L'édito : Le lion, l’enfant, Nietzsche et les Bleus
Dans l'édito du vendredi 29 décembre, Léo Faure revient sur une année 2023 chargée en émotions et se projette déjà sur l'année 2024.
Ravalant notre aigreur légitime, il faudra bien finir par le digérer. "Notre" Coupe du monde n’était pas la nôtre. On avait oublié l’adversité. Nous comme les autres, peut-être, on avait oublié la volonté de l’adversaire, sa qualité aussi. La plus belle génération que le XV de France a accueillie, le meilleur staff qu’il a compté à sa tête, les meilleures dispositions de préparation jamais accordées aux Bleus n’auront pas suffi à faire de cette équipe, cette belle équipe, cette grande équipe, un champion du monde. Pour un point, avant la suite. Un point c’est rien, un point c’est tout. Fabien Galthié l’a dit, et il a raison. "Un point c’est tout, un point c’est rien." C’est le "tout", au moment de refermer le triste livre de 2023, qui l’emporte pourtant sur le "rien". "Un point, c’est tout."
Pour ce faire, pour accepter l’inacceptable, pour basculer enfin vers la suite, il y a une échéance. Et quelle échéance ! Ce sera le 2 février 2024, un vendredi soir, une programmation nocturne et anticipée qui dit tout de l’importance du rendez-vous. Ce sera le 2 février 2024 au Stade Vélodrome, enceinte magique et qui a toujours eu l’effet d’un catalyseur. Là-bas, tout est toujours plus grand, plus beau, plus fou. Ce sera le 2 février 2024 au Stade Vélodrome de Marseille. En province. Merci pour tout. D’entrée, le grand match, celui qu’on attend tous, face à l’autre grande nation de cette vieille Europe. Il n’y a rien de mieux pour tourner la lourde page de cette Coupe du monde 2023, par ailleurs si belle. Si traumatique aussi.
Ci-contre, vous lirez tout ce qui a fait notre vie rugbystique au long de cette maudite année 2023. Et la vôtre. La Rochelle champion, Toulouse aussi. Mais une année de Coupe du monde n’est jamais comme une autre, elle se juge sur leur seul autel du verdict mondial.
Bientôt, vous lirez une autre narration. Une autre histoire. La vie continue et le XV de France, toujours lesté de son deuil, repart au combat. Malgré tout. Nous serons son premier supporter, encore et toujours, leurs premiers aimants.
Le temps qui vient est celui de l’apaisement. Enfin. Le passé est, il s’envolera des esprits. C’est Nietzsche qui nous indique ici. Dans son (chef) œuvre "Ainsi parlait Zarathoustra", le philosophe développe l’idée d’une évolution de l’humain, d’un chemin de vie, d’une métamorphose que nous suivons tous : le chameau, le lion et l’enfant. Le chameau porte le fardeau et s’en complaît ; c’est sa mission. Puis vient le lion, qui ronge les cordes de son poids et s’en affranchit ; c’est sa libération. Enfin, l’enfant affronte le dragon du "tu dois", il lui répond par le "je veux" ; c’est son accomplissement.
Le XV de France, sans le savoir, obéit à cette comptine pas si enfantine. Il a été le chameau, porteur d’un fardeau qu’il a pensé pouvoir supporter, contraint jusqu’à l’échec. Il sera le lion, celui qui ronge ses cordes et qui vit enfin pour lui. En 2027, il devra être l’enfant, métamorphosé, décideur de son destin pour enfin entreprendre ce qui se refusait à lui. On lui souhaite. On nous le souhaite aussi. Les lendemains brillent.
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