Top 14 - Sébastien Boboul (La Rochelle) : "Tendre vers le jeu millimétré de l’Irlande et du Leinster"

Par Romain Asselin
  • Sébastien Boboul, responsable de l'attaque du stade rochelais.
    Sébastien Boboul, responsable de l'attaque du stade rochelais. Icon Sport - Johnny Fidelin
Publié le Mis à jour
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Nommé responsable de l’attaque rochelaise à l’intersaison, Sébastien Boboul a notamment pour mission d’apporter davantage de précision au jeu offensif du double champion d’Europe en titre, qui se déplace samedi soir sur la pelouse de Clermont (21h05) pour le compte de la 3e journée de Top 14.

Que change concrètement l’évolution de votre rôle ?

J’anime un peu plus les séquences d'entraînement collectif sur le terrain même si, en fin de saison dernière, Ronan (O’Gara, le manager, NDLR) m'avait aussi donné cette responsabilité. Pour que lui puisse prendre un peu plus de recul pour superviser. Quand on est la tête dedans, on a moins de recul sur le jeu, même à l'entraînement.

Depuis, Rémi Talès a rejoint le staff en qualité d’entraîneur des trois-quarts

Je vais pouvoir prendre encore plus de temps et essayer d'être plus pointu sur le jeu offensif. Mais je ne suis pas là pour révolutionner ou imposer des choses. On est perpétuellement dans l'échange avec l’ensemble du staff pour trouver la meilleure formule possible pour notre équipe.

Dans quel(s) registre(s) avez-vous identifié des axes de progression ?

Déjà dans la précision de notre jeu offensif. C'est là-dessus qu'on peut gagner. Il faut peut-être, des fois, moins passer par le sol que d’habitude, mais sans faire n'importe quoi non plus. Mais aussi gagner en précision sur nos timings, sur nos courses et puis ce lien entre avants et trois-quarts dans notre jeu. C’est un travail en commun avec les gros qui portent le ballon. Comment, derrière un porté, on peut jouer ? quelles stratégies mettre en place ? quels lancements ? Je suis content de cette mission.

D'ailleurs, malgré la qualité derrière, la réussite de La Rochelle est souvent résumée au travail de sape de ses avants…

On essaie d’être complet sur notre jeu. Après, ces dernières saisons, quand on ne trouvait pas les solutions pour déplacer le ballon - on a été capables de très bien le faire sur certains matchs - on s'appuyait sur nos forces, quand on avait des gros profils porteurs et une conquête. On est pour le beau jeu mais pourquoi faire des passes pour faire des passes face à des défenses en place et qui nous mettent à mal ? Il faut insister sur nos forces quand ça marche. Pourquoi changer si on se met plus en danger à déplacer le ballon que pratiquer un jeu plus restrictif ? Pourtant, on n'est pas forcément une équipe portée que sur le défi physique même si on est catalogué comme ça. Tant mieux. Ils, ceux qui nous cataloguent, auront peut-être des surprises (sourire).

Travaillez-vous à élargir l’éventail de combinaisons ou plutôt peaufiner celles existantes ?

Déjà tout peaufiner. Comment rendre notre jeu offensif encore plus performant ? En changeant peut-être les déplacements de joueurs sur le terrain, en étant plus pointu dans l’analyse des faiblesses de l’adversaire. Nous n'avons pas à tout révolutionner parce que, comme je le disais, ça marche. Il faut être précis dans notre jeu. On regarde le jeu millimétré de l’équipe d'Irlande et du Leinster, elles le répètent à la perfection.

Et ?

Le but, c’est de tendre vers ça et d’être capable de sortir aussi de toutes ces structures et ce de jeu un peu désorganisé quand c’est permis, d’essayer d'être difficile à lire sur un terrain et d'utiliser toutes les formes possibles.

« Jack Nowell ? À l’entraînement, on se regarde avec Ronan, Talo et les autres, on se dit : « wow, quel joueur ! ». Je n’ai pas envie de dire que je suis agréablement surpris parce qu'on savait en le recrutant que c'était un joueur de haut niveau mais de là à ce qu’il soit aussi doué… Il est beau à voir jouer ! »

Est-ce un régal pour un responsable de l’attaque d’avoir autant de joueurs polyvalents à disposition ?

Oui. Et puis c’est une volonté. On veut des joueurs assez complets derrière pour pouvoir déplacer le ballon et se suppléer sur le terrain. On ne veut pas que les ailiers restent dans leur couloir à attendre le ballon. Certaines situations le demandent mais, une fois que le jeu est lancé, il faut que tout le monde puisse intervenir partout. Donc c'est bien d'avoir cette polyvalence. Et surtout d'avoir un bon équilibre dans l'équipe avec un mélange de joueurs techniques-puissants et de joueurs rapides.

Antoine Hastoy et Ihaia West seront-ils parfois amenés à évoluer à d’autres postes qu’à l’ouverture où le jeune Hugo Reus crève l’écran ?

C’est fort possible. Parce qu'on n’a pas un groupe conséquent, même si on a intégré pas mal de jeunes. Et puis en cas de blessures… En tout cas, Ihaia et Antoine sont capables de le faire. Ils l’ont déjà fait au centre et/ou à l’arrière. Avec des joueurs comme ça, je ne me fais pas de soucis, ils sont doués !

Votre regard sur vos premières semaines avec Jack Nowell, présenté comme la recrue phare de l’intersaison ?

J’avais, en le regardant, cette image de puncheur mais, là, il a la panoplie du joueur hyper complet et doué. Il a vite compris et intégré le système. Sur ses déplacements, ses passes, son jeu après-contact, il est toujours juste. Franchement, c’est un joueur qui pue le rugby. À l’entraînement, on se regarde avec Ronan, Talo et les autres, on se dit : « wow, quel joueur ! ». Je n’ai pas envie de dire que je suis agréablement surpris parce qu'on savait en le recrutant que c'était un joueur de haut niveau mais de là à ce qu’il soit aussi doué… Il est beau à voir jouer ! Il est au top physiquement. C’est un sacré professionnel. Il arrive plus tôt, finit plus tard, prend soin de son corps.

Retravailler avec Rémi Talès, c’est…

[Il coupe] C’est top ! On avait vécu tellement de bons moments ensemble. On est passé par toutes les émotions quand on était joueurs. Le groupe de l’époque est toujours resté soudé même si on ne se voit pas tous les jours, même si on ne s’appelle pas tous les jours au téléphone. Retravailler avec des gars qu'on connaît, c'est top. On a été élevés pareil au Stade Rochelais, avec la même philosophie du rugby et les mêmes valeurs. Et Talo est un trois-quart de plus, avec Ronan, sur qui je peux m'appuyer. Il a un œil neuf sur ce qui se fait, sur comment on fonctionne, il peut apporter aussi sa touche personnelle. Ça fait du bien pour redémarrer une saison.

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Les commentaires (8)
chtibigor Il y a 8 mois Le 31/08/2023 à 12:18

La Rochelle est un très beau champion... complexé ! Ils n'ont rien à prouver et doivent prendre le temps de construire leur propre histoire sans chercher à copier le Leinster. C'est le mauvais côté de ROGara qui n'arrive pas à décoller son sparadrap irlandais. Je ne sais pas pourquoi les numéros 10 irlandais sont aussi désagréables, prétentieux et irrespectueux, alors que le peuple irlandais est si attachant? La Rochelle sera un grand club quand ils se détacheront de ce modèle ROG dont ils se croient dépendants.

Superjeje Il y a 8 mois Le 30/08/2023 à 19:54

Avoir comme modèle le jeu de l'Irlande est un peu décevant. Ça gagne, c'est sûr, mais c'est chiant

pbrd31 Il y a 8 mois Le 30/08/2023 à 18:31

Ça va être du pur plaisir...