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200 ans de légende (52/52) - Le triomphe de Rassie Erasmus avec les Springboks

Par Jérôme Prévôt
  • Rassie Erasmus a remporté la Coupe du monde cette année avec les Boks.
    Rassie Erasmus a remporté la Coupe du monde cette année avec les Boks. PA Images / Icon Sport
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En 2023, les Springboks deviennent la seule nation à quatre titres de champion du monde. Derrière ce triomphe, un entraîneur au cerveau bouillonnant, Rassie Erasmus.

En 2023 à Paris, l’Afrique du Sud accède au Panthéon du rugby mondial avec un quatrième titre mondial, seule au monde après trois matchs décisifs gagnés d’un point face à la France, l’Angleterre et la Nouvelle-Zélande en finale. Trois succès à l’arraché avec leur lot de polémiques et de contestations, mais au final, une couronne ceinte par un personnage exceptionnel. Rassie Erasmus était déjà aux commandes en 2019. En 2023, il n’était plus officiellement entraîneur mais "directeur du rugby", fonction fourre-tout qui lui permettait de travailler en symbiose avec son alter ego Jacques Nienaber, ami de vingt ans, officiellement appointé sélectionneur. Disons que la dénomination de la fonction importe peu, Erasmus, ancien troisième ligne aux 36 sélections (1997-2001), restera comme l’homme fort des Springboks de ces années 2010. En écrivant ça, on ne se contente pas d’égrener un palmarès.

On consacre un vrai technicien, mieux que ça, un stratège, un homme capable d’imaginer des solutions inédites et donc digne de rester parmi ceux qui auront ajouté une couleur à la palette bicentenaire du rugby. Rassie Erasmus aura par exemple osé aligner un banc en "7-1" ; soit sept avants et un seul trois-quarts (en principe un demi de mêlée). On appelle ça le "Bomb Squad", la capacité à renouveler quasiment tout un pack en cours de jeu. Il tente le coup en match de préparation pour une victoire sans appel face aux All Blacks, clairement déstabilisés. En poule, c’est un semi-échec face à une très forte l’Irlande (courte défaite avec des circonstances atténuantes), mais le pari réussit à nouveau en finale face aux mêmes All Blacks.

Coups de poker en tous genres

Entre-temps, le patron des Boks aura multiplié les coups de poker avec des changements dans tous les sens. Il aligne une feuille de match avec trois demis de mêlée Faf De Klerk, Cobus Reinach et Grant Williams, le dernier titularisé à l’aile. Il profite de la blessure de son talonneur Malcolm Marx pour rappeler Handré Pollard… demi d’ouverture incontournable, mais convalescent. En faisant ça, il prend le risque de finir la compétition avec seulement deux talonneurs de métier, Bongi Mbonambi et Deon Fourie, sachant que ce dernier est chargé aussi de servir… en troisième ligne. Un cas d’école ce Fourie, appelé pour la première fois à 35 ans après un exil en France loin des radars médiatiques, mais servi par son éclectisme.

S’il existe un joueur servi par la créativité d’Erasmus, c’est bien lui. En demi-finale, le coach aux mille idées n’hésite pas à faire sortir son ouvreur Manie Libbok au bout d’une demi-heure puis son demi de mêlée Cobus Reinach dès la pause. "Il n’y a pas de place pour l’ego chez les Springboks. On tente des choses, ça ne marche pas. Il ne faut pas hésiter à changer. Il n’y a rien de personnel." Même son capitaine emblématique Siya Kolisi a droit à des sorties à la 50e. D’une créativité bouillonnante, Erasmus se signale aussi en faisant passer des consignes depuis les tribunes, via un étrange appareil capable d’envoyer de puissants signaux lumineux. En matière de déstabilisation médiatique, Erasmus fait figure de maître, en conférence de presse et via les fameux réseaux sociaux. Tout y passe, critique des arbitres pour les mettre sous pression pour la fois d’après, déstabilisation de l’adversaire. Le grand public français découvre un phénomène… et un bourreau.

Parce que c’est Rassie Erasmus qui bouta en grande partie les Français hors de leur propre Coupe du monde. Lors du quart de finale perdu d’un point au Stade de France (29-28), on assiste à une vraie partie d’échecs, gagnée de main de maître par le Sud-Africain face à Fabien Galthié. Ça se joue sur les remplacements, Erasmus fit entrer un banc très fort en fin de match, poussant Galthié à faire de même alors que les remplaçants français n’étaient pas capables d’apporter autant de punch. Sur un plan purement tactique, Erasmus avait aussi vu juste en balançant des chandelles sur l’aile gauche, identifiée comme le point faible des tricolores. Les Français ont beaucoup parlé de l’arbitrage du Néo-Zélandais Ben O’Keefe, jugé trop laxiste avec les Sud-Africains sur les points chauds, ce fut sans doute la dernière conséquence du travail de sape de Rassie Erasmus qui aura redonné toutes ses lettres de noblesses à la fonction d’entraîneur.

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Les commentaires (5)
biilyzekid Il y a 3 mois Le 20/01/2024 à 07:19

Il a su se mettre l'arbitrage dans la poche. Bravo.

Celte29 Il y a 3 mois Le 31/12/2023 à 22:10

Quand les instances internationales vont faire le ménage , l'arbitrage, le dopage.
Comment ça se fait que des jeunes joueurs gagne autant en masse musculaire en deux ans.
Attendez il y a un pays européen qui va avoir un sérieux problème.
Le monde amateur chez eux est gangrené par le dopage.
Ce sport a perdu son âme.

Rreexx Il y a 3 mois Le 31/12/2023 à 12:56

La créativité et les intuitions d'un Rassie ont eu raison du management par les datas d'un Galthié. L'être humain n'est pas (encore) obsolète. Ouf !!!!

biilyzekid Il y a 3 mois Le 20/01/2024 à 07:21

Rien de tout cela. Il a insulté les arbitres il y 2 ans, aujourd'hui cela porte ces fruits. Ni intuition ni créativité. Tu délires.