Top 14 - La Rochelle délocalise à Angers : "Ça confirme que la notoriété du club s’étend"

Par Romain Asselin
  • Face au Lou, le Stade rochelais a choisi de délocaliser à Angers le match de la deuxième journée de Top 14.
    Face au Lou, le Stade rochelais a choisi de délocaliser à Angers le match de la deuxième journée de Top 14. Icon Sport
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Affiche phare de la 2e journée de Top 14, l’alléchant Stade Rochelais-LOU Rugby (samedi, 15h) ne se joue non pas dans l’antre de Marcel Deflandre – en travaux jusqu’en octobre – mais au Stade Raymond Kopa d’Angers, à 180 kilomètres plus au nord avec sa capacité de 19.350 places. Ce qui n’empêchera pas le public maritime de se déplacer en masse. Focus sur cette délocalisation avec Thomas Rousseau, directeur d’exploitation du Stade rochelais, et Chloé Stévenet, responsable communication.

Pourquoi avoir choisi Angers pour cette délocalisation ?

Thomas Rousseau : L’objectif n’était pas de faire une délocalisation sur un stade de grande jauge. Le stade Raymond Kopa n’est pas beaucoup plus gros que Deflandre (19.350 places, N.D.L.R.). C’est plus une activation de partenariat avec le SCO Angers Rugby, très impliqué dans l’organisation du match et qui va se "servir" de l’évènement pour faire vivre son réseau de licenciés, de clubs partenaires. On sent une grosse émulation. Les licenciés de l’école de rugby vont faire la haie d’honneur, ramasser les ballons, présenter un trophée à la mi-temps… L’objectif était aussi de pouvoir aller sur un territoire qui nous convient et en essayant de minimiser la contrainte de déplacement pour nos abonnés et partenaires.

D’autres pistes ont-elles été envisagées ?

T.R : On a réfléchi à d’autres enceintes sur notre territoire, comme La Beaujoire à Nantes. Malgré la bonne entente avec les équipes du FC Nantes, c’est un stade Coupe du monde donc pas disponible. On s’est dit que l’utilité d’aller à Bordeaux n’était pas tellement forte. On préférait aller dans le Maine-et-Loire. On a senti un réel engouement. Le SCO Angers foot est aussi un réel moteur dans l’organisation, malgré la descente en Ligue 2 et un calendrier infernal pour eux. En plus de notre match, ils ont trois réceptions en quatre week-ends. Ils font du super boulot.

Engouement qui résonne aussi en ville ?

Chloé Stévenet : On sent une attente importante des gens qui habitent dans Angers et sa périphérie. Ça confirme que la notoriété du club s’étend de plus en plus loin. Son attractivité et sa sympathie, aussi. Lors de la première mise en ventes de places, les 2 000 billets ont été vendus en 20 minutes ! Il y a une vraie pression sur la billetterie. On espère contenter un maximum de monde. Le Stade d’Angers se prête tout à fait à l’exercice du rugby. Les tribunes sont très proches du terrain, l’enceinte n’est pas trop "grosse". Je pense que les supporters rochelais seront ravis d’assister à un match là-bas.

Cette délocalisation, inédite, peut-elle en appeler d’autres ?

C. S : Cette saison, c’est une contrainte (travaux à Deflandre, N.D.L.R) que l’on a tournée en opportunité. C’est un bon test. Il y a quelques années, on avait posé la question à nos abonnés et partenaires quant à savoir si une délocalisation les enthousiasmerait. La réponse n’avait pas été très positive, on avait revu nos ambitions à la baisse. C’était une piste que l’on investiguait, d’organiser un match dans un stade de grande jauge. Depuis, le club a joué pas mal de phases finales donc nos supporters ont pas mal d’opportunités de se déplacer en nombre pour soutenir l’équipe dans les grands stades. La question n’est donc pas d’actualité. Maintenant, le club a des plans d’action à cinq, dix ans. C’est une réflexion que l’on mènera nécessairement à un moment donné. L’idée, c’est que les curseurs soient alignés au mieux pour satisfaire tout le monde.

Il y a toujours eu du public à Deflandre

Les supporters en attente d’un abonnement poussent-ils en faveur de délocalisations ?

T. R : Non. Ce qu’ils souhaitent, c’est accéder à des places à Deflandre car l’expérience Deflandre est – de mon point de vue, même si je suis parti pris (sourire) – assez incomparable !

C. S : On le voit par exemple sur les matchs de coupe d’Europe où le public anglais, notamment, se déplace en nombre. On reçoit des mails de supporters, la semaine suivante, pour nous dire qu’ils ont passé un super moment à Deflandre. C’est une vraie fierté. On travaille tous pour ça, pour que les gens passent un moment d’émotion, qu’ils ressortent de Marcel Deflandre avec le sentiment d’un moment sympa, où ils ont pu accéder aux joueurs, passer un bon moment entre copains ou en famille. Ça, pour le moment, on y parvient. Il y a encore plein de choses perfectibles, c’est ce à quoi on va s’atteler. Peut-être pour accueillir un public encore plus nombreux. On verra ça (sourire).

La capacité de Deflandre passera déjà à 16 700 places, soit 700 supplémentaires, pour la réception de Castres (4e journée de Top 14) …

T. R : La majeure partie des gens qui vont arriver à Deflandre le 29 octobre n’ont jamais vu d’image de la future tribune. Ce qui va leur plaire, c’est la capacité du club à grandir, à se renouveler. C’est ce qui a été assez rassurant, après la défaite en finale du Top 14. Le lendemain, on s’est tous retrouvés à Deflandre pour une fête de famille et on voyait ce chantier juste à côté de nous. On se disait : "Ok, on n’a pas gagné cette fois ci mais on continue de grandir." Je pense que nos supporters seront agréablement surpris. On est sur une réhabilitation très qualitative, c’est un super projet.

Marcel Deflandre en 2011. La tribune devenue Apivia a bien changé en 13 ans.
Marcel Deflandre en 2011. La tribune devenue Apivia a bien changé en 13 ans. Fred Porcu / Icon Sport

Les chiffres vertigineux récemment communiqués (taux de réabonnement à 99,5%, 7 200 personnes sur liste d’attente…) vous poussent-ils à réfléchir d’ores et déjà à une énième extension de Deflandre ?

T. R : C’est un projet que nous avons dans notre boite à outil. On sait ce que ça coute, on connait l’impact. Désormais, l’enjeu, c’est de savoir quand on l’active, si on l’active. Agrandir la capacité du stade, ça attire d’autres problématiques, notamment par rapport au fait que le stade soit en plein cœur de ville, dans un quartier résidentiel. Il faut arriver à contenter tout le monde : nos supporters – ceux qui sont présents dans le stade, ceux qu’on est contraint de laisser à la porte – mais aussi nos riverains pour ne pas générer trop de nuisances les soirs de matchs par rapport à l’afflux de véhicules.

Construire un nouveau stade, en périphérie, a-t-il déjà été évoqué ou pourrait-il l’être ?

T. R : On peut réfléchir à tout, on ne peut pas s’interdire de réfléchir. Néanmoins les racines du club sont dans le quartier Port-Neuf.

Vous travaillez tous les deux au Stade rochelais depuis environ 15 ans. Auriez-vous imaginé aux prémices de l’aventure un tel rayonnement de la "fièvre SR" ?

C. S : Déjà, pour casser une idée reçue, il y a toujours eu du public à Deflandre. Le rugby s’est installé à La Rochelle depuis plus de cent ans. On a des photos assez anciennes de Deflandre comble. Même en Pro D2, il y avait déjà un vrai public, qui venait en nombre, avec des affluences conséquentes par rapport à la moyenne des clubs français. Voir des tribunes comme ça procure toujours une certaine émotion. Après, bien sûr, l’engouement s’est élargi. J’avoue que cette émotion a été décuplée à Bordeaux (demi-finale de Champions Cup face à Exeter) dans une grande enceinte, couverte de jaune et noire. Ça met les frissons. Est-ce qu’on pouvait l’anticiper il y a quinze ans ? On l’ambitionnait. Est-ce que on était sûr d’y arriver ? Je ne suis pas sûre (sourire).

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Les commentaires (1)
Lazarus Il y a 8 mois Le 24/08/2023 à 19:01

"Je ne suis pas sûre (sourire)". Ce n'est Thomas Rousseau qui est interviewé ?