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XV de France - Grégory Alldritt : "J’aime bien faire confiance au destin"

Par Propos recueillis à Capbreton par Vincent Bissonnet
  • Gregory Alldritt lors du stage de préparation à Marcoussis.
    Gregory Alldritt lors du stage de préparation à Marcoussis. Icon Sport - Icon Sport
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Le capitaine rochelais va effectuer son retour sur les terrains ce samedi face à l’Écosse. Avant de revenir dans le feu de l’action, il nous parle de sa forme physique du moment, des forces de ce groupe, de ses partenaires maritimes ou encore de son état d’esprit à moins d’un mois du début de la Coupe du monde.

Qu’attendez-vous de cette deuxième rencontre de préparation ?

De gagner ! Comme l’avait dit Fabien Galthié à sa prise de fonctions il y a quatre ans, on veut gagner tous les matchs. Nous avons soif de victoires, on ne s’en lassera jamais. Pour le reste, il faudrait la performance collective la plus constante possible dans l’engagement et les attitudes.

En quoi le Grégory Alldritt que l’on va retrouver ce samedi sera différent de celui que l’on a quitté le soir de la finale de Top 14, le 17 juin, il y a près de deux mois ?

Je me sens très bien. Depuis, il y a eu de la récupération, physique et mentale, avec du temps en famille, mais surtout un mois de travail très intense, très exigeant. Mais quand tu te retrouves dans des endroits extraordinaires comme à Monaco ou à Capbreton, c’est un plaisir d’aller s’entraîner le matin. Je n’ai qu’une hâte désormais : celle de jouer pour me confronter à la réalité du terrain.

Y a-t-il une part d’inconnu ou d’appréhension après une telle coupure ?

Non car, avec l’expérience accumulée au fil des ans, je sais de quoi je suis capable et je connais les attentes liées à ce niveau. Je suis simplement heureux de pouvoir rejouer. Parfois, on n’est pas assez reposé ou on a moins envie d’aller sur le terrain. Mais là, tous les voyants sont au vert. Je veux savoir où j’en suis.

Sur quoi avez-vous axé votre préparation individuelle ? On sait que Thibault Giroud avait le souci d’individualiser au maximum les programmes…

Ce que j’ai travaillé est propre au jeu que je produis depuis quatre ans. Je ne suis pas le genre de joueur qui va faire des courses de 100 mètres, vous savez. En revanche, la répétition de petites accélérations sur 5-10 mètres et l’enchaînement des efforts, ça, c’est la base de mon jeu. Nous avons beaucoup travaillé sur ces points. Je sens que j’ai vraiment pu progresser. Les données GPS sont plutôt bonnes en ce moment.

Dans ces colonnes, fin juin, Antoine Dupont parlait du rendez-vous d’une vie. Ce qui sous-tend que vous devez l’aborder dans la forme de votre vie, non ?

Oui. C’est pour ça que même si le mois de juillet a été très dur, tout le monde a donné le maximum de lui-même. Avec l’objectif que l’on a en tête, ça change tout. Je n’ai vu personne rechigner à la tâche. Nous attendons cette compétition depuis quatre ans. Alors, ce serait franchement bête d’avoir des regrets à la fin de la compétition pour quelques détails manqués.

En quoi la préparation de 2019 vous a-t-elle été utile, si tel est le cas ?

C’était tellement différent qu’il est dur de dresser un parallèle si ce n’est que c’est très dur et que l’on a beaucoup sué. Cette fois, on arrive avec un vécu. Ça fait quatre ans que l’on joue quasiment tous ensemble. Je ne fais pas cette préparation avec des coéquipiers mais avec des amis. Et on connaît aussi bien notre rugby. Nous ne sommes pas dans l’inconnu. En 2019, il y avait de nouvelles personnes dans l’encadrement, on ne savait pas à quoi s’attendre et c’était la première fois que l’on était confronté à cette intensité.

À quel point la fraîcheur mentale peut-elle compter ? On vous sait vigilant sur la question et l’encadrement a voulu mettre l’accent sur ce point…

Ça a été un pari de la part du staff d’avoir ce fonctionnement à Capbreton avec des moments en groupe et d’autres en famille. Ça a été pensé ainsi afin que l’on soit le plus frais possible mentalement pour être pleinement d’attaque début septembre. J’adhère à cette formule, elle permet d’avoir un peu d’air à côté du rugby.

Comment ressentez-vous le souffle nouveau amené par les nouveaux capés cet été et encore plus depuis la semaine dernière ?

Le match en Écosse a été top pour le groupe. Il a permis de montrer que l’on avait un ensemble de 42 joueurs performants. Pour nous qui allons jouer ce week-end, ça nous met un coup de boost aussi. La sélection a besoin de cette émulation pour aller au bout de la Coupe du monde.

Parmi les curiosités d’Édimbourg, il y avait vos deux compères de la troisième ligne rochelaise, Yoan Tanga et Paul Boudehent, qui ont convaincu. Que pouvez-vous nous en dire ?

Je n’ai pas du tout été surpris, je les ai retrouvés comme je les connais. "Yo" est un joueur très dynamique, il l’a montré régulièrement en Top 14 et en Coupe d’Europe. On était un peu déçu qu’il se blesse et qu’il ne puisse pas être utilisé sur la fin de saison passée. Mais si on l’avait fait venir à La Rochelle, c’est parce que c’est un grand joueur et il l’a encore prouvé en Écosse. Quant à Paul, sa prestation s’inscrit dans la lignée de sa saison, avec ce mélange d’insouciance et de travail qui lui permet d’accomplir de grandes choses.

Comment vivez-vous l’approche de la date du 21 août qui verra neuf de vos partenaires quitter l’aventure du jour au lendemain ?

Ce n’est pas à nous, joueurs, de nous prendre la tête avec ça. Ce n’est pas notre problème, j’ai envie de dire. Notre seule préoccupation doit être de tout donner pour montrer de quoi on est capable et pour rendre la tâche des coachs la plus difficile possible. Évidemment, on sait qu’il y aura des déçus et des heureux. Pour les heureux, attention d’ailleurs : ce n’est pas une fin en soi, ce n’est que le début. Concernant les déçus, il leur faudra digérer le plus vite possible car ils pourront être appelés sur blessure par la suite.

En 2019, comment aviez-vous vécu la préparation, alors que vous n’aviez que cinq sélections au compteur au début de l’été ?

J’étais encore dans la découverte du niveau international, j’avançais petit à petit. J’avais de l’appétit mais je dirais peut-être que j’ai plus de détermination maintenant qu’en 2019. On ne savait pas trop où on mettait les pieds à l’époque. Là, on est les plus déterminés possible. On ne dit pas que ce sera facile. Ce sera même tout le contraire même si beaucoup nous voient déjà en finale. Il y aura beaucoup de challenges à relever avant d’en arriver là.

L’annonce de la liste finale avait-elle été une angoisse personnelle, il y a quatre ans ?

Le format était différent, déjà : il y avait un groupe de joueurs retenus, des réservistes et on pouvait passer de l’un à l’autre. Vous savez, je n’ai jamais été du genre à me prendre la tête avec des calculs. J’aime bien faire confiance au destin. Et je me donne à fond. Si ça sourit, je suis le plus heureux ; si ça ne le fait pas, je suis déçu mais ça m’amène de la motivation pour changer les choses la prochaine fois.

Ce week-end va marquer votre retour à la compétition aux côtés des habituels leaders de jeu. Pouvez-vous nous parler de la croissance de la colonne vertébrale que vous formez avec Julien Marchand, Antoine Dupont, Romain Ntamack et Thomas Ramos ?

C’est vrai que l’on a beaucoup de vécu ensemble et que ça compte. Mais ce qui fait la force du groupe France, comme on l’a montré dans la difficulté, lors des tournées ou après avoir reçu des cartons rouges, c’est que l’équipe continue de performer même si on doit changer un ou deux joueurs. Il serait dommage de faire un focus sur la colonne vertébrale en disant que si les titulaires habituels sont là, tout va bien, et que s’ils ne sont pas là, eh bien non… Nous avons réussi à prouver le contraire. L’important est que le collectif soit fort. C’est là notre grande force.

À quel point la proximité que vous avez en dehors du terrain avec les autres leaders de jeu peut-elle être un atout supplémentaire ? On pense évidemment à Julien Marchand, Antoine Dupont…

C’est clair que ça facilite les choses. Que ce soit "Ju" Marchand, "Toto" Dupont, Gaël (Fickou), Charles (Ollivon), s’ils font des conneries, je serai le premier à leur dire : "Là, tu as fait un truc, c’était nul." Et vice-versa, ils ne manqueront pas de me lancer "tu aurais pu me donner le ballon, tu as loupé ce plaquage, c’était cata". Ce sont de très bons amis, comme il y en a d’autres dans le groupe. Cette transparence qu’il y a entre nous, dans la bienveillance, est importante. Il faut pouvoir se dire les choses en toute franchise pour avancer.

Le XV de France est par définition un mélange de tous les clubs mais il y a deux axes forts, autour de Toulouse et de La Rochelle… Est-ce un facilitateur en termes de repères et de vécu ?

Oui, il y a de grosses tendances avec les Toulousains et les Rochelais mais les joueurs des autres clubs sont tout aussi importants. Le principe de la sélection est de prendre les meilleurs joueurs à chaque poste, tout simplement. Ce serait en tout cas réducteur de dire que c’est Toulouse et La Rochelle qui font l’équipe de France. Ca va bien plus loin.

Pensez-vous déjà à la Nouvelle-Zélande ?

C’est dans un coin de la tête, oui. On travaille en vue du match des Blacks mais aussi pour la suite.

Avez-vous commencé à analyser le jeu de vos adversaires à la Coupe du monde ?

Pour l’heure, nous travaillons beaucoup sur nous-mêmes. On regarde les images de nos matchs pour essayer de progresser sur notre rugby. Les spécificités par rapport aux adversaires, ce sera pour plus tard, à mesure que l’on s’approchera des rencontres.

L’exigence est-elle plus forte de la part du staff au regard de l’enjeu ?

Bien sûr. Il y a beaucoup d’exigences. C’est ce dont on a besoin si l’on veut aller loin dans cette compétition. Il faut que le staff soit exigeant envers nous et nous aussi envers nous-mêmes. Il n’y a que comme ça que l’on pourra être à notre meilleur niveau.

Avez-vous regardé les matchs du Rugby Championship ?

Je ne les ai pas vus mais j’ai visionné des extraits, des actions. Ça prouve une fois encore que le niveau international est très élevé : toutes les nations arriveront dans une forme optimale. Il y aura beaucoup d’équipes qui joueront le titre cette année.

Les Blacks, notamment, font forte impression…

Je n’étais pas inquiet pour eux, vous savez.

Qu’est-ce qui vous fait dire, aujourd’hui, que la France peut devenir championne du monde ?

On a prouvé que l’on pouvait gagner face à de grandes équipes. On a aussi prouvé que l’on pouvait remporter de grandes compétitions. Et je pense, comme je vous l’ai dit tout au long de cet entretien, que chacun, au sein de ce groupe, est prêt à faire tous les sacrifices qu’il faudra pour atteindre cet objectif. Enfin, j’espère, je suis sûr même, que la ferveur que l’on sent derrière nous va nous pousser et nous amener loin. Depuis quatre ans, nos supporters nous ont beaucoup aidés. Et on sent que leur soutien va être encore plus fort dans les semaines à venir.

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