Top 14 - Bilan des clubs : Bordeaux, la Grande Vadrouille malgré un contexte difficile

Par Tristan Failler
  • L'Union Bordeaux Bègles est allé en demi-finale du Top 14 2023
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Publié le Mis à jour
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Depuis la fin du championnat de France et la victoire du Stade toulousain face au Stade rochelais en finale le 17 juin, chaque club a droit à son bilan. Aujourd'hui, c'est au tour de l'UBB qui a plutôt réussi sa saison. Bordeaux est allé d'émotions négatives en émotions positives, pour au final plutôt bien s'en tirer.

Comme un air de revanche 

Il y a eu de tout. De la tension, de la joie, de la colère, des surprises, et du combat. Bordeaux a tremblé, Bordeaux a souri et Bordeaux a sué. Cette saison, mitigée dans l’ensemble, aura connu le pire puis le plaisir. Quand en début de saison tout va mal, les places de relégation ne sont plus si loin et dans les travées de Chaban, le souffle est court. 11ème à la 11ème journée, le manager Christophe Urios est remercié de ses trois années et demie de bons et loyaux services, en raison de relations houleuses en interne et d’un vestiaire qui n’adhère plus complètement au discours et aux méthodes.

Puis, son duo d’adjoints reprend la main et remet des résultats au cœur du bilan girondin. Si la Coupe d’Europe est un échec cuisant (4 défaites) et contribue à peser dans la balance négative du bilan de Bordeaux, l’UBB remonte la pente doucement en Top 14 et gratte avec mérite sa place en phase finale. Tout est alors remis à zéro et un déplacement en barrage à Lyon donnera aux Bordelais la chance de faire aussi bien que les années précédentes. Et c’est ce qu’ils ont fait. Au terme d’un match dantesque, c’est l’insaisissable Madosh Tambwe qui offre la victoire aux siens à la 78ème minute.

En demi-finale, à Saint-Sébastien, les protégés de Jefferson Poirot affrontent l’ogre rochelais, champion d’Europe en titre quelques semaines plus tôt. Dominé dès l’entame de match et plus globalement dans le premier acte, Bordeaux aura cru en ses chances et tenté de revenir au score, en vain. Le parcours s’arrête donc aux portes de la finale.

Le rebond et le bon coup à Lyon

La capacité à se relever de cette période grisâtre a aussi montré la ressource mentale dont dispose ce groupe composé de divers internationaux. Dans la phase régulière, ils se sont accrochés et ont su s’offrir des victoires précieuses pour grimper dans le bon wagon. En sursis jusqu’au bout, les coéquipiers de Matthieu Jalibert ont obtenu une qualification in extremis à l’avant-dernière journée en s'offrant le bonus offensif contre Pau. Sixièmes de la phase régulière, voilà qu’un déplacement à Lyon est programmé. Et dans un match complètement dingue, ce sont les Aquitains qui s’octroient la victoire et le droit de jouer une demi-finale, la troisième en trois ans.

Les relations entre Christophe Urios et son président Laurent Marti seraient plus que tendues. Le manager, sous contrat jusqu'en 2025, pourrait même quitter le club avant la fin de la saison.

Plus d'infos > https://t.co/ZkkyZnHm6M pic.twitter.com/0fcYlyyNee

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) November 9, 2022

Urios quitte le navire

L’éviction de Christophe Urios a été un moment clé, un tournant dans la saison de l’UBB. En novembre 2022, le manager girondin est remercié avec effet immédiat par la direction girondine. Des tensions en interne, avec certains joueurs, auront eu raison de son poste de manager, et Urios quitte le navire, avant de rebondir à Clermont. Des cadres, comme Matthieu Jalibert avaient été la cible de sa colère en conférence de presse la saison précédente. L'ouvreur international avait répondu que le groupe ne "joue pas pour lui (Urios)". Cette saison, cette amertume traînait et de l’électricité continuait de flotter dans l’air, en raison de ses méthodes parfois jugées exigeantes à l’extrême. Une ambiance de travail qui lui coûta donc sa place à la tête du club à damiers, en plus de l’épée de Damoclès qui pendait au-dessus de sa tête. Le duo Charrier-Laïrle reprend les rênes.

Lucu, patron incognito

Titulaire lors 20 des 22 matchs qu’il a disputés en Top 14, Maxime Lucu (30 ans) a montré qu’il était un véritable patron en se montrant pleinement au service du collectif. Ultra-important dans son rôle de demi de mêlée, il a pris le leadership de cette équipe avec brio et un charisme qui s’est définitivement révélé. Ses prises de paroles au sein du groupe sont percutantes, il réussit à tirer le meilleur de ses coéquipiers.

Très bon dans sa gestion du jeu, il a su mettre à profit par exemple son arme des 50-22 par-dessus les rucks comme une aide à l’avancée de ses troupes. Précis face au but en l’absence de Matthieu Jalibert, Lucu a été l’homme à tout faire dans ce collectif bordelais. Il a d’ailleurs prolongé jusqu’en 2027.

Maxime Lucu montre de la régularité et de la sagesse dans son jeu
Maxime Lucu montre de la régularité et de la sagesse dans son jeu

Et maintenant une finale ?

Pour la saison suivante, Bordeaux a décidé de s’armer. Un facteur X, parmi les tout meilleurs joueurs du monde arrive dans cet effectif déjà composé d’éléments de classe mondiale. Damian Penaud, probablement le joueur offensif le plus dangereux de la planète débarque en Gironde. Marqueur hors pair, dynamiteur de défense et athlète impressionnant, l’ailier clermontois aura pour mission de faire passer un nouveau cap à son futur club. Il aura aussi comme objectif de faire oublier l’important Santiago Cordero, un des chouchous du club aquitain. Les Australiens Ben Tapuaï (34 ans) et Pete Samu (31 ans) arrivent eux aussi avec de l’expérience à apporter à ce collectif qui ne demande qu’à grandir encore plus.

Les départs du très précieux Tom Willis, possiblement co-meilleur joueur de la mi-saison et récemment appelé avec l'Angleterre pour préparer la Coupe du monde (8 septembre-28 octobre), vers les Saracens, de Caleb Timu, auteur d’une belle fin de saison ou encore de Cordero seront forcément préjudiciables. Mais Bordeaux doit passer ce cap, casser ce plafond de verre qui les laisse dans le dernier carré sans jamais atteindre la finale. Alors si c’est évidemment difficile dans l’ère où les deux Stades (toulousain et rochelais) dominent outrageusement le championnat, il ne reste plus que ça à Bordeaux pour marquer définitivement sa place parmi l’élite de l’élite.

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