Coupe du monde de rugby 2023 - "Le déblayage de Guido Petti sur Nick Tompkins, c'est un dommage collatéral" : Romain Poite débriefe l'arbitrage des deux premiers quarts de finale

  • Romain Poite, notre consultant, revient sur les deux premiers quarts de finale
    Romain Poite, notre consultant, revient sur les deux premiers quarts de finale - Icon Sport
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Notre chroniqueur arbitrage Romain Poite, ancien arbitre international et désormais consultant pour le RC toulonnais, revient pour nous sur les deux premiers quarts de finale. Au programme: la performance tout en maîtrise de Wayne Barnes, le plaquage de Mo'unga sur Aki, le changement d'arbitre lors de Galles-Argentine et le déblayage de Guido Petti sur Nick Tompkins. Quatre faits ici détaillés.

  • Irlande - Nouvelle-Zélande

"Barnes n’a jamais semblé en danger, c’est remarquable"

Samedi soir au Stade France, au terme d’un match au niveau d’intensité et de précision exceptionnels, la Nouvelle-Zélande a résisté au retour de la première nation mondiale, l’Irlande, pour s’imposer (28-24) et valider son billet pour les demi-finales. Une rencontre marquée également par la qualité de l’arbitrage de l’Anglais Wayne Barnes. « Wayne a été dans la continuité de ce qu’on avait déjà évoqué, sur la conduite de ses matchs dans cette Coupe du monde. Il a arbitré les fautes évidentes, a managé les petites scories provoquées par le jeu, tout cela avec un bon équilibre. Il a été maître et en maîtrise de son arbitrage et de son match, il n’a jamais semblé en danger. Dans un match d’une telle intensité, c’est à relever » apprécie d’abord notre consultant arbitrage Romain Poite, ancien arbitre international.

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— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) October 14, 2023

Avant de mettre un focus sur les points d’impact. « Sur ce match, on peut voir qu’il a été très sollicité sur l’arbitrage des zones de contact et de contestation du ballon. L’Irlande et la Nouvelle-Zélande sont deux nations très précises sur ces situations de jeu, ce qui ne vous laisse pas le droit à l’erreur. La Nouvelle-Zélande avait notamment choisi de mettre beaucoup de vitesse sur les soutiens dans ces zones, ce qui lui a permis plusieurs récupérations de balle (turn overs) que les Irlandais ne subissent habituellement pas trop. Mais Barnes a aussi pris ses responsabilités pour sortir deux cartons jaunes contre les All Blacks, quand ils allaient au-delà de la règle de façon trop grossière. Deux jaunes à une même équipe dans un tel match, ce n’est pas simple et il a su le faire quand cela s’imposait. À l’inverse, alors que les Irlandais parlent beaucoup sur un terrain y compris à l’arbitre, il a su s’en départir pour rester dans sa cohérence. »

Wayne Barnes a arbitré le choc monumental entre Irlandais et Néo-zélandais
Wayne Barnes a arbitré le choc monumental entre Irlandais et Néo-zélandais

Les Irlandais et leur capitaine Jonathan Sexton lui ont notamment beaucoup parlé en première mi-temps, sur un plaquage rugueux de Richie Mo’unga sur Bundee Aki. Sexton, clairement, semblait désapprouver le choix de ne pas sanctionner ce plaquage, quand il réclamait un carton pour un impact à la tête. « Là encore, Barnes campe sur la bonne décision. Sexton s’appuie sur le fait qu’au moment de l’impact, avec la force de l'impact, on voit la tête d’Aki partir en arrière. J’ai revu l’action, Aki tient le ballon sur le torse et Mo’unga impacte au ballon. Il n’y avait donc pas de raison de sanctionner. »

En conclusion, « Wayne Barnes a su lire le jeu et l’événement. Il n’est pas retombé dans certains travers avec parfois l’envie de trop se poser de questions et trop tergiverser pour trouver des excuses à certaines fautes. Il est resté proche de la règle. Sur ce match, Barnes a justifié son statut de numéro 1. On verra ce que réserve l’avenir mais si l’Angleterre n’est pas qualifiée, il se positionne clairement pour la suite des phases finales. »

  • Galles - Argentine

"Le déblayage de Petti qui impacte la tête de Tompkins, c’est un dommage collatéral"

L’autre quart de finale qui s’est tenu samedi, au Stade Vélodrome de Marseille, opposait le pays de Galles à l’Argentine (victoire 29-17 de l’Argentine). Il a été marqué par deux événements, du côté de l’arbitrage. Le premier concerne un déblayage virulent du deuxième ligne argentin Guido Petti, dont l’épaule frappe la tête du centre gallois Nick Tompkins (64e minute).

Après un passage par la vidéo, M. Dickson choisit de ne pas sanctionner. Une décision qui a interpellé, dans un contexte exacerbé de protection des joueurs et qui est apparue comme un tournant du match (il y avait alors 17-12 pour le pays de Galles). Poite rembobine le processus. « J’ai complètement compris sa décision, même si j’entends qu’elle soit sujette aux discussions. Pour moi, Petti remplit toutes les cases d’un nettoyage légal. Il est baissé, bas au moment de l’impact. Il ouvre bien les bras pour cadrer sa cible. Sa tête et son regard sont positionnés sur sa cible, à l'opposé du joueur victime. Le hic ? Il vient pour nettoyer Dan Biggar, pour le marquer physiquement mais dans la règle. Tompkins est à proximité immédiate, il tombe à ce moment-et prend l’épaule dans la tête. Je crois que c’est un accident de jeu, un dommage collatéral. Pas une action de jeu déloyal caractérisée ou désirée. »

A lire aussi : Coupe du monde de rugby 2023 - Les notes du pays de Galles face à l'Argentine : le cauchemar de Josh Adams et de Ryan Elias

Cet arbitrage a évidemment été contesté par le capitaine gallois Jac Morgan. « Il faut comprendre que tous les contacts à la tête ne relèvent pas toujours du jeu déloyal, et c’est ce que répond Karl Dickson à Jac Morgan. Il faut accepter que le rugby soit un sport de contacts, et que ceux à la tête peuvent parfois être accidentels. »

Une décision également validée à la vidéo : « Avant de prendre sa décision, il partage son analyse avec ses arbitres assistants du terrain et l’Italien Andrea Piardi confirme clairement sa première décision Si Jonker avait été en désaccord, il aurait proposé de montrer un autre angle. C’est le code entre arbitres. Là, il ne le fait pas. C’est donc qu’il valide aussi. » Pas de faute, donc ? « C’est l’institution World Rugby qui tranchera, et qui décidera ou non de valider cette décision. Mon propos, c’est de dire que je comprends la décision et sa logique, ses explications. Elles ne me choquent pas. »

L'Argentine s'est imposée face au pays de Galles et affrontera la Nouvelle-Zélande en demi-finale
L'Argentine s'est imposée face au pays de Galles et affrontera la Nouvelle-Zélande en demi-finale

Autre fait d’arbitrage au cours de ce match, la blessure de Jaco Peyper, initialement arbitre de champ et contraint de sortir à la 16e minute. « J’ai eu Jaco par message, il a pris un coup accidentel et il a ressenti des spasmes. Il a donc préféré quitter le terrain pour ne pas mettre en danger sa performance et l'arbitrage. Des examens complémentaires à venir lui diront s'il peut poursuivre la compétition et postuler à nouveau pour de futures désignations, ce que je lui souhaite. »

Il a alors été remplacé par celui qui officiait initialement sur la touche, l’Anglais Karl Dickson. « Dans ces situations, il faut veiller à une chose : être dans la continuité de ce qu’a proposé l’arbitre précédent. Les rencontres sont préparées de façon collective par le corps arbitral. Il y a un message commun. Ensuite, sur la touche, il faut être attentif à ce que propose son arbitre de champ, au ton qu’il donne à la rencontre. Quand on est appelé à rentrer, on peut ainsi être en cohérence. Si un nouvel arbitre sifflait à l’inverse du précédent, les joueurs ne pourraient pas le comprendre. Il faut donc que l’arbitre qui entre en cours de match soit en cohérence, quitte à laisser parfois ses appréciations plus personnelles de côté. Les joueurs ont besoin d’un message continu et compréhensible. »

 
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Les commentaires (3)
rafale5467 Il y a 6 mois Le 15/10/2023 à 23:41

Brefs les arbitres se couvrent, rien de neuf sous le soleil, ça sera pareil avec la catastrophique prestation de O Keef

picsaintloup Il y a 6 mois Le 15/10/2023 à 19:00

question a Mr Poite on peut expliquer la différence entre la tentative d'interception qui vaut carton jaune à Aaron smith et l'en avant volontaire de Farrell qui vaut pénalité ... il va absolument falloir trouver une forme de cohérence on ne comprend plus rien

Patisaben Il y a 6 mois Le 15/10/2023 à 19:24

Concernant Owen Farrell, cela semble pourtant évident : "selon que vous serez petit ou grand, les jugements vous feront noir ou blanc".