Abonnés

Coupe du monde de rugby 2023 - "L’attaque des Bleus, c’est la patrouille de France" affirme Imanol Harinordoquy

Par Arnaud Beurdeley
  • Louis Bielle-Biarrey et les Bleus ont illuminé la phase de poules grâce à leur attaque.
    Louis Bielle-Biarrey et les Bleus ont illuminé la phase de poules grâce à leur attaque. Icon Sport
Publié le
Partager :

Lui, le finaliste du Mondial 2011 en Nouvelle-Zélande, 82 sélections au compteur, l’assure : il n’a jamais vu jouer une équipe de France aussi forte. Les mots sont puissants, pesés et assumés. Evidemment, cela ne présage de rien pour la suite de la compétition. Il explique pourquoi…

Quels sentiments vous a procuré cette large victoire de l’équipe de France sur l’Italie ?

Ce XV de France m’a fait une très forte impression. J’ai ressenti une symbiose parfaite avec des automatismes et un rugby limpide. Chacun savait ce qu’il avait exactement ce qu’il avait à faire. J’ai vraiment aimé cette cohésion tant offensivement que défensivement. Autant, on pouvait se poser quelques questions après le match contre l’Uruguay, autant cette fois-ci ils ont mis les points sur "i". Il y a eu de la constance et de la maîtrise sur 80 minutes.

Est-ce un match référence sur le plan offensif ?

Au réveil samedi matin, je me suis dit que jamais je n’avais vu une équipe de France qui joue aussi bien. Et ça, sur toute la durée d’une rencontre. C’est ce qui m’a le plus impressionné. D’abord, parce que les Bleus ont su faire les choses dans l’ordre, construire leur succès. Je revois encore ces séances de jeu à zéro passe très dynamique pour resserrer la défense italienne avant d’écarter les ballons dans les espaces libres, avec le pied ou les mains. Sans oublier la vitesse et la justesse technique mise dans le jeu de transition.

La charnière Maxime Lucu – Matthieu Jalibert n’a-t-elle pas donné de sérieuses garanties ?

Cette cohésion dont je parle, elle a été orchestrée par la charnière et notamment Maxime Lucu qui a joué parfaitement son rôle. Offensivement, il a su coller au ballon et accélérer le jeu au bon moment. Défensivement, il a été féroce. Et son jeu au pied a été excellent. Avec lui, Matthieu Jalibert a confirmé tout son potentiel. On a vu le meilleur Jalibert, sans déchet. Il a été fringant et décisif à chaque fois qu’il a touché le ballon. Sur ce qu’on a pu voir vendredi, l’attaque des Bleus, c’est la patrouille de France.

Matthieu Jalibert, longtemps dans l’ombre de Romain Ntamack, a-t-il pris les clés du camion ?

Même si je sais qu’il l’est au sein du groupe, il avait sans doute besoin de se rassurer et de se sentir légitime. Tout comme il avait besoin d’un match référence comme celui-ci. Sur cette rencontre, il a vraiment guidé l’équipe. Avec son pied, avec sa vitesse. C’est un garçon capable de faire de très grandes différences. Je l’ai senti à l’aise au milieu d’une ligne de trois-quarts siglée "UBB". C’était marrant d’ailleurs de les voir jouer ensemble. Je revois encore certaines actions où Louis Bielle-Biarrey et Damian Penaud se sont cherchés. Même chose avec Yoram Moefana quand il est entré en jeu. On a senti de la fluidité.

Le XV de France est-il monté en puissance sur cette phase de poule ?

Ce qui est très fort, c’est que le staff avait annoncé un plan et que pour l’instant il se déroule sans accroc. Le XV de France est là où il devait être. Il assume sa position de favori, ce qui n’a pas toujours été le cas par le passé. Les joueurs, le staff, tous veulent être champions du monde. Ils le montrent sur le terrain. Avant, on avait plutôt tendance à se cacher. On préférait être "outsider". Mais pour répondre à votre question, cette équipe est prête physiquement. J’ai eu l’impression qu’elle aurait pu encore plus accélérer face aux Italiens.

Est-ce de bon augure à l’aube du début de la phase finale ?

Oui parce qu’ils montent en puissance. Mais attention, ça va être un autre calibre en quart de finale. Ça va cogner fort. Beaucoup plus fort. Contre les Boks, le bras de fer sera plus difficile. La capacité mentale des joueurs sera capitale. Mais sur la capacité de l’équipe de France à reproduire le même rugby et le même genre d’actions que vendredi, je n’ai aucun doute. Simplement faudra-t-il le faire sur la durée car il sera plus difficile de gagner la ligne d’avantage.

Justement, le déficit de la densité physique, notamment en l’absence de Paul Willemse, peut-il être problématique ?

Quand je vois l’état d’esprit et la résilience de cette équipe, je la crois capable de rivaliser. Des joueurs comme Cameron Woki ont haussé leur niveau de jeu et d’engagement. Vendredi soir, il avait faim. Ça s’est vu. Même constat pour Anthony Jelonch qui a asséné quelques plaquages redoutables. Les Bleus ont quand même des arguments lorsqu’on observe les constantes illustrant ce secteur. Et puis, l’équipe s’est adaptée aux absences. Regardez simplement les performances de Peato Mauvaka depuis que Julien Marchand est blessé. Les joueurs ne se posent pas la question de savoir qui est absent ou non. Ils sont sûrs de leurs forces collectivement.

La probable titularisation d’Anthony Jelonch en quart de finale au détriment de François Cros est-elle une façon de compenser la moindre densité en deuxième ligne par rapport au plan établi ?

Tout est question d’équilibre et de complémentarité. Quand tu affrontes l’Afrique du Sud, la densité physique n’est pas négligeable, c’est une évidence. Mais Anthony Jelonch a aussi cette faculté à se déplacer assez incroyable. Je ne sais pas combien de kilomètres il a parcourus contre l’Italie, mais il était partout et courait comme un lapin. Sa densité physique sera importante, mais on aura besoin de tout le monde, de plaquer à deux, de colmater des brèches. Et de tenir le rythme. Celui qui tiendra le bras de fer le plus longtemps possible gagnera le match.

Est-ce vraiment une nouvelle compétition qui s’ouvre à partir d’aujourd’hui ?

Même si les joueurs ont bénéficié de deux jours de repos en famille durant le week-end, ils vont totalement "switcher" à partir de ce lundi. Désormais, c’est objectif "champion du monde" ou rien. Même si la rencontre face à l’Italie a été présentée comme éliminatoire, ça ne l’était pas vraiment. C’est maintenant que ça commence. Le contexte et la pression ne seront plus les mêmes.

La blessure d’Antoine Dupont ne semble pas avoir impacté le groupe. Le ressentez-vous ainsi ?

Les joueurs n’ont laissé aucun doute sur ce sujet. Antoine est un joueur extraordinaire, mais je n’ai aucune inquiétude si demain Maxime Lucu est aux manettes. Aucune. À chaque fois qu’on fait appel à lui, il répond présent. Après, plus on aborde cette phase finale armée, plus on a de chance d’aller chercher le trophée. Mais les Bleus sont très bien outillés, même si Antoine venait à manquer ce rendez-vous.

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?