probablement réussi la meilleure saison de sa carrière qu’il a même ornée de cinq essais, sacrée statistique pour un pilier qui démontre son incroyable activité dans le jeu. Une faculté à se proposer ballon en main et en défense qui ne doit toutefois pas occulter l’essentiel, à savoir sa remarquable tenue en mêlée qui a d’ailleurs permis au RCT de présenter les meilleures statistiques collectives du Top 14 dans cet exercice cette saison. Et dire qu’il y a seulement dix ans, cet ancien lutteur ne connaissait strictement rien du rugby, qu’il découvrit durant son service militaire avant de débarquer en 2015 du côté de Chambéry, en Fédérale 1… Que de chemin parcouru depuis pour cet athlète d’une explosivité incroyable qui lui a valu, à la rédaction du Midol, d’être l’objet d’une boutade lancée en interne : "- Tu sais comment on dit Superman, en Géorgien ? - Non ? - Giga-shvili." Voilà, voilà…

Baille, de la convalescence à la lumière

Cyril Baille, pilier du Stade toulousain.
Cyril Baille, pilier du Stade toulousain. Icon Sport - Icon Sport

Second de notre revue la saison dernière après avoir considérablement tiré sur la corde au niveau physique, le Toulousain avait été opéré au mois d’août de l’adducteur gauche qui l’avait beaucoup fait souffrir. Désireux de revenir à la compétition le plus tôt possible, le Toulousain a probablement payé le prix de ces efforts en début de saison, en se blessant peu après son retour, en… marquant un essai contre l’Afrique du Sud ! De quoi accuser une nouvelle absence et manquer une bonne partie de l’année (seulement quatre titularisations en Top 14 cette saison !), ce qui lui vaut probablement d’être descendu dans notre classement… Toutefois, il n’y a décemment pas grand-chose à lui reprocher durant le Tournoi qu’il disputa évidemment en tant que titulaire, ainsi que sur la fin de saison avec Toulouse même s’il n’a pas connu la meilleure soirée de sa vie en finale face à La Rochelle. Mais qu’importe : un titre est un titre et Cyril Baille, qui vient de remporter son troisième Brennus, n’en finit plus de garnir l’armoire à trophées… 

Les surprises : Melikidze, Aldegheri, Sclavi, Colombe...

Alors qu’il était depuis de longues saisons considéré comme le remplaçant de luxe du capitaine parisien Paul Alo-Emile, avoir été celui de Rabah Slimani, Girgi Melikidze a profité des longues absences de l’international australien pour s’affirmer comme un des meilleurs spécialistes du Top 14 au poste de pilier droit. À tel point qu’on se demande encore pourquoi Gonzalo Quesada lui a préféré Vincent Koch pour disputer le barrage contre le Racing 92, qui n’en demandait pas tant… Une faute de goût qui prive probablement Melidkidze d’une place sur notre saison tant sa saison fut aboutie, au point d’avoir inscrit la bagatelle de trois essais. Derrière le Parisien, une autre habituelle "doublure" a brillé cette saison, à savoir le Toulousain Dorian Aldegheri qui a fait bien mieux que tenir le choc en tant que titulaire, palliant les longues absences d’un Charlie Faumuina en bout de course cette saison. Le titre de champion de France le récompense entièrement de sa saison, lui qui a par ailleurs assuré avec brio un intérim en bleu lors du Crunch de Twickenham, en l’absence d’Atonio. Enfin, impossible de ne pas mentionner ici l’incroyable saison du Rochelais Joel Sclavi. Considéré comme un "joueur de doublon" lors de son arrivée l’an dernier, le Puma s’est parfaitement intégré dans la rotation, où il a évolué aussi bien à gauche qu’à droite tout en dépannant parfois au talonnage ! Il s’est à ce titre montré décisif lors de bien de gros matchs, notamment en finale de Champions Cup. Et que dire de son alter ego Georges-Henri Colombe ? Simplement que celui-ci a clairement franchi un cap depuis son transfert du Racing 92, au point d’inscrire l’essai de la victoire contre le Leinster à Dublin. À confirmer dans les mois qui arrivent…

Les déceptions : Falatea, Nyakane, Hounkpatin, et Haouas...

Tenu en grande estime par le staff des Bleus au point d’être souvent convoqué malgré son faible temps de jeu à Clermont, on attendait beaucoup du transfert à l’UBB de Sipili Falatea. Las, s’il a réalisé quelques bonnes performances sous le maillot bleu (inscrivant l’essai de la gagne face aux Springboks ou en tenant 70 minutes contre l’Écosse, notamment), Falatea ne s’est jamais extirpé de son image de finisseur idéal, relégué à Bordeaux dans l’ombre de Tameifuna et Cobilas. On pourrait parler aussi de l’ex-Rochelais Dany Priso, qui a certes beaucoup joué avec Toulon cette année (notamment en raison de la grave blessure de Gros) mais n’en a pas moins reculé dans notre classement (4e l’an dernier), ou encore de Wilfried Hounkpatin qui a connu une saison délicate, à l’image de son club. Le champion du monde Trevor Nyakane, attendu comme le Messie dans les Hauts-de-Seine, n’a pas non plus convaincu, peinant à exister au-delà de la demi-heure de jeu. Enfin, impossible de ne pas mentionner ici Mohamed Haouas dont la saison fut horrible sur le terrain (jamais à la fête avec le MHR, il gâcha sa seule occasion de s’exprimer en bleu en devenant le premier tricolore de l’Histoire à avoir écopé de deux cartons rouges), et plus encore en dehors. N. Z.

Le classement complet

  • 1. Uini Atonio

La Rochelle - Né le 26/3/1990 - 1,96 m; 145 kg. Temps de jeu : 1184 minutes - Points : 10 - Sélections : 50

  • 2. Beka Gigashvili

Toulon - Né le 17/2/1992 - 1,77 m; 116 kg. Temps de jeu : 1477 minutes - Points : 30 - Sélections : 35

  • 3. Cyril Baille

Toulouse - Né le 15/9/1993 - 1,82 m; 116 kg. Temps de jeu : 476 minutes - Points : 5 - Sélections : 43

  • 4. Giorgi Melikidze

Paris - Né le 24/5/1996 - 1,79 m; 117 kg. Temps de jeu : 1160 minutes - Points : 15 - Sél. : 26

  • 5. Reda Wardi

La Rochelle - Né le 2/8/1995 - 1,85 m; 110 kg. Temps de jeu : 1201 minutes - Point : 0 - Sél. : 6

  • 6. Dorian Aldegheri

Toulouse - Né le 4/8/1993 - 1,80 m; 110 kg. Temps de jeu : 1552 minutes - Point : 0 - Sél. : 9

  • 7. Ben Tameifuna

UBB - Né le 30/8/1991 - 1,82 m; 148 kg. Temps de jeu : 832 minutes - Points : 10 - Sél. : 21

  • 8. Sébastien Taofifenua

Lyon - Né le 21/2/1992 - 1,78 m; 130 kg. Temps de jeu : 1015 minutes - Points : 10 - Sél. : 2

  • 9. Joel Sclavi

La Rochelle - Né le 26/5/1994 - 1,90 m; 140 kg. Temps de jeu : 905 minutes - Points : 30 - Sél.: 9

  • 10. Demba Bamba

​​​​​​​Lyon - Né le 17/3/1998 - 1,85 m; 124 kg. Temps de jeu : 832 minutes - Point : 0 - Sél. : 25

  • Dany Priso

Toulon - Né le 2/1/1994 - 1,82 m; 112 kg. Temps de jeu : 1330 minutes - Points : 5 - Sél. : 18

  • Sipili Falatea

UBB - Né le 6/6/1997 - 1,84 m; 116 kg. Temps de jeu : 735 minutes - Points : 5 - Sél. : 12

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Les commentaires (1)
CasimirLeYeti Il y a 10 mois Le 28/06/2023 à 14:23

J'ai toujours aimé son adresse magique avec un ballon, excellente pour un jeu en pivot. Il a beaucoup progressé aussi en mêlée fermée. Son physique était impressionnant mais il manquait rapidement de dynamisme et son endurance était très limitée. Il a énormément progressé sur les 2 derniers points pour devenir un des tous meilleurs piliers droits du monde, chapeau l'artiste !