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Coupe du monde de rugby 2023 - France - Italie ? Pas de quoi en perdre son latin

  • Damian Penaud et le XV de France jouent leur qualification face à l'Italie..
    Damian Penaud et le XV de France jouent leur qualification face à l'Italie.. Abaca / Icon Sport - Abaca / Icon Sport
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La France et l’Italie ont rendez-vous ce vendredi soir pour un dernier match de poule aux allures de huitième de finale. Récemment, l’étrange idée d’un péril italien, prenant forme ce week-end à Lyon, s’est immiscée dans les têtes de tous les rugbyphiles que compte aujourd’hui le pays. Est-on vraiment sérieux ?

C’est du délire, ma p’tite dame ! Et cette Coupe du monde nous a certainement fait basculer dans un univers parallèle, un vortex où tout ce qui devrait être affaire ordinaire prend soudainement des proportions absurdes, irrationnelles. Il suffit que Fabien Galthié ébranle un peu les tendrons du Stade français pour que l’affaire des "peintres" prenne une dimension nationale, conduisant la fédé à jeter dans nos bras le coach des Espoirs parisiens (Boris Bouhraoua), lequel dut alors jurer face caméras que ses gonzes n’avaient pas tous fini, après l’entraînement dont on cause, sous camisoles à la Pitié-Salpêtrière. Et puis, quoi ? Demande-t-on à Galthié de faire des risettes aux enfants ou de nous offrir un premier titre de champion du monde, nom d’une canne ?

Quelques heures avant le choc face à l'Italie, le patron de la défense du XV de France Gaël Fickou assure que les Tricolores ont désormais basculé en mode phases finales.
Retrouvez l'interview complète ->https://t.co/6gbeDrbhMQ pic.twitter.com/DE7bY0PMQp

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) October 5, 2023

Aussi, il fallut que ce déconneur de Thibaut Giroud se risque un peu plus tard à dresser un parallèle entre sa prépa physique "façon bouchère" et la cocasse discipline du "twirling bâton" pour que la FFR, encore elle, soit contrainte de présenter des excuses publiques à une pratique se piquant aujourd’hui d’olympisme. On vous épargnera, enfin, ce cas Chalureau qui fit réagir jusqu’aux salons de l’Elysée ou la folle anxiété dans laquelle se retrouva plongé le pays après l’accident d’Antoine Dupont, dont le dossier médical prit d’ailleurs le meilleur, dans la hiérarchie des matinales, sur la visite papale à Marseille ou la tournée du roi Charles à Versailles…

Mais la folie ambiante n’a-t-elle pas atteint son paroxysme la semaine dernière, alors que le tunnel sans match traversé par les Tricolores à Aix-en-Provence ne nous offrait plus le moindre os à ronger ? Parce que j’ai souvenir, moi, d’une courte période précédant la déroute italienne face aux Tout Noir, délicieuse parenthèse où la France du rugby se prit soudainement à craindre la terrible Squadra azzurra. Ne dites pas le contraire ! On vous a lus, on vous a vus, annoncer ici et là que l’équipe du kiwi Kieran Crowley n’avait dans l’histoire jamais aussi bien joué au rugby et que toute onzième nation mondiale qu’elle soit, elle pouvait tout à la fois renverser All Blacks et Tricolores pour, allez savoir, fesser les gros séants sud-africains en quart de finale.

On vous a écoutés, alors, émettre l’idée qu’Antoine Dupont et sa gueule cassée devaient au moins apparaître sur le banc de touche du XV de France, à Lyon, pour rassurer des bipèdes de 100 plombes qui, décidément, sont infoutus de vivre sans lui. Est-on bien sérieux, sacrebleu ? Et pourquoi, sous le prisme soudain d’un Mondial, cette équipe italienne n’ayant pas battu les Bleus depuis dix ans et ne s’étant jamais hissé en quart de finale de la compétition planétaire fait dresser les poils de tous les mérinos mal peignés que compte le pays ?

Un champion, c’est celui qui n’a pas d’émotions

Car la glorieuse incertitude du sport existe peu, dans un Mondial ovale. Et comme les marches du Sacré-Cœur sont pénibles aux miséreux, cette Coupe du monde est hélas sans pitié pour les trimardeurs du rugby international ; qu’on le veuille ou non, nul miracle n’était hélas à attendre pour l’Italie face à la Nouvelle-Zélande (96-17) comme nul péril n’est évidemment à craindre vendredi soir, à Lyon, pour cette équipe de France certes amputée de son porte-étendard mais présentant dans chacune de ses strates dix fois plus de talent que ses rivaux transalpins.

Présent en conférence de presse ce mercredi, le selectionneur italien, Kieran Crowley, a ironisé au sujet du Toulousain, né en France mais jamais appelé chez les Bleus en catégories jeunes.https://t.co/vjimj4Ynqr

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) October 4, 2023

Et puisque vous semblez soudainement me taxer de grossièreté, de cuistrerie ou d’arrogance, dites-moi donc lequel des quinze barbouzes italiens aurait aujourd’hui sa place en équipe de France ? Paolo Garbisi, un soir de mauvaise lune pour Matthieu Jalibert ? Foutaises. Stephen Varney, gallo-romain de Camarthe ? On l’a bien trop souvent vu galérer dans le Tournoi 6 Nations pour le préférer à Maxime Lucu, qui a pour lui l’avantage de jouer derrière un pack d’une tonne. Ange Capuozzo sur l’aile gauche ? Hum… Peut-être… Encore que Louis Bielle-Biarrey, à tout juste 20 piges, lui soit probablement aujourd’hui supérieur en défense…

Partant donc du postulat qu’un champion, c’est celui qui n’a pas d’émotions, l’équipe de France, deuxième nation mondiale en mission, doit agir face aux "fratelli d’Italia"* comme le fit la Nouvelle-Zélande quelques jours plus tôt. Et si la quatrième victoire consécutive des Tricolores dans cette Coupe du monde ne doit passer vendredi que par une simple supériorité sur les aspects de ce jeu ne demandant aucun talent – taper un coup de pied, se ruer dessous et plaquer de toute sa force- on pardonnera aisément à la sélection nationale de laisser strass et paillettes au placard jusqu’à l’année prochaine.

Un huitième de finale, quoi qu’on en pense

Quel que soit le visage, amène ou terrifiant, que l’on prête donc aujourd’hui à ce dernier match de poule, il demeure dans les faits un huitième de finale" que le XV de France se doit de remporter sans trembler. Une rencontre en vue de laquelle le staff tricolore a impudemment fait transpirer ses soudards deux semaines durant, sous le cagnard d’Aix-en-Provence, le pic de forme des Bleus étant à n’en pas douter attendu au Matmut de Lyon, ce week-end.

Vendredi soir, face à l’Italie, Anthony Jelonch sera titularisé sur le flanc de la troisième ligne et poussera donc François Cros, pourtant excellent face à la Nouvelle-Zélande, sur le banc de touche. Voici pourquoi…https://t.co/6637OW8wWI

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) October 4, 2023

Ce France-Italie ? Il est donc à la fois un aller simple vers le jardin d’Eden de la phase finale comme un ticket pour l’enfer, étant entendu qu’après l’ultime écueil lyonnais, la bande à Galthié se jettera aussitôt dans les bras velus de ces Springboks ayant, pour notre malheur à tous, compris qu’on ne gagnait pas une Coupe du monde sans un buteur de digne envergure. Mais ce combat entre Latins possède aussi d’autres enjeux, dont celui de relancer les moteurs des plus grosses cylindrées du squad tricolore, qu’elles se nomment Gregory Alldritt, Cyril Baille ou Jonathan Danty, jamais plus meurtrières que lorsqu’elles enchaînent les rencontres jusqu’à trouver, subitement, leur rythme de croisière.

Au bout du bout, on ne prendra pas les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages, jeunes gens. Et si vous n’avez en vous assez de force pour fermer définitivement le bec à ces Italiens qui avaient la semaine passée envisagé de proposer un "contre Haka" à Aaron Smith et son squad d’assassins, autant considérer dès à présent que notre histoire d’amour ne fut qu’un dangereux malentendu…

*Frères d’Italie

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Les commentaires (2)
yannick31 Il y a 6 mois Le 06/10/2023 à 14:18

Faut il avoir peur de l'Italie? Surement pas! Sinon rentrons tous dans nos club respectif.si nous devons avoir peur c'est de notre défense car depuis le début de la CdM notre défense est un gruyère Shan Edwars doit se faire des cheveux blanc ... d'ailleurs il a plus

Clydafrica Il y a 6 mois Le 06/10/2023 à 12:33

Tout à fait d'accord avec vous Marc Duzan !