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Pro D2 - Grenoble, l’ascenseur émotionnel

  • Jeudi, dans le courant de l’après-midi, la décision de la DNACG est tombée. Le FCG reste en Pro D2 avec une sanction de six points au classement. Vendredi c’est dans la joie que s’est déroulé l’entraînement. Photo FCG
    Jeudi, dans le courant de l’après-midi, la décision de la DNACG est tombée. Le FCG reste en Pro D2 avec une sanction de six points au classement. Vendredi c’est dans la joie que s’est déroulé l’entraînement. Photo FCG
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Tout proches de l’accession en Top 14 voilà un mois puis aux portes du dépot de bilan quatre petits jours après avoir repris l’entraînement, les Isérois ont accueilli avec un énorme soulagement la nouvelle de leur maintien en Pro D2, jeudi soir. Récit de vingt-quatre heures pas vraiment comme les autres…

Ils s’étaient retrouvés le 3 juillet à Lesdiguières, sans vraiment savoir pour certains ce qu’ils faisaient là. Pensez donc ! Tout proches de l’accession en Top 14 un mois plus tôt, avec une défaite en finale contre Oyonnax (3-14) et une autre lors de l’access-match face à Perpignan (19-33), les Isérois avaient essuyé un ascenseur émotionnel terrible trois jours plus tard, avec l’annonce de leur rétrogradation en Nationale par l’A2R. Depuis ? Les joueurs grenoblois n’avaient d’autre choix que d’attendre le verdict de l’appel réclamé par leurs nouveaux dirigeants sommés de combler un trou de trois millions d’euros, voyant le suspense s’étendre toujours plus, ralenti par d’interminables échanges de courriers… À tel point qu’en début de semaine, histoire de respecter leur planning de préparation, les Grenoblois avaient attaqué l’entraînement sans savoir à quelle sauce leur club allait être mangé. Comme si de rien n’était, ou presque… "Comme tous les joueurs, j’ai essayé de ne pas trop me polluer l’esprit pendant les vacances avec des choses que je ne pouvais pas maîtriser, en essayant de dédramatiser aussi, témoignait le capitaine Steeve Blanc-Mappaz. Il s’agissait juste de reprendre l’entraînement et vivre au jour le jour." "Toute la semaine, j’ai trouvé le groupe très réceptif, sérieux, appliqué, assurait le nouveau manager Aubin Hueber, dont le téléphone n’a évidemment pas cessé de vibrer tout le début de semaine, sous la pression notamment des agents de joueurs. C’était très satisfaisant pour nous, même si on se doutait bien qu’il y aurait un avant et un après jeudi soir…" "Quelque part, je crois qu’on s’est réfugié dans le travail tout au long de la semaine, pour chasser les idées noires, convenait Blanc-Mappaz. Mais j’avoue que jeudi soir, lorsque le président m’a appelé pour m’annoncer la bonne nouvelle, j’ai ressenti un sacré truc au fond de moi."

"Vu l’ampleur du déficit, on n’aurait jamais eu les moyens d’évoluer en nationale"

Ce "truc" en question ? Oh, rien moins qu’un mélange ineffable entre le légitime soulagement et une bonne dose de décompression. Un sentiment évidemment partagé en premier lieu par Patrick Goffi, qui deviendra officiellement le président du club à la mi-juillet, après avoir œuvré pendant un mois en coulisses à sauver ce qui pouvait encore l’être en compagnie du président du directoire Laurent Pélissier. "L’annonce de notre maintien, je ne l’ai pas vécue différemment de tout le monde, glissait le nouvel homme fort du club. Même s’il fallait encore travailler sur certains aspects dès le jeudi soir, j’ai connu un point de décompression. Parce qu’au-delà de la fierté d’avoir remporté ce combat et de ma petite personne, l’enjeu, c’était la survie du club. Si nous avions perdu cette bataille, les conséquences auraient été catastrophiques, dramatiques… Il faut être clair : jamais le club n’aurait eu les moyens d’évoluer en Nationale, vu l’ampleur de son déficit." "Les professionnels auraient toujours pu rebondir, mais c’est pour les jeunes que je me faisais le plus de souci, prolongeait Blanc-Mappaz. Les cadets ont été champions de France, les Crabos demi-finalistes, il y a des internationaux dans toutes les catégories… C’était important qu’ils puissent continuer à grandir ici, ce qui n’aurait pas été possible si nous n’avions pas été maintenus en Pro D2." "On n’était pas vraiment dupe, on se doutait bien que si le club ne passait pas en appel, on se dirigeait tout droit vers un dépôt de bilan, nous glissait vendredi matin le troisième ligne Thibault Martel. Cela veut dire qu’il aurait fallu repartir de très bas. En Fédérale 1, Fédérale 3 peut-être, voire pire… Forcément, cela n’a pas aidé à la sérénité pendant les vacances d’été. Le soulagement n’en est que plus grand pour nous, cette semaine."

Remerciements aux salariés

C’est ainsi que, vendredi matin, Patrick Goffi a pris le temps de recevoir tous les employés du club dans l’intimité de Lesdiguières. Le groupe des joueurs et leur staff, d’abord, puis l’ensemble du personnel administratif. "Je voulais simplement les remercier d’avoir démontré autant de sérénité et d’investissement dans une période forcément très difficile pour eux, soulignait Goffi. Le FCG, c’est pratiquement cent employés, lesquels se seraient retrouvés au chômage en cas de dépôt de bilan. Le dégât humain aurait été considérable et l’investissement dont tous ont fait preuve pendant ce mois de juin a amplement contribué à nous permettre de relever ce défi. Je suis plus que jamais persuadé que nous pouvons désormais en relever d’autres." À commencer par ces quatre points retranchés au classement que le FCG souhaite encore faire la démarche de contester auprès du CNOSF, partant du principe que les deux points de sursis de la saison dernière sont indiscutables. Mais aussi la construction d’un budget légèrement supérieur à 13 millions d’euros qui doit permettre au FCG de retrouver l’équilibre à l’horizon 2024-2025. "Pour solder le passif, on n’a rien demandé à personne, rappelait Goffi. C’est pourquoi nous comptons désormais sur une énorme mobilisation de nos partenaires et nos supporters pour venir au soutien de cette équipe qui a démontré la saison dernière sur le terrain qu’elle le méritait. Il ne s’agit plus de se mobiliser pour boucher des trous, mais pour construire l’avenir, et mener à bien des projets qui doivent permettre au club de s’asseoir sur des actifs, comme son centre de performance qui est plus que jamais d’actualité ou son centre de vie."

Des perspectives bien éloignées, pour le moment, des attentes des joueurs, lesquels ont connu vendredi une inévitable décompression sur le terrain que les éclats de voix du préparateur physique Pierre Sagot ou de l’entraîneur des avants Patrick Pézery n’ont pas toujours suffi à contenir. Qu’à cela ne tienne : pour Grenoble, l’essentiel était probablement ailleurs, à savoir une insouciance enfin retrouvée, qui s’est matérialisée dès l’après-midi par une sortie paddle sur le Lac du Bourget, à Aix-les-Bains. "On ne peut pas ne pas prendre en compte le contexte, l’angoisse qu’ont connu les joueurs, en particulier ceux qui venaient juste d’arriver, souriait Hueber. C’est pour cela qu’il était important, dès le vendredi, de marquer le coup en accordant aux joueurs et au staff un moment de détente. Dans la construction de notre début de saison, c’est quelque chose que l’on souhaitait systématiser et je crois que cette semaine, c’est tombé au bon moment." Place au terrain, enfin…

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