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Top 14 - Bernard Lemaître (Toulon) : "Ce désamour avec les supporters ne peut pas durer..."

  • Bernard Lemaître, président du RCT.
    Bernard Lemaître, président du RCT. Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Pour le président du RCT, Bernard Lemaître, son équipe doit gagner en régularité et retrouver une vraie identité. Conditions incontournables d’un retour en grâce, sur le devant de la scène sportive. La réussite toulonnaise est à ce prix.

En quoi la victoire face au Racing 92, dimanche soir dernier, était importante à vos yeux ?
Nous avions absolument besoin de gagner pour rester compétitifs dans le classement, après une première partie de championnat médiocre. Elle atténue les choses et notamment cette défaite à Perpignan qui est regrettable, même si l’Usap a démontré à Toulouse, le dimanche suivant, qu’elle n’était pas une équipe nulle. D’ailleurs elle ne peut pas l’être avec l’entraîneur qu’elle a (Franck Azéma). Ces quatre points étaient donc primordiaux pour notre tableau de marche.

Quel est l’objectif du RCT cette saison ?
Clairement, revenir enfin parmi les qualifiés pour les phases finales du championnat. Je pense que, sur le papier, nous avons une des meilleures équipes en France. Mais ça, c’est la théorie, après le rugby est une alchimie complexe. Mais nous sommes sur une trajectoire qui est, me semble-t-il, la bonne.

Qu’est-ce qu’il manque à Toulon pour rater, année après année, cette fichue qualification pour les phases finales du Top 14 ?
Je rappelle qu’à chaque fois, nous étions dans la course jusqu’au bout, mais sans parvenir à se qualifier. Il n’y a pas de hasard. Pour être une équipe performante, il y a un certain nombre de conditions à réunir et nous n’avons pas réussi à le faire ou seulement par moments, par éclairs, avec des victoires brillantes mais aussi des défaites désolantes, notamment en déplacement. Ce manque de continuité et de caractère à l’extérieur était rédhibitoire.

Le RCT n’a-t-il pas manqué de pression, avec un management trop "cool" ? En clair, est-ce que les coups de gueule de Mourad Boudjellal et Bernard Laporte font défaut aujourd’hui ?
(Rires, NDLR). Chacun son caractère. J’ai connu trois entraîneurs sous ma présidence. Patrice Collazo qui, croyez-moi, ne manquait pas de caractère ; Franck Azéma, très différent, avec un management plus diplomatique mais pas moins efficace ; et enfin Pierre Mignoni qui est une très bonne synthèse des deux. Dans tous les cas, ils ont eu toute ma confiance. J’ai toujours eu une relation étroite avec eux. D’un point de vue personnel et pour ce qui me concerne, j’utilise au RCT les convictions managériales que j’ai appliquées toute ma vie professionnelle. Quand quelqu’un est en charge d’un secteur, il faut le laisser travailler. Je ne suis pas entraîneur. Je n’impose pas mes choix.

Et au niveau des joueurs ?
J’interviens peu, en nombre d’interventions, seulement deux ou trois fois par an. J’expose certaines valeurs qui me sont chères.

Ne sont-ils pas trop gâtés avec de bons salaires, et d’excellentes conditions d’entraînement ?
Le Campus est un endroit exceptionnel. Tout le monde s’accorde à le dire, il y a encore quelques jours, Tana Umaga n’en revenait pas du changement par rapport au temps où il était au club. Qu’est-ce que j’ai fait ? J’ai construit le lieu de vie du RCT pour les vingt ou trente prochaines années. Cela peut paraître prétentieux ce que je dis mais c’est une réalité. C’est du solide, durable. Le club peut s’appuyer sur un actif qui sert à l’ensemble, des jeunes aux professionnels mais aussi aux supporters ou aux partenaires. Est-ce que c’est trop confortable ? Je ne le pense pas. C’est en tout cas un vrai sujet de fierté pour les joueurs et le staff de travailler dans ces conditions. Je connais la méthode militaire qui fait s’endurcir les corps par la dureté des conditions de vie mais cela ne correspond pas à l’état d’esprit des joueurs d’aujourd’hui. Je pense tout l’inverse. Cela va payer à court ou moyen terme…

Quelle est votre ambition en tant que président ?
Mon rêve, mon ambition, c’est d’être champion de France. Du rêve à l’ambition, il y a la réalisation. Je crois avoir donné suffisamment d’éléments, de moyens au club pour le réaliser. Je suis conscient que la route sera difficile, que le Top 14 est de plus en plus disputé. Que des équipes se dotent de moyens comparables. Il y a sept ou huit équipes qui peuvent ambitionner de soulever le Bouclier de Brennus. Tant mieux. J’adore l’adversité.

Un des défis à réussir aussi, c’est de reconquérir le public de Mayol. Voir des pans de tribunes non remplis pour la réception du Racing dimanche soir, a marqué les esprits… Est-ce un simple problème de hausse des tarifs de billets ?
Pas seulement. Le public toulonnais est un public passionné mais aussi versatile. De plus, depuis le début de la saison, nous n’avons pas enchaîné les victoires. Si on le fait, je suis persuadé qu’à nouveau le stade Mayol sera plein. Ce désamour ne peut pas durer... Après, jouer le dimanche soir c’est pour nous une catastrophe. Ça l’est aussi pour d’autres clubs. Nous l’avons calculé : le match du dimanche soir, c’est 3 500 spectateurs en moins à Mayol ; c’est là une moyenne sur les quatre dernières saisons. J’en ai discuté plusieurs fois avec Éric Bayle, je comprends ses arguments de diffuseur mais pour nous comme pour d’autres clubs c’est un vrai handicap.

Vous êtes membre du comité directeur de la LNR, donc bien placé pour discuter ou relancer les négociations avec le diffuseur afin de faire évoluer les choses ?
C’est un des chantiers du futur. Et vous avez raison, c’est un sujet non pas tabou mais qui, pour le moment, n’a pas de solutions. L’accord entre la Ligue et Canal est signé pour une longue durée. Tant mieux. Après je crains que la direction générale de la LNR ne soit pas très volontariste sur ce plan-là.

Pour finir, qu’est-ce que vous pouvez nous dire sur la future venue de Melvyn Jaminet ?
Les accords de principe sont calés, même si les contrats ne sont pas encore signés, il reste des petits détails administratifs mais cela va se faire dans les tout prochains jours. Melvyn Jaminet va nous rejoindre. Ce qui est à la base de tout, c’est la volonté du joueur de rentrer à Toulon. Tout le monde est d’accord, cela va se concrétiser et c’est une très bonne chose.

Est-ce un axe stratégique ? Il se murmure aussi qu’un autre ancien Toulonnais, Mickaël Ivaldi, pourrait aussi rejoindre le RCT l’an prochain ?
Absolument, c’est la base de ma politique de faire du centre de formation l’élément moteur pour fournir des joueurs à l’équipe première. Cela commence à se vérifier et vous allez le voir de manière plus importante dans les prochaines semaines. Et faire encadrer nos jeunes par des anciens du club, performants, c’est aussi un objectif. En ce qui concerne le poste de talonneur, nous avons un souci avec les absences de Christopher Tolofua et surtout Anthony Etrillard pour une longue durée. Pour ce dernier, on ne sait pas s’il pourra rejouer un jour. Nous sommes donc démunis à ce poste, on cherche activement à court terme un joueur capable de postuler comme titulaire et Mickaël est un sérieux prétendant.

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Les commentaires (4)
soutif Il y a 5 mois Le 17/11/2023 à 09:08

Le match du dimanche soir devient une catastrophe pour les clubs de supporters, difficile de remplir les cars.

Gcone1 Il y a 5 mois Le 16/11/2023 à 21:39

Le problème du RCT, est que, dans les années 2010, on l'a habitué à vivre au dessus de ses moyens. Dans l'illusion et le mensonge.

oncraintdegun Il y a 5 mois Le 17/11/2023 à 11:53

" vivre au-dessus de ses moyens, dans l'illusion et le mensonge "... Je ne comprends pas...
Un des meilleurs entraîneurs du monde (Laporte) a disposé des meilleurs joueurs du monde et a gagné 3 coupes d'Europe de suite, dont un doublé avec le Brennus. Où sont l'illusion et le mensonge ?...

Nigeou Il y a 5 mois Le 17/11/2023 à 14:02

Meilleur entraîneur du monde, cela me laisse perplexe,il ne faut pas oublié le fiasco de la CDM 2007.