Nouvelle-Zélande - Afrique du Sud - La question qui fâche : l’arbitrage est-il en train de tuer le rugby ?
La finale de la Coupe du monde 2023 a été marquée par de nombreux faits d’arbitrage, débouchant notamment sur deux cartons jaunes et un carton rouge sur ce qui apparaissait pourtant comme des accidents de jeu, jamais du jeu déloyal. Ce fut une constante de cette Coupe du monde : à vouloir lisser notre sport et ses aspirations au combat, est-on en train de tuer le rugby ?
Y avait-il en-avant sur la transmission entre Mark Telea et Beauden Barrett, qui amena l’essai du second (54e) ? Et d’ailleurs, y avait-il vraiment carton jaune pour Siya Kolisi (46e), auteur d’un plaquage au ballon sur Ardie Savea avant que son épaule ne remonte impacter le bas du visage du numéro 8 all black ? À vrai dire, rien n’est simple et aucune réponse n’est limpide, comme souvent lorsqu’il s’agit de rugby et d’arbitrage. Et le propos n’est même plus de savoir si l’arbitre (l’Anglais Wayne Barnes) a été bon ou non, s’il a sifflé à juste titre ou pas. Le constat est plus global, plus alarmant aussi, dépassant l’exception ponctuelle d’une finale de Coupe du monde : à force de complexité et du peu de lisibilité qu’il offre à voir au grand public, l’arbitrage est-il en train de tuer le rugby, en même temps qu’il devient le bouc émissaire de tout et n’importe quoi ?
Après avoir gagné leurs trois rencontres à élimination directe d'un petit point, les Boks sont champions du monde pour la quatrième fois de leur histoire !#RWC2023 #RWCFinal pic.twitter.com/n9w2WSfAsq
— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) October 28, 2023
Les limites de la protection du joueur
L’intention de base est louable : protéger la santé des joueurs, et donner envie aux enfants, demain, de venir encore s’inscrire dans les écoles de rugby sans craindre d’y laisser quelques années d’espérance de vie. Si le combat est important, central même, il dérive dans des proportions qui dénaturent aujourd’hui notre sport. À force d’aseptiser les zones de contact, on en vient à renier au rugby sa qualité de "sport de combat".
Prenez le problème des contacts à la tête : puisqu’il est jugé de façon binaire, manichéenne, retenant seulement le point d’impact, son arbitrage ne dissocie désormais plus un accident de jeu sans conséquence d’une franche et réelle agression, qu’il sanctionne de la même manière : carton rouge. "Les contacts tête-tête, c’est la limite de notre sport. Il faudra que cela change car on voit le résultat des protocoles actuels" regrette notre consultant Romain Poite, ancien arbitre international. "Dans cette finale, trois cartons jaunes et un carton rouge ! Le rugby est pourtant un sport de contact. Il faut que l’on accepte les incidences d’un jeu avec contact. Aujourd’hui, on l’aseptise trop."
Dans un rugby qui s'aseptise effectivement, au nom d'une noble cause, l'arbitre se retrouve décideur à son insu de l'issue d'un match dès lors que celui-ci est serré. Ce que les joueurs ont bien compris qui, d'un côté, se sont énormément disciplinés (ce qui n'a pas empêché quatre cartons samedi soir, tous sur des accidents de jeu, jamais des agressions) et de l'autre, des contestations toujours plus nombreuses auprès de l'arbitre pour faire pencher la balance en sa faveur. Un piège duquel le rugby dans sa globalité va désormais devoir s'extraire.
Pas le seul élément décisif de cette finale
Pour autant, la finale qui s’est jouée ce samedi au Stade de France et qui a sacré l’Afrique du Sud pour la quatrième fois de son histoire, la seconde consécutive pour la nation arc-en-ciel, n’a pas choisi son camp au gré de seuls faits d’arbitrage. Il fera partie de son histoire, mais moins que les deux coups de pied placés et cinq points abandonnés en route par la Nouvelle-Zélande (Richie Mo’unga et Jordie Barrett) quand leur alter ego Handré Pollard signait un 100 % (4 sur 4).
On retiendra également que la différence s’est faite sur plusieurs impacts dominants (l’essence même du rugby, donc), dont plusieurs du gigantesque Pieter-Steph Du Toit. De cette Coupe du monde, on retiendra également qu’elle a (con)sacré une équipe sud-africaine au mental d’acier, qui a su arracher toutes ses rencontres de phase finale d’un seul point, ce qui en dit long sur sa force d’abnégation et sa croyance en son destin. Cela restera la belle histoire.
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