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Pro D2 - Portrait. Adrien Lapègue (Provence Rugby), l’en-but comme obsession

Par Mathias Merlo
  • Adrien Lapègue inscrit ici, au stade Michel-Bendichou, un essai qui permettra à Aix-en-Provence de décrocher le nul à Colomiers.
    Adrien Lapègue inscrit ici, au stade Michel-Bendichou, un essai qui permettra à Aix-en-Provence de décrocher le nul à Colomiers. Midi Olympique - Stéphanie Biscaye
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À 25 ans et avec déjà sept essais inscrits sous les couleurs de Provence Rugby, Adrien Lapègue est la révélation du championnat. Itinéraire d’un finisseur doué, à la nonchalance attachante.

Adrien Lapègue est sur le terrain, comme il est dans la vie : tranchant. À l’heure de rembobiner sa cassette interne, il n’élude rien en évoquant ses forces, mais surtout ses failles. "En fin de collège, l’école devenait de plus en plus difficile. J’avais des soucis de concentration, du mal à rester en place. Je voulais faire du sport, et je me dépensais tout le temps avec mes amis. C’est ainsi que j’ai axé mon avenir sur le fait de devenir professionnel." Un choix validé par ses parents qui l’ont "soutenu" en ce sens.

En grandissant dans le Sud-Ouest, entre le Pays basque et les Landes, où son père a des attaches du côté de Dax, le natif de Paris tombe dans l’ovale pour "suivre les copains". "J’étais inscrit au football, mais à l’école, on ne parlait que de rugby. La vie était centrée sur ça. J’avais notamment des amis qui jouaient à Biarritz (rires)."

"Si je gagne sans marquer, il me manque un truc"

Pour lui, ce sera le bleu et blanc de l’Aviron. Un partenaire de l’époque évoque les souvenirs d’un joueur "doué" aux "appuis puissants" ce qui lui permettait de "se sortir de nombreux plaquages". Une marque de fabrique qui lui colle encore à la peau.

L’intéressé s’en amuse. "J’ai toujours été obnubilé par l’en-but. Je n’ai jamais été plus gaillard que les autres, alors je devais apporter à la finition. J’aime la victoire, mais si je gagne sans marquer, il me manque un truc. Quand tu joues ailier, il faut marquer même s’il est vrai que ça a pu énerver certains, notamment ceux qui disaient que je ne plaquais qu’avec une seule épaule (rires)." Aux cartouches de gaillards, il préfère analyser les crochets de Cédric Heymans et les courses incisives de Vincent Clerc. "Aujourd’hui, je regarde beaucoup Will Jordan, un ailier très complet."

En 2018, l’espoir tape dans l’œil du Stade français. "On était avant les années Tayeb, ça ne se passait pas hyper bien avec le club. Le projet ne m’a pas convaincu. Je sentais que je tournais en rond et j’avais soif de découverte." Ce grand amateur de surf prend la vague vers la capitale, un environnement pas si inconnu par les allers-retours de ses parents, la présence d’amis d’enfance et de membres de la famille.

En quatre saisons, il marque 11 fois en 44 matchs. "Au-delà des stats qui ne sont pas mauvaises, j’ai appris auprès des meilleurs comme Waisea, Parisse, ou Fickou… Mon niveau d’exigence a augmenté, ma motivation aussi, même si j’ai pu payer mon côté nonchalant."

À Provence Rugby, son "côté égoïste" plaît au staff

Parole à Julien Dupuy, qui a retrouvé son "surfeur-poète" à Provence Rugby, après l’avoir côtoyé six mois dans la capitale. "À l’entraînement, tu sais à sa tête s’il n’a pas bu son chocolat chaud (rires). Comme tous, la plupart du temps, il s’y file, il s’envoie. Sinon, il faut le titiller. C’est un chambreur qui aime mettre des pièces, moins les recevoir ! Mais, j’aime son caractère, et le fait qu’il gueule sur les autres pour être gavé de ballons. Il veut toujours marquer son essai, et j’estime que son côté égoïste est une force. C’est un bonheur de l’entraîner parce que c’est quelqu’un d’intelligent, un mec qui pue le rugby."

Dans les Bouches-du-Rhône depuis deux ans, le casqué s’épanouit. "Mauricio (Reggiardo) a su me mettre en confiance. Ça m’a beaucoup aidé, mais j’aurais voulu faire mieux lors de la première année. Avec le changement de staff, on sent qu’on prend plus de plaisir. J’avais perdu cette notion lors des derniers mois à Paris, et là, je ressens le bonheur de jouer avec des potes. C’est ce qui me permet de marquer autant." Pour son "numéro 9", maxime empruntée au football pour définir le buteur, le manager des trois-quarts provençaux ne voit "pas de limite d’essais".

Pour l’heure, il a visité sept fois l’en-but adverse. À mi-saison, c’est déjà sa meilleure performance en professionnel. De quoi attiser l’appétit de cylindrées du Top 14. "C’est une situation positive. J’essaie de m’en détacher grâce à l’aide de mes agents. Je n’ai pas pris de décision. Quand j’ai rejoint Provence, c’était pour jouer les six, vivre des phases finales et pourquoi pas monter. Pour l’instant, l’objectif n’a pas été rempli. Mais le projet est très excitant et on voit l’évolution chaque année sur le terrain et dans les infrastructures. Aujourd’hui, j’ai une place importante ici, je prends du plaisir, et tout cela, je le dois au club."

L’entité dirigée par Denis Philipon œuvre en coulisses pour convaincre son élément, et garde espoir d’une débouchée positive. Les prochaines semaines permettront de trancher, un domaine qui sied au nouveau chasseur d’essais du Pro D2.

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