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Top 14 - Entretien avec Joe El Abd : "Il faudra compter avec Oyonnax, nous voulons montrer que nous pouvons exister"

Par Jean-Pierre DUNAND
  • Joe AL Abd compte bien exister en Top 14 avec Oyonnax.
    Joe AL Abd compte bien exister en Top 14 avec Oyonnax. Icon Sport
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Joe El Abd mise sur la force du groupe oyonnaxien pour relever un nouveau défi. Le patron des Oyomen l'assure, il faudra compter sur les Aindinois en Top 14.

La saison passée a-t-elle été celle que vous attendiez ?

Celle que je n’attendais peut-être pas, mais certainement celle que j’espérais. Notre ambition était d’atteindre notre objectif. Chaque saison nous débutons avec beaucoup d’espoirs, et nous avons réalisé une saison complète, réussie, conclue par un titre et une accession en Top 14.

Cette double récompense constitue-t-elle à vos yeux un aboutissement ?

Ce n’est pas l’aboutissement de notre projet, mais c’est effectivement celui de notre saison parce que tout cela répond à nos ambitions. Il y a dix ans j’avais déjà vécu le bonheur d’un titre et d’une montée en Top 14 avec Oyonnax, mais à l’époque il n’y avait pas le passage obligé par la phase finale. Il est évident que la formule actuelle rend la compétition encore plus difficile, mais elle rend aussi la réussite encore plus belle. Nous sommes très fiers de notre parcours.

Cette fierté ne découle-t-elle pas aussi du fait qu’Oyonnax était le grand favori et que vous avez assumé tout au long de la saison ?

C’est la promesse que nous nous étions faite en début de saison en sachant que tout le monde allait nous attendre. Du début à la fin nous avons assumé ce statut alors que beaucoup attendaient qu‘Oyonnax tombe. La force du groupe nous a portés et c’est ce qui a rendu cette saison encore plus belle.

Quels ont été les moments les plus difficiles ?

Il y en a eu. Par exemple quand Taylor Paris a dû nous quitter suite à une blessure. Sur le terrain le groupe a surmonté les difficultés et quand nous avons eu l’assurance d’avoir en poche notre billet pour la phase finale, nous avons su entretenir la dynamique. Nous savions que la phase finale ne constituait qu’un point de passage. C’est à la fin du championnat que nous avions besoin de jouer notre meilleur rugby. Il fallait garder les joueurs en éveil, les stimuler avec différents challenges. Cela n’a pas été difficile à proprement parler, mais c’était différent par rapport aux autres saisons. Quand on mène le championnat de vingt points, ce n’est pas évident de maintenir le niveau d’exigence. L’enjeu réel des matchs était relatif, mais nous voulions continuer à progresser.

Quelle a été l’émotion la plus forte de cette saison ?

Il y a eu ce moment particulier quand face à Vannes nous avons franchi le cap de la demi-finale, après trois échecs consécutifs. Mais la finale reste à part, c’est elle que nous attendions depuis le premier jour. Elle a été serrée, ce qui est normal quand on joue contre le deuxième du championnat, mais elle a été maîtrisée. Les joueurs sont restés zen jusqu’au bout. C’est ce qui nous a permis d’inscrire un essai sur la dernière action pour offrir à Oyonnax son troisième titre, dix ans après le premier.

Ce premier titre que vous évoquez, vous l’aviez vécu comme joueur. Dix ans après, vous récidivez comme entraîneur. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Pour moi le collectif restera toujours le plus important. Retrouver le Top 14 c’était l’objectif fixé quand je suis revenu au club comme manager. Nous avons partagé cette joie avec les joueurs, avec le staff, avec les supporters. Avoir réussi à faire cela deux fois, c’est magique. Oyonnax est une petite ville. Nous n’avions pas le plus gros budget. Nous avons fait avec nos moyens, en misant sur notre savoir-faire. Cela montre qu’avec du travail on peut réaliser de grandes choses.

N’est-ce pas le propre des Oyomen, un concept dont vous avez été l’un des instigateurs il y a dix ans ?

L’histoire d’Oyonnax n’a pas débuté il y a dix ans. C’est un club qui est entré dans le rugby professionnel il y a vingt ans, à force de travail, en cherchant toujours à avancer. Oyonnax s’est construit dans le temps, sur des bases financières toujours très saines. Il y a dix ans, une étape supplémentaire a été franchie. Dans la continuité de l’histoire du club, nous voulions créer notre identité. Tout le monde se demandait comment un club comme Oyonnax pouvait dominer le championnat de Pro D2. Pour résumer notre état d’esprit nous avions besoin de trouver un nom et c’est là que l’on a commencé à parler des Oyomen et de leurs valeurs qui sont celles de la ville et de son territoire.

À Oyonnax vous avez terminé votre carrière de joueur et commencé celle d’entraîneur. Il y a là une véritable histoire ?

J’ai eu cette chance de terminer ma carrière dans ce club qui porte en lui les vraies valeurs du rugby. J’ai vécu la montée, la saison du maintien. Christophe Urios m’a offert la chance de commencer mon parcours d’entraîneur à ses côtés. Il maîtrisait déjà parfaitement son métier. Apprendre à ses côtés, en Top 14, avec les joueurs qui avaient été mes équipiers reste quelque chose d’inoubliable. Cette saison-là, Oyonnax a terminé sixième, a disputé un barrage contre Toulouse. Je ne pouvais pas espérer de plus beaux débuts.

Après Oyonnax vous avez poursuivi votre carrière d’entraîneur, avec Christophe Urios, à Castres. Qu’avez-vous appris à ses côtés ?

Christophe est quelqu’un qui connaît parfaitement le rugby, mais il m’a aussi beaucoup apporté en termes de management. Il est très attaché à la dimension humaine. Avec lui j’ai appris comment permettre aux joueurs de donner le meilleur d’eux-mêmes, comment avancer, progresser quand on n’a pas le plus gros budget, le plus gros effectif. Quand on est à Oyonnax, il faut tout maximiser, tout optimiser pour rivaliser avec les meilleurs. Avec Christophe Urios j’ai beaucoup appris, comme joueur, puis comme entraîneur, à Oyonnax puis à Castres.

Donner le maximum sera pour Oyonnax une obligation cette saison en Top 14. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?

C’est un moment que nous attendons depuis longtemps. Le défi sera très relevé, mais il est magnifique. Il y a de l’excitation et surtout beaucoup de motivation. Nous avons hâte d’étalonner notre niveau dans le plus grand championnat au monde. Nous avons dans notre groupe beaucoup de joueurs qui connaissent le Top 14, mais aussi beaucoup d’autres qui vont découvrir cette compétition. C’est cette même dynamique que nous avions il y a dix ans. La saison passée Oyonnax a dominé la Pro D2 et a accédé au Top 14 par la grande porte. Nous sommes fiers d’être là.

Après avoir assumé l’étiquette de favori, Oyonnax va devoir porter celle de promu.

Tout le monde a déjà prédit notre sort. C’est normal, nous l’acceptons. Maintenant nous allons tout faire pour déjouer les pronostics. Pour cela nous devrons à chaque fois afficher nos valeurs. Il faudra jouer chaque match comme s’il s’agissait d’une finale. La saison passée nous aurions pu nous montrer suffisants, nous sommes restés humbles et appliqués, sans jamais relâcher notre niveau d’engagement. Nous ne serons pas confrontés à la même problématique, mais nous aurons la même volonté de réussir. Nous avons beaucoup de considération pour les grandes équipes que nous allons rencontrer mais pour mettre notre jeu en place, il ne faudra pas se contenter de les respecter. Avec nos valeurs, la qualité de nos joueurs, notre ambition, notre état d’esprit, notre mission sera de perturber l’ordre établi. Nous allons nous concentrer sur nous en sachant que notre job sera de progresser chaque semaine.

Quelle peut-être la principale force d’Oyonnax face à une adversité plus que relevée ?

Il y a cette identité des Oyomen, très forte parce qu’ancrée dans la ville. Leurs valeurs ont permis au club de grimper dans la hiérarchie. Il y a aussi le groupe qui a grandi et appris ensemble. Neuf nouveaux joueurs nous rejoignent pour nous apporter un plus, mais l’ossature de notre groupe demeure inchangée. Les joueurs partagent un vécu commun, renforcé par le titre et la montée décrochés la saison passée. Nous sommes là où nous voulions être et cela aussi sera un atout.

Peut-on résumer les ambitions d’Oyonnax au seul maintien ?

En tant que promu ce sera bien sur l’objectif à atteindre, mais notre ambition et de permettre à notre club de continuer à avancer, à progresser. C’est notre projet depuis que je suis revenu au club il y a quatre ans. C’est ce que nous avons su faire au fil des saisons. Notre jeu a évolué. Le club a encore amélioré ses structures. Oyonnax veut poursuivre cette progression. Les échéances qui nous attendent seront encore plus relevées, il faudra donc évoluer encore plus vite. Tout le monde nous regarde comme le petit, mais nous voulons montrer qu’Oyonnax peut exister en Top 14, qu’il faudra compter avec nous.

Le défi s’annonce de taille ?

Depuis toujours le défi fait partie intégrante de l’ADN d’Oyonnax.

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Les commentaires (1)
Tchavo Il y a 9 mois Le 02/08/2023 à 09:55

Ah oui bien sûr ... les déclarations de J.El Abd sont légitimes et de circonstances , il est dans son rôle .
À Perpignan nous sommes bien placés pour savoir que le maintien en Top14 n'est pas chose aisée .
Le niveau n'est pas le même , de plus les autres clubs viennent à la maison pour prendre des points . Bon vent à Oyo .