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L'édito du vendredi : ces sifflets qui font parler

Par Léo Faure
  • Les supporters rochelais ont copieusement sifflé Ugo Mola, manager du Stade toulousain lors de la dernière rencontre.
    Les supporters rochelais ont copieusement sifflé Ugo Mola, manager du Stade toulousain lors de la dernière rencontre. Thibaut Bossenie Icon Sport - Thibaut Bossenie Icon Sport
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Dans l'édito du vendredi, Léo Faure évoque le comportement des supporters dans le monde ovale et revient notamment sur le public rochelais qui avait copieusement sifflé Ugo Mola lors de la dernière rencontre opposant le Stade rochelais au Stade toulousain...

Ugo Mola l’a d’abord joué "sans rancune" : "je ne peux pas en vouloir aux gens, il faut bien stigmatiser quelqu’un". Et puis, saisi par un léger agacement, piqué par l’esprit bagarreur de celui qui veut avoir le dernier mot, il a masqué sa mauvaise humeur affleurante derrière quelques bons mots, et un sourire d’emprunt. "Tant que je suis détesté, c’est qu’on empêche peut-être les Rochelais de gagner une paire de fois." C’est habile et plein d’esprit, remarquez : cela donne un atour sage et philosophe à un propos nargueur, qui renvoie ces mêmes Rochelais à leurs quatre échecs, en phase finale, contre son club. Manière de maintenir vivace la défiance, sans l’air d’y toucher. Manière aussi de relativiser la défaite du soir.

Quelques minutes plus tôt, samedi dernier, Mola avait donc été copieusement sifflé par le public de Marcel-Deflandre, et à plusieurs reprises. À chaque fois qu’il apparaissait sur les écrans géants. D’ailleurs, pourquoi une telle démonstration sonore des chœurs de l’armée jaune ? On n’en est pas vraiment sûrs.

Peut-être, parce qu’il avait sèchement répondu à l’entraîneur des Maritimes Ronan O’Gara, en conférence de presse d’avant-finale du Top 14 2023, en juin dernier : "Parfois, il vaut mieux se taire et passer pour un con que de parler et ne laisser aucun doute à ce sujet". O’Gara avait lui-même allumé la mèche, aux alentours de cette finale et au même pupitre. Avant de s’en excuser, quelques jours plus tard, dans un exercice de contrition et d’une certaine classe : admettre ses erreurs n’est pas donné au premier des esprits venu. "Ces commentaires étaient petits et décevants de ma part, j’accepte ça. C’est important que je le dise."

Ces petites histoires, ces petits mots, ces petites provocations font aussi le sel de notre grand livre du rugby et des inimitiés qu’il voit naître. C’est le roman d’un sport qui s’écrit sur fond de rivalités, sorte de théâtre où se mêlent communication et testostérone. Quand un double champion d’Europe en titre croise la route d’un multi-champion de France, il ne peut y avoir de franche accolade. Même pas de saine rivalité, sans arrière-pensée. Les trônes pour deux n’existent pas.

Dès lors, on comprend les sifflets de Deflandre autant qu’on les regrette. On comprend que toutes les grandes épopées ont un grand ennemi, comme on regrette que cela vienne polluer les tribunes. C’est vrai pour Deflandre comme ça l’était pour le Stadium de Toulouse, à l’encontre du même O’Gara, en mai dernier. Comme on regrette encore les ires bruyantes des publics de Giral, de Mayol, de Michelin, de Mathon, du Hameau, de Wallon, de Chaban ou de Dauger, tous à l’unisson dans cette pratique pour laquelle ils se renvoient pourtant la balle, non sans mauvaise foi.

Si les publics du rugby français se rassemblent volontiers autour d’une bonne bière, ils en font de même autour de cette "culture" ancestrale de la bronca, si typique de chez nous et qui provoque toujours le même étonnement chez nos amis celtes. Faut-il s’en réjouir ? La spécificité française n’a pas que du bon.

Son ruissellement avait d’ailleurs contaminé le Stade de France, lors de la dernière Coupe du monde où les soldats bleus des tribunes se mirent à siffler tout et n’importe quoi - y compris un arbitre… français ! Cela n’augure rien de bon. Et si la ferveur a ses charmes parfois débordants, rien ne justifie ses aigreurs. Au risque d’altérer durablement notre sport et ses vertus d’accueil.

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Les commentaires (8)
Stephane17 Il y a 3 mois Le 07/01/2024 à 13:51

J'étais au stade et les sifflets non généralisés étaient dirigés vers Mola.
Je ne souscris pas à cela.
Le public Rochelais est dans sa large majorité est respectueux de l'équipe adverse. Aucun sifflet au buteur adverse, applaudissements quand il réussit.
Applaudissements lorsque l'équipe adverse fait un tour d'honneur.
Mola n'est pas aimé ici c'est une certitude mais il le cherche bien.
Que chaque club fasse l'analyse du comportement de son public, Toulon, Toulouse, Bordeaux, Pau... et on en reparle.

SR1700 Il y a 3 mois Le 05/01/2024 à 16:08

Comme partout malheureusement une minorité se fait plus facilement remarquer,
le tout est que ces tribunes de discussion ne leur donne pas plus de crédit qu'ils n'en méritent en polémiquant sur qui est plus désagréable que l'autre.
cela reste du sport avec ses belles choses et le folklore des hués que tous les stades usent pour déstabiliser l adversaire et influencer l arbitre.

biilyzekid Il y a 3 mois Le 05/01/2024 à 15:25

Comme quoi à La Rochelle, on lave plus blanc qu'ailleurs. On y est aussi kon qu'ailleurs.