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Coupe du monde de rugby 2023 - Imanol Harinordoquy : "Ce XV de France va faire mal avec plus de maîtrise"

Par Arnaud BEURDELEY
  • Imanol Harinordoquy estime que le XV de France peut faire mal avec plus de maîtrise.
    Imanol Harinordoquy estime que le XV de France peut faire mal avec plus de maîtrise. Icon Sport - Icon Sport
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La ferveur populaire, les problèmes récurrents en défense, l’état d’esprit, l’efficacité de la conquête ou encore la maîtrise des fondamentaux, telle la discipline, notre consultant Imanol Harinordoquy passe au crible la performance du XV de France vendredi soir contre la Nouvelle-Zélande.

Cette victoire du XV de France sur la Nouvelle-Zélande est-elle le meilleur lancement possible de cette Coupe du monde ?

Avec cette victoire, toutes les planètes sont désormais alignées. Sur le plan de la ferveur populaire, jamais je n’avais ressenti autant d’électricité au Stade de France. Voilà pourquoi il était important de réussir ce premier match. Les Bleus ont envoyé un signal fort. Les Bleus ont battu une équipe qui n’avait, jusque-là, jamais perdu un match de poule depuis la création de la Coupe du monde. Forcément, ça marque les gens, même ceux qui ne s’intéressent pas habituellement au rugby. Cette victoire, c’est un appel national. Toute la France va se mobiliser derrière cette équipe.

Xavier Garbajosa disait dans sa chronique que cette ferveur populaire fournirait aux joueurs une énergie folle. Lorsque vous étiez joueur, le ressentiez-vous ?

Oui, c’est très important. Même si je ne suis plus joueur, j’ai ressenti toute cette attente, toute cette électricité ambiante. J’en ai eu des frissons. Ça va donc jouer sur le moral des troupes, mais aussi sur l’arbitrage. Quand Jaco Peyper (NDLR : arbitre du match d’ouverture) a subi des broncas, ça ne l’a pas fait rire. Cette influence n’est pas négligeable. Cette ferveur va offrir au XV de France des atouts supplémentaires. Et puis, je crois que cette première étape passée, les joueurs vont pouvoir évacuer toute cette pression qui pouvait être négative autour de ce rendez-vous attendu depuis quatre ans. Ils vont enfin pouvoir lâcher les chevaux.

Est-ce méprisant d’affirmer que le XV de France n’a pas battu une grande équipe des All Blacks ?

Nous n’avons pas battu une petite équipe néo-zélandaise, ni une grande (rires). C’était une génération moyenne, on a connu mieux. Par moments, j’ai même eu de la peine pour eux. Je les voyais jouer arrêtés, se jetant le ballon comme un sac de patates… Ils avaient beau multiplier les séquences à hauteur des 40 mètres, jamais ils ne créaient de danger. Je n’ai pas senti une équipe en confiance. Mais bon…

Oui ?

Ce n’est pas une surprise ! Cela fait un an qu’ils jouent de cette façon. Tirons plutôt un coup de chapeau à cette équipe de France. Il fallait gagner, elle l’a fait. Elle a été fidèle à elle-même et laisse penser qu’elle a une marge de progression importante. Comme l’a dit Antoine Dupont, en réalisant un match moyen, elle met quand même 30 points aux All Blacks. Ce n’est pas rien. Ce succès, ils le doivent à la maîtrise des fondamentaux.

C’est-à-dire ?

Les Français ont fait mal aux Blacks en conquête, tant en mêlée qu’en touche. Les sorties de camp ont été efficaces, même si les Néo-Zélandais ont rivalisé dans le "gagne-terrain" au pied en première mi-temps. Mais en seconde période, ils ont été mis sous pression, à tel point qu’ils n’ont que rarement réussi à sortir de leur camp. Et que dire de la discipline tricolore ? Incroyable. Seulement quatre fautes sifflées contre les Bleus. Avec ces fondamentaux, le XV de France sera difficile à battre. Aujourd’hui, c’est son fonds de commerce.

N’y a-t-il pas quelques ombres au tableau, notamment offensivement et même dans le secteur de la défense ?

Offensivement, je n’ai pas senti une totale maîtrise, je suis d’accord. Mais il a fait très chaud et il y a sûrement eu un peu d’inhibition en raison du contexte. Mais je suis convaincu qu’avec plus de maîtrise, ça va faire mal. Quant à la défense, qui nous a fait gagner le Tournoi des 6 Nations en 2022 avec des montées très fortes, très agressives, je ne la vois plus aussi efficace depuis quelques matchs. C’est un souci récurrent à gommer.

Vous avez souligné la qualité de la conquête française. N’est-ce pas en premier lieu la mêlée a permis au XV de France de mener à la pause, un peu contre le cours du jeu ?

On a tiré la quintessence de ce que l’on pouvait faire durant les quarante premières minutes car ce sont les Blacks qui ont fait le jeu. La mêlée a effectivement joué un grand rôle dans ce constat avec deux pénalités récoltées, converties par Thomas Ramos qui a été très bon.

Quel impact peut avoir sur le groupe la blessure de Julien Marchand ?

C’est un leader de terrain, de vestiaire, qui a une influence énorme. Quand Danty et lui sont absents, ça pèse. Ce sont les deux joueurs les plus aptes à ralentir les ballons, même si Greg Alldritt a réalisé un match monstrueux, aussi dans ce secteur de jeu. Sans oublier que Peato Mauvaka, dans un registre différent, a réalisé un match immense. Lui, j’ai l’impression qu’il aime jouer contre les Blacks. En novembre 2021, il avait déjà inscrit deux essais et fait un match de l’espace.

Ce succès n’est-il pas la voie royale pour le staff pour gérer l’effectif jusqu’au quart de finale ?

Cette victoire place l’équipe de France dans des conditions très favorables, c’est clair. Le staff va pouvoir gérer le temps de jeu de ses joueurs cadres, sans pour autant les mettre au frigo pendant trois semaines. D’autres vont prendre le relais et pouvoir se montrer. C’est aussi très bon pour l’émulation. Dans l’histoire des Coupe du monde, il y a toujours des joueurs entrés dans la danse en cours de route qui ont fait basculer des matchs. J’ai le souvenir de notre ami Stephen Donald qui a fait gagner son pays en finale du Mondial 2011, alors que le garçon était à la pêche quinze jours plus tôt…

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