L'édito : douze ans plus tard

Par Emmanuel Massicard
  • Louis Bielle-Biarrey (à gauche) et Emilien Gailleton (à droite)
    Louis Bielle-Biarrey (à gauche) et Emilien Gailleton (à droite) Patrick Derewiany - MO - Patrick Derewiany - MO
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Vous vous souvenez des "Sales Gosses" ? Oui, c’est bien d’eux dont il est question, les fortes têtes ainsi baptisées par Marc Lièvremont lors de la Coupe du monde 2011 en Nouvelle-Zélande ; un brin paternaliste, il était surtout énervé par le comportement erratique de ses joueurs.

L’aventure se termina pourtant en finale, perdue face aux Blacks (8-7), avec des joueurs qui, enfin, avaient pris en main leur destin. Il ne manqua pas grand-chose mais c’est suffisant pour que nos regrets soient éternels : jamais un XV de France ne nous était apparu aussi proche du titre de champion du monde ; et jamais, depuis, il n’est revenu en finale.

Pourquoi vous parler ici et maintenant des "Sales Gosses" ? Tout simplement parce que nous sommes désormais à l’aube de revivre une chance inouïe de toucher enfin au Graal mondial. Elle est servie par cette génération dorée, jeune, décomplexée et décoiffante incarnée par les Alldritt, Dupont, Ntamack, Marchand, Fickou, Penaud et autres Jelonch. Sans oublier les Vincent, Flament ou désormais Gailleton, Bielle-Biarrey et Boudehent qui tentent de brouiller les cartes de la concurrence. Ils sont donc ces "Bons Gamins", rugbymen déjà madrés, décomplexés, ouverts et accessibles, avec souvent l’allure parfaite du gendre idéal que l’on dessine sans vraiment savoir de qui l’on parle.

La différence entre les "Sales Gosses" d’hier et les "BG" d’aujourd’hui ? Douze ans, des crises et des tempêtes qui ont conduit à des choix stratégiques majeurs dont les Jiff n’y revenons pas. Surtout, l’organisation de ce Mondial 2023 qui sert de phare, concentre et magnifie toutes les énergies. À commencer par le management de Fabien Galthié qui fit la synthèse des erreurs du passé avant de développer le leadership de ses joueurs et, très tôt dans l’aventure, de les responsabiliser sur tous les fronts pour obtenir une adhésion sans faille.

Résultat, l’équipe de France n’est plus un rebutoir sportif, passage obligé pour valoriser une carrière mais aussi une machine à briser. Tout contraire, en retrouvant le succès et donc la légitimité, la sélection est redevenue le point majeur d’une carrière. Notre église au centre du village.

La différence, encore ? Évidemment une part de talent et des profils uniques ; des joueurs rodés, parmi les meilleurs mondiaux et, surtout, bien en phase avec leur époque.

Car ces Bleus sont les premiers héritiers du professionnalisme dont ils maîtrisent tous les codes, appréhendent tous les contours. Loin d’être nés avec la cuillère en argent dans la bouche de l’entre-soi rugbystique, ils sont à l’aise avec leur monde et leur époque. Sans tabou face à l’argent qui coule autour de l’échéance Coupe du monde, ils transpirent surtout le rugby comme très peu d’autres avant eux, celui d’aujourd’hui certainement plus qu’hier dont ils n’ont pas toujours forcément entendu parler…

Douze ans ont passé entre ces gosses de sélectionneurs et c’est un monde qui paraît les séparer, témoignant de l’évolution du rugby français. Reste la quête du Graal…

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