Abonnés

Exclusif. "D'art et d'essai" : le grand entretien de Jean-Pierre Rives

Par David Bourniquel
  • Jean-Pierre Rives a reçu Midi Olympique chez lui, à Grimaud (Var).
    Jean-Pierre Rives a reçu Midi Olympique chez lui, à Grimaud (Var). Midi Olympique - Patrick Derewiany
  • Jean-Pierre Rives a toujours fait des rapports humains le ciment des grandes équipes. Ce fut le cas en club, en Bleu mais aussi et surtout à la création des Barbarians français.
    Jean-Pierre Rives a toujours fait des rapports humains le ciment des grandes équipes. Ce fut le cas en club, en Bleu mais aussi et surtout à la création des Barbarians français. Midi Olympique - Patrick Derewiany
Publié le Mis à jour
Partager :

Assez discret dans les médias, plutôt éloigné des choses du rugby, « Casque d’or » est, depuis plus de trente ans, devenu un artiste reconnu. Pour célébrer la fin de sa 70e année qui fut aussi celle de la Coupe du monde en France, le légendaire ex-capitaine des Bleus a accepté de se prêter au jeu de l’entretien fleuve.

Vous aurez 71 ans le 31 décembre prochain. Quel regard portez-vous sur l’année écoulée ?
71 ans, vous dites ? ça doit forcément être une erreur ! (rires) Plus sérieusement, comme toutes les autres années, 2023 est passée très vite. L’époque est incertaine, on ne sait pas trop quoi penser, on ne sait pas trop ce que l’on peut faire, ce que l’on ne peut pas faire, ce que l’avenir nous réserve… On fait un pas en avant, un pas en arrière. À vrai dire, je suis un peu perdu, je ne sais pas qui nous ment et qui nous dit la vérité. Je suis un peu rêveur et je-m’en-foutiste. J’aurais même aimé naître un peu plus tôt pour profiter plus intensément des années d’insouciance et… des Beatles !

Vous n’enviez donc pas la jeune génération ?
Absolument pas, même si je reconnais que les jeunes d’aujourd’hui sont sans doute meilleurs que nous. Comme nous étions meilleurs que nos pères. Ainsi va la vie. C’est comme ça que la terre tourne et que les générations s’améliorent. Prenez le rugby, les gosses d’aujourd’hui jouent formidablement bien. La vie est un escalier que l’on monte, pas un escalier que l’on descend…

Vous n’étiez pas vraiment prédestiné à devenir un grand joueur de rugby…
C’est le moins que l’on puisse dire. Je suis plutôt né sur un court de tennis. Mon père était un amoureux de la petite balle jaune et un tennisman assidu. Je jouais moi-même beaucoup étant jeune mais j’étais très flegmatique et peu motivé, mon père a fini par m’amener jouer au rugby au Toec car un de mes cousins pratiquait… Là, je suis tombé sur un éducateur formidable qui s’appelait Jacky Rougé. Ça a commencé comme ça, un peu par hasard finalement. J’étais un gosse un peu timide, un peu maladroit. Le rugby a contribué à améliorer nettement tous ces aspects de ma personnalité. Ce jeu m’a mis à l’aise dans les groupes et plus généralement dans la société. Le rugby m’a certainement permis de vivre un peu mieux.

Bien sûr que j'aurais aimé jouer aujourd'hui, au milieu de ces garçons formidables. Vous avez vu cette troisième ligne ? Jelonch, Cros, Alldritt et tous les autres ? Ce sont des athlètes magnifiques...

2023 était aussi l’année de la Coupe du monde en France. Qu’avez-vous pensé de la compétition ?
On peut parler des arbitres ou bien ? (rires)

Grand bien vous fasse…
Ce fut une compétition admirable, formidable. Au vrai, je ne voyais pas vraiment comment on pouvait empêcher la France de l’emporter mais les Sud-Africains ont trouvé (rires). Il faut les féliciter, ces Sud-Africains sont égaux à eux-mêmes, ils sont incroyablement forts. Quant à nous, la déception est légitime mais il faudra trouver les ressources de gagner la prochaine fois. Nous avons les moyens de le faire. Antoine Dupont est une formidable tête de gondole. Il mène parfaitement la barque bleue. Nous avons les meilleurs, j’en suis sûr. Mais pour gagner les grandes compétitions, il faut un peu de chance et cette année nous n’avons pas eu de chance.

Qu’avez-vous pensé des quelques « couacs » et polémiques qui ont émaillé la compétition (mêlée des chœurs, arbitrage) ?
Je pense que des gens se sont donné de la peine pour organiser la plus belle compétition du monde. J’ai trouvé ça intéressant et magnifique. On n’est pas content parce que la France n’a pas gagné mais si on regarde ça d’une manière dénuée de tout chauvinisme, la compétition est une réussite.

Vous avez joué trop tôt pour connaître le professionnalisme mais étiez réputé pour vous entraîner très dur et pour avoir une hygiène de vie remarquable. Auriez-vous aimé évoluer aujourd’hui, à une heure où les méthodes d’entraînement sont poussées à leur paroxysme ?
Autant demander à un aveugle s’il veut voir ! Bien sûr que j’aurais aimé jouer aujourd’hui, au milieu de ces garçons formidables. Vous avez vu cette troisième ligne ? Jelonch, Cros, Alldritt et tous les autres ? Ce sont des athlètes magnifiques… Et il n’y a pas que la troisième ligne. Je trouve vraiment que le jeu pratiqué par toute l’équipe de France est remarquable.

Antoine Dupont est actuellement la figure de proue du rugby français et un des tout meilleurs demis de mêlée du monde. Est-il le Jean-Pierre Rives des années 2020 ? Après tout, vous êtes la première grande star de ce jeu…
Non, pas du tout. À mon époque, cette notion de starification n’existait pas. C’était incomparable. Nous étions des copains qui formions une équipe et c’était à peu près tout. Il n’y avait pas autant de médias, il n’y avait pas tous ces transferts, ces sollicitations des marques. Par contre, j’espère que les jeunes coéquipiers actuels resteront aussi liés que ceux de ma génération. Nous, on s’appelle souvent, on se voit dès que possible. Et on pense souvent à nos chers disparus et on leur demande de nous garder une petite place au ciel parce qu’on va tôt ou tard les rejoindre pour jouer au rugby là-haut !

Jean-Pierre Rives avec le maillot du Stade toulousain.
Jean-Pierre Rives avec le maillot du Stade toulousain. Icon Sport

Les rangs de vos anciens coéquipiers disparus se sont justement garnis un peu plus encore récemment, avec le départ d’Alain Estève. Quel souvenir gardez-vous de lui ?
Paix à son âme, c’était un joueur formidable, un dur au mal, un vrai rude. Je crois qu’il ne m’aimait pas beaucoup. J’ai finalement assez peu joué avec lui. C’était un joueur et un homme… différent. Comme Michel (Palmié) et Jean-François (Imbernon), il fait partie de la caste des surhommes. Ces mecs-là, dans le rugby actuel, ils seraient radiés à vie au bout de cinq minutes. Mais quels joueurs ! Quelle équipe nous avions quand j’y repense !

Vous souvenez-vous de votre première sélection sous le maillot des Bleus en février 1975 en Angleterre ? Quelle émotion vous a-t-elle procuré ?
Comment l’oublier ? Je m’en souviens d’autant mieux que j’ai une petite anecdote assez savoureuse : c’était à Londres et la France avait perdu le premier match. C’est Claude Spanghero qui m’avait pris sous son aile et il m’avait dit, au moment du rassemblement la veille du match, qu’il m’amenait dans le vieux Londres pour… faire du shopping. Finalement, bien sûr, il m’a amené dans un cabaret où il y avait quelques filles qui se déshabillaient… (rires) Bien sûr, on est arrivés en retard pour dîner avec l’équipe. L’entraîneur (Toto Desclaux) nous a dit : « C’est à cette heure-ci que vous arrivez ? Et qu’est-ce que vous avez acheté ? » Et Claude Spanghero de lui répondre : « Rien tout est trop cher ici ! » On avait bien ri et le lendemain, nous avions battu les Anglais ce qui nous avait permis de « justifier » un peu plus facilement ce petit retard. En plus, on peut le dire aujourd’hui car il y a prescription, nous avions joué aux cartes jusque très tard cette nuit-là. C’était une belle préparation avant un match.

Justement regrettez-vous que les traditions des troisièmes mi-temps se perdent un peu ?
(Il coupe) Ça, on n’en sait rien. La troisième mi-temps appartient aux joueurs. Qu’est ce qui vous fait dire que celles d’aujourd’hui sont moins « salées » que les nôtres ?

Je plaquais beaucoup parce que je ne savais pas faire autre chose (rires). Au vrai, j'aurais aimé jouer trois-quarts mais on avait un mec qui s'appelait Philippe Sella et qui n'était pas mauvais dans ce rôle. Alors...

On imagine le niveau de préparation des équipes actuelles un peu plus poussé qu’à votre époque…
Je pense que les excès quand ils sont raisonnés permettent de faire de grandes choses parfois. Je crois que la jeune génération sait très bien faire la fête et faire la part des choses entre ce qui est bon pour elle ou pas. Par contre, je pense que Fabien Galthié ne doit pas leur organiser de soirées…

Vous êtes à l’origine de la création des Barbarians. Pouvez-vous nous raconter la genèse de cette équipe ?
Avec Jean-Claude Skrela et Jean-Pierre Bastiat, nous avions été invités par les Barbarians britanniques. À l’époque, on avait pris ça comme un grand honneur car les Britanniques n’invitaient que très peu. On a vite adhéré à leur esprit festif. En clair, on jouait au golf en guise d’entraînement, on se changeait une heure avant le match à la va-vite… C’était très libre et folklorique dans la préparation. Tout était basé sur la confiance. Ils nous prenaient pour des grands garçons - ce que nous n’étions pas !-,et nous avons adoré cette philosophie, cette envie de jouer au rugby et de se faire des passes. Sitôt rentré à Paris, j’ai appelé Guy Basquet et Albert Ferrasse, alors présidents de la Fédération et je leur ai dit : « Messieurs les présidents, il faut créer les Barbarians français. » Guy Basquet m’a rappelé une semaine plus tard en donnant son accord. Pour le remercier, je lui ai dit qu’il deviendrait le premier président. C’est ainsi que l’aventure a démarré. Au fil du temps, j’ai pris la présidence et bientôt je passerai sans doute les rênes à mon ami Denis Charvet… Il sera le parfait garant de l’esprit des Barbarians.

Si vous deviez résumer cet esprit, que diriez-vous ?
Il faut jouer au rugby, ne penser qu’à l’attaque et être un gentil camarade. Facile, non ?

Dans l’imaginaire collectif, vous êtes le joueur sacrificiel qui plaquait à tour de bras. Le plaquage est-il le plus beau geste du rugby à vos yeux ?
Je plaquais beaucoup parce que je ne savais pas faire autre chose (rires). Au vrai, J’aurais aimé jouer trois-quarts mais on avait un mec qui s’appelait Philippe Sella et qui n’était pas mauvais dans ce rôle. Alors…

Jean-Pierre Rives a plongé dans l'art, influencé notamment par le sculpteur Féraud.
Jean-Pierre Rives a plongé dans l'art, influencé notamment par le sculpteur Féraud. Midi Olympique - Patrick Derewiany

Cet état d’esprit est symbolisé par une célèbre photo où l’on voit votre maillot blanc du XV de France maculé de sang au cours d’un match face au pays de Galles de du Tournoi 1983. Avez-vous gardé des souvenirs de ce moment iconique ?
Vous savez, j’en ai eu quelques-uns des maillots blancs maculés de sang (rires). Mais bon, je vois très bien duquel vous voulez parler. C’est le maillot que j’ai offert à Roger Couderc pour son dernier match au micro et pour la petite histoire, ce n’est absolument pas mon sang qui le tache ! En fait, je voulais plaquer un Gallois mais je l’ai raté et, emporté par mon élan, j’ai touché Serge Blanco. je lui ai cassé le nez. C’est donc lui qui saignait beaucoup et qui a « repeint » mon maillot blanc. Pour le coup, on a beaucoup dit que j’avais saigné pour la France mais en fait c’était bien Serge Blanco. Rendons à César et surtout à Serge ce qui lui appartient.

Quid de Roger Couderc qui a hérité du précieux cadeau ? Vous étiez son idole…
Roger, c’était Roger. Il a inventé son métier je crois. Avec lui, quand on était mauvais, on était bons et quand on était bons, on était excellents ! Mine de rien, il a fait entrer le rugby chez les Français. Son commentaire était souvent plus intéressant que le match lui-même et il a beaucoup œuvré pour le rugby. On devrait lui faire une statue !

Vous lui devez votre surnom de « Casque d’or » qui vous a suivi partout…
C’est vrai. Je n’ai jamais réussi à m’en défaire !

Parmi les particularités de votre carrière, vous avez été un des premiers joueurs à muter en passant de Toulouse au Racing. Cela ne se faisait pas à l’époque en 1982. Regrettez-vous les fameuses licences rouges ? (qui interdisaient à un joueur changeant de club de jouer en championnat pendant un an après leur mutation, N.D.L.R.)
Je ne regrette rien. Honnêtement, j’aurais aimé finir au Stade toulousain, parce que Toulouse est mon club de cœur, même si j’ai aussi joué au Toec et à Beaumont-de-Lomagne. Toulouse, c’est ma ville. Je suis parti parce que je n’étais pas d’accord avec certaines personnes (pas des joueurs), mais ce fut un crève-cœur.

Ce départ au Racing lui valut une licence rouge, sanction inique que le président de la FFR d'alors, Albert Ferrasse, infligeait à tout joueur souhaitant changer de club.
Ce départ au Racing lui valut une licence rouge, sanction inique que le président de la FFR d'alors, Albert Ferrasse, infligeait à tout joueur souhaitant changer de club. Icon Sport

L’aventure au Racing fut quand même belle…
Oui, là encore cette période au Racing est un témoignage d’un temps révolu. J’étais donc sous licence rouge et j’évoluais en… équipe 3. Pas en Une, pas en réserve, en équipe 3. Je m’entraînais avec les pompiers rue Madame le matin et le soir tout seul. Et j’étais quand même international. Ce ne serait pas possible aujourd’hui. Pour tout dire, je n’allais même pas au club. J’habitais dans le VIe arrondissement à côté du Luxembourg et il fallait aller à Boulogne… Je ne voulais pas. Il y avait déjà trop de circulation à l’époque (rires). J’ai averti le club que je ne m’entraînerais jamais avec eux et je faisais donc mes séances en solo et avec les pompiers…

Vous n’avez jamais été champion de France. Est-ce un regret ?
Comment voulez-vous que je puisse avoir des regrets ? J’ai eu une chance inouïe. J’étais un petit garçon timide dans les jupes de ma mère, j’ai eu la chance de devenir international et de connaître mille copains grâce au rugby. Je ne peux décemment pas me plaindre.

D’accord mais quand même, en 1980, le coup passa si près… (défaite contre Béziers 10 à 6 en finale du championnat avec le Stade toulousain, N.D.L.R.)
Ça, c’est ce que vous pensez mais au vrai, il n’y a pas eu photo cette saison-là. Béziers méritait amplement sa victoire. Ce Béziers-là, c’était quelque chose, vous savez ! Une équipe vraiment remarquable avec des joueurs exceptionnels dans toutes les lignes. Pour moi, sur cette période-là, l’ASBH était le plus grand club du monde. Les Estève, Palmié, Sennal et tous les autres menés magistralement par Richard Astre… Non, rien à dire, ça avait une sacrée gueule et nous étions déjà contents de ne pas prendre 40 points. Il n’y avait pas photo.

Vous avez gagné deux grands chelems, en 1977 et en 1981. Lequel des deux est le plus fort pour vous ?
Les deux sont importants mais celui de 77 a une saveur particulière. Pendant quasiment deux ans, nous avons joué avec les mêmes gars. J’ai le souvenir incroyable de Jean-François Imbernon qui voulait jouer avec un péroné fracturé ! Il disait que ce n’était rien et voulait jouer avec une simple bande. Bon, jouer n’était pas possible finalement, il avait été remplacé par Alain Guilbert mais nous étions tellement soudés que l’on avait envisagé de jouer à quatorze. C’était stupide mais ça montrait notre cohésion. Tout le monde tournait un peu le dos à ce pauvre Guilbert qui n’y était pour rien. Il avait d’ailleurs fait un très bon match.

En 1981, avec de nouveaux joueurs, vous gagnez aussi dans un contexte difficile…
Ça avait été difficile. Il y avait une espèce d’adversité. On jouait contre le monde entier. Mais là encore le groupe était bon et soudé. Dans la vie, ce n’est pas ce que l’on fait qui est important mais avec qui on le fait.

On le sait moins, mais vous avez aussi été acteur. Comment diable vous êtes-vous retrouvé sur un plateau de tournage ?
C’est encore une histoire de copains… Je n’ai pas marqué l’histoire du cinéma. On est obligé de parler de ça ? (rires)

Au moins de votre rôle d’un chef teuton dans Vercingétorix…
Ah oui, c’est vrai, ce n’était pas moi Vercingétorix… J’étais un teuton… Il fallait que je monte sur un cheval (il éclate de rire). Les gens du plateau m’avaient mis sur un canasson sauvage avec tout l’équipement d’un redoutable chef barbare. À la première ruade de la bête, j’ai perdu le chapeau, l’épée… je suis arrivé tout nu sur la scène du tournage. Là encore, on n’a pas pleuré…

Il était de la classe des grands? Serge Kampf était d'une discrétion et d'une générosité rares. C'était un immense passionné de ce jeu. Un monjstre d'amour et de gentillesse, il ne savait pas quoi faire pour faire plaisir aux gens. Peu bavard, pas très éloquent mais une grandeur immense.

Vous ne gagnerez peut-être pas un Oscar de cinéma mais vous êtes quand même devenu un artiste et notamment un sculpteur reconnu. D’où vous vient cet attrait pour l’art ?
Quand j’étais jeune, je voulais faire les Beaux-Arts. Mais mon père n’y tenait pas et à l’époque, on écoutait ses parents… J’ai quand même gardé ça dans un coin de ma tête. Un jour, un de mes amis m’a offert une sculpture d’Albert Féraud et il m’a amené dans son atelier à Bagneux. J’y suis entré et je n’en suis jamais sorti. J’ai acheté une maison à côté et c’est parti de là. J’ai rencontré ensuite Kijno, le peintre, et ça a été le même coup de foudre artistique, à ceci près que je n’ai pas acheté une maison à côté de son atelier (rires). Aujourd’hui c’est une passion dévorante. J’ai ma famille d’un côté et l’art de l’autre. Ça me prend tout mon temps.

Vous étiez extrêmement proche de Serge Kampf et faisiez partie de ceux qui ont porté son cercueil. Que représentait-il pour vous et plus largement pour le rugby français ?
Il était de la classe des grands. Serge était d’une discrétion et d’une générosité rares. C’était un immense passionné de ce jeu. Un monstre d’amour et de gentillesse, il ne savait pas quoi faire pour faire plaisir aux gens. Peu bavard, pas très éloquent mais une grandeur immense.

Que pensez-vous de la nouvelle gouvernance de la FFR ?
Je pense que le rugby n’a pas intérêt à être divisé. Il faut que tout le monde soit d’accord. Il faut bien se mettre quelques gifles de temps en temps mais à la fin, il faut se faire la bise. Bernard Laporte a fait beaucoup pour le rugby et pour l’équipe de France. Le nouveau président Florian Grill que j’ai eu l’occasion de rencontrer en fera sans doute autant. Je crois sincèrement que tout le monde a besoin de tout le monde. Au rugby, il faut de la fraternité et de la fantaisie.

Vous avez deux garçons, Jasper-Jo, 19 ans et Kyno-John, 16 ans. Suivent-ils les traces de leur illustre père ?
Oui et non. Mon grand est un très bon joueur de golf. Il ne fait pas de rugby. Kyno-John, lui, joue à Grimaud. Il se fait plaisir. Il joue deuxième ligne mais je ne sais pas si ça va durer. À son âge, il peut encore grandir et son physique évoluer. En tout cas, il est content et c’est l’essentiel. On reçoit ses coéquipiers à la maison. Ce sont de bons moments et pourvu que ça dure.

Jean-Pierre Rives toujours dans son atelier a consacré la majorité de ses dernières créations à la peinture.
Jean-Pierre Rives toujours dans son atelier a consacré la majorité de ses dernières créations à la peinture. Midi Olympique - Patrick Derewiany

Son prénom est un bel hommage…
Oui. c’est un hommage à John Eales qui a appelé son fils Jean-Pierre. Je lui ai rendu la pareille avec Kyno-John. Et pour la première partie de son prénom, c’est une référence à Ladislas Kijno, le fameux peintre français que j’aime tant. On a volontairement enlevé le « j » pour des raisons de prononciation. Mais le cœur y était (rires).

Quel est ou quel fut le plus grand joueur de rugby pour vous ?
Pour moi, John Eales fait partie des plus grands. Mais Gareth Edwards ou Morné Du Plessis n’étaient pas maladroits non plus, hein…

Et quel a été le plus grand de vos coéquipiers ?
Serge Blanco…

Que peut-on vous souhaiter, à la veille de votre 71e anniversaire ?
À moi, pas grand-chose (rires). Mais il faut souhaiter au monde du rugby de la joie, de la bonne humeur, qu’il y ait toujours ce côté familial et qu’il y ait toujours cet esprit de fête.

A lire aussi : Interview de légendes - Rives : "Et là, boum, "Chocho" électrocute un Ecossais dans le couloir…"

Qu’aimeriez-vous que les gens gardent de vous ?
Rien de particulier, honnêtement. Je voudrais sortir comme je suis entré. Par la porte de service ! Récemment je suis allé à la remise des trophées de la Nuit du Rugby pour mes enfants, pour qu’ils voient ce qu’est le monde du rugby. Mais j’ai été comblé dans ma vie, le rugby m’a beaucoup donné et demander plus serait indécent.

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (9)
ZiBuru Il y a 4 mois Le 19/12/2023 à 19:36

Entièrement OK avec JPR, d'autant que Serge Blanco est jusqu'à preuve du contraire le meilleur joueur que nous n'ayons jamais eu !!!!

Babati Il y a 4 mois Le 07/12/2023 à 22:55

Demandez à RIVES ce qu'il pense du Grand Jean Pierre Fauvel à Tulle!! Qui était au même niveau que Rives voir plus fort et dont le seul défaut a été de jouer à Tulle et non à Agen ou à Toulouse...

Badphl34 Il y a 4 mois Le 07/12/2023 à 20:56

Quel IMMENSE hommage rendue à la glorieuse ASB ! Ce mec est vraiment un grand homme . Bravo!