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France - Namibie, une soirée aux couleurs de l'incendie

Par Marc Duzan
  • Les Bleus ont humilié la Namibie à Marseille.
    Les Bleus ont humilié la Namibie à Marseille. - Icon Sport
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Dans une ambiance de fin du monde et face à un adversaire de très faible calibre, le XV de France a déroulé un rugby millésimé. Mais il prie aussi de ne pas avoir perdu son capitaine jusqu’à la fin de la compétition.

On peut aborder la problématique qui nous occupe aujourd’hui de deux façons différentes : comme la délicieuse exception culturelle de l’ovale, peut-être ; comme la vaste absurdité, aussi, de ce tournoi que le terme « Mondial » ne qualifie pas toujours bien : avant ce France-Namibie, la question qui se posait ainsi n’était pas de savoir si la sélection tricolore allait oui ou non battre sa rivale du soir. Mais plutôt de quelle manière le ferait-elle. Et avec quel score…

C’est que le rugby n’est pas le foot, mon bon Boer. Et qu’en notre royaume – où la simple idée d’une « coupe de France » serait démente, pour ne pas dire dangereuse- des amateurs rossent rarement des professionnels. Sous nos latitudes, des types qui ont l’habitude de se lever à l’aube pour aller s’entraîner avant de filer détartrer des ratiches ou conduire des troupeaux de bétail ne peuvent sauf exceptions rivaliser plus quelques minutes avec d’autres qui, depuis la fin de l’adolescence, ont fait du rugby leur métier et de leur corps, un outil de travail. Écrasés seize ans plus tôt par les Bleus dans des conditions fort similaires (87-10), les Weltwitschias – « aigles de mer » aux ailes brisées- n’ont donc guère progressé depuis, peu aidés en cela par un calendrier international jalousant depuis toujours l’universalité du ballon rond mais refusant obstinément à sa myriade de petites nations le bonheur de croiser les grosses, entre deux Coupes du monde.

Un rugby de Play Station !

Et voulez-vous vraiment parler de cette rencontre en détail ? Dès la 6e minute, un coup de pied d’Antoine Dupont trouvait, après une série de rebonds, Damian Penaud qui aplatissait le premier essai du match. Trois minutes plus tard et après un nouveau jeu au pied offensif, Louis Bielle-Biarrey prenait de vitesse toute la défense namibienne, récupérait le ballon et retrouvait, d’une passe dans le mouvement, Jonathan Danty à son intérieur pour le deuxième essai tricolore. Et puis ? Survint le chef-d’œuvre de la rencontre puisque, après une relance de Mathieu Jalibert, le jeu rebondissait dans le côté fermé sur Antoine Dupont, puis Jalibert à nouveau avant de revenir dans les mains de Charles Ollivon, l’avant ayant le plus marqué d’essais dans l’histoire du XV de France. Franchement ? On vous épargnera le reste, ce bonus offensif acquis au bout de vingt minutes, ce rugby de Play Station et la longue souffrance qui fut globalement celle des Namibiens, à Marseille…

Antoine Dupont : du Vélodrome au Vélodrame ?

Passé l’immédiate bouffée d’émotion propre à la troisième victoire consécutive du XV de France en Coupe du monde, digérée l’inoubliable Marseillaise allumée jeudi soir par ce Vélodrome sans nul autre égal, dès lors qu’il est question de vacarme, vient désormais le temps d’interpréter la chose, de demander l’autorisation de naviguer sans se viander sur ce score fleuve : sous le regard minéral de la bonne mère, les Tricolores ont certes profité de ce match pour dissiper le dangereux malentendu qui était né, huit jours plus tôt, à Lille et face à l’Uruguay. Sur l’aile gauche, Louis Bielle-Biarrey, dans la forme de sa vie, a également distancé Gabin Villière et pris rendez-vous, dans un futur proche, pour les matchs face à l’Italie et le prochain quart de finale. Aussi, les Bleus se sont habilement servis de cette rencontre improbable pour relancer Jonathan Danty et Cyril Baille, premiums parmi les premiums.

Enfin, parce qu’il était temps, malgré la faible opposition du soir, de montrer que ce XV de France avait d’autres atouts dans sa manche qu’un certain sens de la discipline et un bon jeu au pied d’occupation : au Vélodrome les Tricolores ont bel et bien retrouvé le goût des autres, prouvé qu’ils savaient jouer les surnombres et marqué autrement qu’en exploitant des rapines, des turn-overs. Sacré soirée, n’est-ce pas ? Sauf à considérer, toutefois, qu’Antoine Dupont, sorti du terrain en deuxième mi-temps après avoir été heurté au visage par un défenseur namibien, ait à lui-seul changé le Vélodrome en « Vélodrame », emportant peut-être dans sa chute et sans le vouloir les rêves de grandeur de tout un peuple… Finalement, ces Namibiens n’étaient donc peut-être pas aussi inoffensifs qu’on aurait pu le croire…

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Les commentaires (1)
marielle63 Il y a 7 mois Le 22/09/2023 à 20:53

Cher Marc Duzan. Qu'est ce que c'est que cette histoire d'Aigles de mer? Les Welwitschias sont des plantes.