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Coupe du monde de rugby 2023 - Portrait. Jac Morgan, la nouvelle coqueluche du pays de Galles

Par Jérôme Prévot
  • Jac Morgan est le capitaine gallois pour cette Coupe du monde.
    Jac Morgan est le capitaine gallois pour cette Coupe du monde. Huw Evans Agency / Icon Sport
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Dans la principauté, on ne parle que de Jac Morgan. Le capitaine gallois, 23 ans, a réussi un début de coupe du monde sensationnel. Rarement, on a vu un flanker aussi complet, c’est son prédécesseur Sam Warburton qui le dit.

« Jac Morgan a des gestes techniques que je n’ai jamais eus. C’est l’Antoine Dupont gallois, il n’y a pas de meilleur avant-aile coté ouvert dans le monde actuellement. Son début de Coup du monde est tout simplement sensationnel. » Ces lignes ont été écrites par Sam Warburton, ancien capitaine du pays de Galles et des Lions, elles donnent une image de l’impact des dernières performances de la nouvelle coqueluche du rugby de la principauté. Elle s’appelle donc Jac Morgan, 1m80, toison blonde et teint pâle, un gars de la vallée d’Amman qui vit toujours chez ses parents. Sa face ensanglantée a fait la une de tous les médias du pays comme le visage de la qualification précoce du XV de la Principauté. C’est lui qui a ouvert le bal des Gallois face à l’Australie en perçant plein champ sur une passe intérieure de Rees-Zammit.

Nous avions repéré son potentiel au cœur du mois d’août. Lors des matchs de préparation des Gallois face à l’Angleterre (20-9), deux affiches qui, alors n’intéressaient pas grand monde. À Cardiff, le 5 août, Jac Morgan étrennait son capitanat à 23 ans seulement et Warren Gatland annonçait que le pays de Galles allait « surprendre à la Coupe du monde » et qu’il réserverait « quelque chose de spécial ». Le scepticisme était de rigueur face à ce qu’on prenait pour de la méthode Coué. Le rugby gallois broyait alors du noir, plombé par une crise fédérale majuscule et une pluie de forfaits (Tipuric, AW Jones, Moriarty, Owens). Jamais depuis vingt ans, l’horizon de la principauté n’avait paru aussi sombre.

Du même village que Clive Rowlands

Et pourtant, ce jour-là, les Gallois avaient survolé les débats 20 à 9 dans le sillage de ce troisième ligne des Ospreys au grand rayon d’action. Il avait manipulé le ballon comme un orfèvre pour offrir un essai à Gareth Davies, puis il avait administré deux caramels majuscules à Joe Cokanasiga et Tom Pearson, avant d’être coiffé de la couronne d’homme du match, ceint d’une statistique impériale de vingt-cinq plaquages.

Le numéro 7 gallois venait de lancer la campagne mondiale de sa sélection. Son premier capitanat avait été lié à la mort, à 85 ans de Clive Rowlands, une vraie légende, seul homme à avoir commandé, entraîné et managé le XV du Poireau. Jac Morgan et lui étaient liés au même village au nom barbare, Cwmtwrch, à vingt kilomètres au nord de Swansea (quel assemblage de consonnes). Rowlands y naquit, Morgan porta les couleurs de son club. En ce 5 août, la foule avait voulu y voir un signe, elle n’en espérait pas tant. Depuis les Gallois ont dominé les Fidji (seuls contre toute l’opinion publique), le Portugal et bien sûr l’Australie sur un score sorti d’un rêve fou. Apparemment, il sait tout faire, même au pied avec un 50-22 impeccable dimanche soir à Lyon à la récupération d’un lancer magistralement loupé par les Australiens.

Quelle passe pour Rees-Zammit

Les propos de Sam Warburton, auquel on le compare en raison de la précocité de leur capitanat ne relèvent pas de la flagornerie. C’est vrai, Warburton n’était pas un grand manieur de ballons, alors que Jac Morgan a stupéfié tout le monde contre les Fidji à Bordeaux, servi au milieu d’une séquence un peu décousue, au lieu de revenir au rata pour resserrer la défense, il choisit de… lever la tête et de servir au pied son ailier, geste d’un sang-froid inouï qui aboutit à l’essai décisif de Louis Rees-Zammitt.

En ces temps de professionnalisme exacerbé, il séduit par son parcours plus éclectique que la moyenne. Il a déjà travaillé dans une entreprise comme… ingénieur, chez un fabricant de produits en céramique et en carbone. Il compensait ainsi une première déception, le centre de formation Scarlets ne l’avait pas retenu, aussi étonnant que cela paraisse Il s’était retrouvé dans un club amateur, Aberavon, mais en 2021, la franchise de Llanelli le rappela pour lui proposer un vrai contrat. Entre-temps, il avait trouvé un boulot dans la société Morganite Advanced Materials (un fabricant de produits en carbone et céramique), un emploi d’ingénieur s’il vous plaît, qu’il occupa avec un réel plaisir : tâches commerciales, tâches manuelles, tâches plus techniques.

Mais il ne sut pas résister à ce coup de fil qui devait changer sa vie. Une dernière occasion. « Je pense que j’ai pris la bonne décision de me focaliser sur le rugby, expliquait-il en marge du début du Mondial en revenant sur son parcours. Mais je suis toujours en contact avec les garçons du travail. »

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Les commentaires (1)
Othenan Il y a 6 mois Le 03/10/2023 à 21:28

Principauté de Galles et pays de Galles ne sont pas la même chose...