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200 ans de légende (45/52) : Bernard Laporte entre au gouvernement

Par Midi-Olympique
  • Bernard LAPORTE et Nicolas SARKOZY, le 14.04.2007.
    Bernard LAPORTE et Nicolas SARKOZY, le 14.04.2007. Dave Winter - Icon Sport
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Jamais on avait vu un sélectionneur intégrer un gouvernement en cours de mandat. Bernard Laporte a vécu cette expérience, étape extraordinaire dans un parcours unique.

Ce jour-là, Bernard Laporte est entré dans le saint des saints, dans le club de ceux dont la trajectoire fait exploser toutes les limites. Jamais on avait vu ainsi, l’entraîneur d’une équipe de France en exercice entrer dans un gouvernement. Même si la rumeur courait depuis plusieurs jours. Quand ce 19 juin 2007, sur le perron de l’Élysée, le secrétaire général de la présidence Claude Guéant, prononça le nom de l’ancien demi de mêlée de Gaillac (Tarn), on sentit tout le rugby français épaté, y compris parmi ses détracteurs les plus affirmés. Bernard Laporte, 41 ans, ancien employé chez EDF, joueur sans grand diplôme et sans talent particulier, se retrouvait avec un maroquin de secrétaire d’État chargé des Sports. Nicolas Sarkozy avait osé l’appeler avec le plaisir gourmand de la transgression, et Laporte avait accepté, fort d’un mandat de huit ans très globalement positif à la tête et du XV de France et d’une aura médiatique à faire pâlir de jalousie les meilleurs clients de la terre. Les deux hommes s’étaient connus en vacances à Arcachon, chacun exerçant son pouvoir de sélection sur l’autre.

A l’annonce de sa nomination, on s’en souvient très bien, on avait très vite senti basculer presque instantanément la moitié de l’opinion française. Étiqueté à droite, Laporte s’aliéna forcément la considération des supporters de gauche. Pour eux, le soutien à l’équipe nationale se teinta d’une ombre de négativisme, on ne peut rien contre les passions humaines. Le plus incroyable, c’est que Nicolas Sarkozy le fit entrer à double titre dans l’Histoire. Pour la première fois, un membre d’un gouvernement ne prendrait pas ses fonctions dès sa nomination, mais quatre mois plus tard après la Coupe du monde. Sa ministre de tutelle Roseline Bachelot assumant ses fonctions entre-temps.

Une expérience comme un intermède

Ainsi Bernard Laporte disputa la Coupe du monde comme une sorte d’apéritif à un second destin national. S’il l’avait gagnée, ça aurait ressemblé à un jackpot médiatique pour Nicolas Sarkozy. Mais on le sait, le sort lui fut contraire avec deux défaites face aux Pumas, une demie empoisonnée par l’Angleterre tempérées au passage un coup de panache face aux All Blacks. Au moins, Laporte n’eut pas le temps de ruminer l’échec il enchaîna avec un rendez-vous avec le Premier ministre François Fillon, puis avec Roseline Bachelot, un premier Conseil des Ministres et une première séance à l’assemblée nationale.

Bernard Laporte pouvait savourer ce parcours de roman balzacien. Dans l’Histoire du rugby, on ne voit guère que Jacques Fouroux qui puisse lui ressembler. Pour se retrouver autour d’une table au Palais de l’Élysée, Laporte avait vécu une ascension mue par sa passion son charisme et son caractère : des dons finalement aussi précieux que ceux, plus télégéniques d’Antoine Dupont ou de Romain Natamack. Aussi précieux que ceux des bêtes à concours passés par les plus belles écoles de la République. L’expérience ministérielle dura deux ans, Bernard Laporte défendit plusieurs textes sur la lutte antidopage, le statut des sportifs de haut niveau et la gouvernance des fédérations. Il répondit sans se gêner en plein parlement à une attaque d’un opposant : "Ça, il faudra venir me le dire dans les couloirs…" Il ne fut pas un mâle alpha, c’est vrai parmi les grands fauves de la politique. Mais il y apprit sans doute quelques codes de l’exercice du pouvoir et de sa conquête.

Le plus fascinant, c’est que cette expérience au sommet du pouvoir ne fut finalement qu’un intermède. Comme une petite excursion en terre inconnue. Bernard Laporte allait vivre ensuite une seconde carrière rugbystique, au moins aussi excitante que la première, deux expériences malheureuses comme dirigeant à Bayonne et au Stade Français, puis le retour triomphal sur le terrain à la tête d’un RC Toulon très international et enfin, chef-d’œuvre de l’odyssée du "petit chose" de Gaillac, la conquête magistrale de la FFR en 2016 après une campagne électorale (sa première) quasi parfaite. Le plus extraordinaire, c’est que quand on parle avec les uns et les autres, c’est que son passage dans les hautes sphères est souvent presque oublié, ou ramené au rang d’une anecdote. Le signe que son parcours, avec des hauts et ses bas est incomparable.

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Les commentaires (2)
VERJUS Il y a 5 mois Le 12/11/2023 à 19:16

Quelqu'un peut-il citer une mesure de Bernie secrétaire d'État qui restera associée à son nom? Il a profité de son passage au gouvernement pour élargir son carnet d'adresses et étoffer son portefeuille , çà part ça ???

brandon_15 Il y a 5 mois Le 12/11/2023 à 17:19

Des histoires comme Sarkozy et bientôt la prison ?