Top 14 - L'édito du lundi : Messieurs les rugbymen, taisez-vous !
Qu’ils se taisent, tous. Une bonne fois pour toutes, et qu’ils laissent seulement à leur capitaine la liberté de converser avec l’arbitre, dans les règles de courtoisie qui s’imposent. Joueurs, entraîneurs, présidents, qu’ils se taisent enfin et laissent à l’arbitre le soin d’arbitrer, au match le plaisir de se dérouler, évitant d’y diffuser ce climat délétère qui a déjà nivelé par l’abject une bonne partie de la dernière Coupe du monde.
Qu’ils se taisent et qu’ils laissent au rugby ce qui fait une de ses grandes fiertés : le respect de l’arbitrage et de celui qui l’impose. L’arbitre a toujours raison ? Peut-être pas, dans les faits, et la réalité est qu’on s’en fout. Si les joueurs réussissaient toutes leurs passes, si les entraîneurs gagnaient tous leurs coachings, ça se saurait. L’arbitre aussi ne réussit donc pas tout, lui non plus. Ce qui n’oblige pas au vaste esprit de foire qui se donne à voir, sur les pelouses du monde.
Exemple : on a assisté, ce samedi à Clermont, à la pratique de la râlerie systématique élevée au rang d’art. Images désespérantes de joueurs qui contestent tout et n’importe quoi sur chaque ruck, chaque touche, chaque mêlée. Du fait de jeu le plus insignifiant au fait de match le plus décisif, tout a donné lieu à la contestation des deux camps. Jusqu’à la nausée.
À Clermont toujours, ce paroxysme, à la 75e minute quand l’ouvreur Benjamin Urdapilleta s’est avancé pour tenter la pénalité de l’ultime break. Avant de s’adresser à Pierre-Baptiste Nouchy, l’arbitre du jour déjà passablement saoulé de paroles. « Moi, je n’ai pas demandé de prendre la pénalité ». Étonnement du référé. « Ce n’est pas moi qui ai demandé les poteaux. Et c’est moi le capitaine. » Oui mais voilà, mon cher « Benja », si vous êtes dans votre droit à ce moment précis, bon nombre de vos coéquipiers s’étaient auparavant chargés de décider pour vous. C’est d’abord vers eux, qu’il faudrait diriger votre désapprobation.
L’incompréhension ne déboucha sur rien de grave : la pénalité tentée était d’évidence le bon choix et sa réussite, redonnant dix points d’avance aux Auvergnats, a suffi à acter la victoire de l’ASM. Mais l’anecdote en dit long sur le vaste bordel qui règne actuellement sur les terrains. Et pas qu’à Clermont.
La pratique est évidemment accentuée par l’ouverture de l’arbitrage-vidéo à trop de situations de jeu, depuis plusieurs années. Pour un rien, les joueurs réclament désormais un revisionnage À ce sujet, il faudra vite légiférer pour ramener l’usage de la vidéo dans les limites du raisonnable, comme le réclame l’ancien sélectionneur des All Blacks Steve Hansen.
En attendant, si on ne réagit pas vite, l’exception culturelle ne sera bientôt qu’un lointain souvenir. On verra bientôt la meute des loups mordre l’agneau à chaque coup de sifflet qui pèse, pressant l’arbitre de cette vindicte insupportable qui a cours chez le cousin du foot. Ça, c’est non. Et c’est votre responsabilité, messieurs.
Vous êtes hors-jeu !
Cet article est réservé aux abonnés.
Profitez de notre offre pour lire la suite.
Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de
0,99€ le premier mois
Je m'abonne Déjà abonné(e) ? Connectez-vous
J'ai déjà un compte
Je me connecteVous souhaitez suivre ce fil de discussion ?
Suivre ce filSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?