Top 14 - Cobus Reinach (Montpellier) : "Les moments durs créent des moments faciles, c’est un cercle"

  • Cobus Reinach, ici balle en main, face à Castres
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Publié le Mis à jour
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Malgré des progrès notables effectués ces dernières semaines par son équipe, le demi de mêlée sud-africain de Montpellier Cobus Reinach estime que la route vers le maintien est encore longue. Mais le double champion du monde, qui analyse la situation avec pragmatisme, refuse de céder à la panique.

Montpellier a fait des progrès notables dans plusieurs secteurs de jeu, comment est-ce arrivé ?

Nous progressons, c’est vrai. Nous avons beaucoup de nouveaux entraîneurs qui ont apporté des idées nouvelles et nous devons nous y adapter pour mettre en place notre jeu sur le terrain. Ils ont apporté beaucoup d’énergie au groupe aussi, cela nous a fait du bien. C’est jamais facile de changer de jeu en un claquement de doigts, mais la transition se fait petit à petit.

Le nouveau staff a également relancé la concurrence au sein du groupe ?

La concurrence est une bonne chose pour un groupe. Cela tire tout le monde vers le haut. Si vous le voyez de l’extérieur, c’est très bien. On le voit aux entraînements, tout le monde se challenge et essaye de faire de son mieux. Nous en avons cruellement besoin en ce moment.

L’épisode de la Challenge Cup a semblé être bénéfique…

Oui, car cela nous a permis de travailler notre jeu. Pendant deux semaines, nous avons pu mettre en application des changements pour faire évoluer notre jeu. C’était un bon break avec le Top 14 aussi, et cela nous a permis de reprendre le championnat avec une nouvelle dynamique.

Laporte x Mignoni, part.2 \ud83c\udfa5

Les deux hommes, avant de se recroiser lors de Toulon - Montpellier, se remémorent les années passées ensemble dans le Var. Ils évoquent notamment la gestion rude d'un effectif cinq étoiles. pic.twitter.com/AIkmgyzIBr

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) January 6, 2024

Quelle direction avez-vous décidé de prendre en termes de jeu ?

Nous essayons d’utiliser davantage le ballon, d’attaquer plus avant de taper au pied, ce que l’on faisait beaucoup par le passé. Maintenant, il s’agit de trouver un équilibre entre le jeu à la main et le pied, car on ne veut pas non plus surjouer.

Que vous a-t-il manqué à Lyon (défaite 20-18) ?

Les matchs durant les fêtes sont toujours difficiles à aborder car on dispose d’un peu moins de temps pour nous entraîner. Or, c’est précisément ce dont nous avons besoin en ce moment, pour notre confiance. Nous sommes passés à côté d’une très belle opportunité de gagner à l’extérieur, et c’est très dommage. J’ai trouvé que nous avons été dominés dans la dimension physique, on subissait des plaquages, des collisions durant la première mi-temps, donc on jouait en reculant. Cela s’est amélioré en deuxième mi-temps mais le fait de prendre deux cartons jaunes nous a mis sous pression. Le point positif, c’est que nous sommes revenus d’un 17-3 pour passer à 17-18 à la 44ème. Cela montre que l’on progresse, et qu’on est tous là pour nous battre jusqu’au bout.

Dans le même temps, Perpignan s’est imposé à Castres, ce qui vous remet sous pression au classement. Comment le vivez-vous ?

Pour le moment, on ne peut pas regarder ailleurs. On a trop de choses à régler chez nous et on doit rester concentrés. Si l’on se disperse, on va perdre de l’énergie et du temps. Le championnat n’en est pas encore à la moitié, on doit se concentrer sur nous. Bien sûr que ce résultat ne nous arrange pas, nous sommes en difficulté mais on doit grandir en tant qu’équipe et aller chercher des points partout.

Comment va le moral de l’équipe ?

Les trois victoires nous ont fait le plus grand bien. Gagner change toute la semaine de travail qui suit. Lyon était un coup dur, mais l’équipe garde le moral car on sait qu’on peut gagner. Chacun relève la tête et doit tout faire pour être dominant sur le terrain.

Avec les Springboks, les gens ne voyaient que les victoires mais en coulisses, on bossait comme des dingues, et ce n’était jamais facile

Ressentez-vous beaucoup de pression à l’heure de recevoir le RCT ?

Je ne ressens pas de pression parce que c’est Toulon. Je me mets de la pression parce que je veux bien jouer : réussir mes passes, mes frappes, mes plaquages... Et je pense que si tout le monde est à 100% et est connecté aux autres, alors ça ira. Peu importe qui sera en face. Le rugby est un jeu très étrange, où les résultats défient parfois toute logique. On sait que les Toulonnais viennent avec la volonté de s’imposer : ils sont en pleine confiance, possèdent un très bon pack et d’excellents buteurs.

1/3 "Toulon vit au rythme du rugby" selon Bernard Laporte, aujourd'hui directeur du rugby à Montpellier. Avec Pierre Mignoni, manager du RCT, ils expliquent les différences entre ces deux clubs avant la rencontre de ce dimanche ! \u26a1 pic.twitter.com/TboWvZKwen

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) January 5, 2024

Qu’avez-vous identifié du jeu de Toulon en l’étudiant cette semaine ?

On dirait qu’ils défendent en permanence avec quinze mecs sur leurs pieds. Les Toulonnais adorent défendre. Ils attendent le turnover, et quand ils l’obtiennent ils te renvoient chez toi par du jeu au pied long. Quand ils ont la possession, ils te rentrent dedans très fort, encore et encore. Puis ils arrivent dans tes 22 mètres, et profitent de chaque erreur. Ils ont des joueurs comme Villière qui peuvent exploiter la moindre faille, et d’autres excellents porteurs de balle.

Vous avez déjà vécu cette situation critique en 2021, qu’est-ce que cela apporte au groupe montpelliérain ?

Comme en 2021, on veut s’en sortir. Quand il traverse des moments comme ceux que nous avons vécus en 2021, un groupe se resserre très fort. Je pense d’ailleurs que c’est pour cette raison que nous remportons le titre l’année d’après. Le problème, c’est que le titre nous a aussi menés où nous sommes aujourd’hui. En 2021, on a bossé comme des chiens pour le moindre point, la moindre victoire et on s’en est sortis. C’est avec cet état d’esprit là qu’on a tout gagné l’année suivante. Mais derrière, on a cru qu’il suffisait de se pointer sur le terrain pour gagner. Sauf que cela ne se passe pas comme ça. C’est toujours comme ça dans la vie: les moments durs créent à des moments faciles, et ces moments faciles vous renvoient vers d’autres moments douloureux. C’est un cercle.

Comment avez-vous vécu la transition en passant d’un titre de champion du monde à Montpellier avec qui vous jouez le maintien ?

Cela peut paraître bizarre, mais ce n’est pas très différent. Le point commun, c’est de bosser très dur, tout le temps. Avec les Springboks, les gens ne voyaient que les victoires mais en coulisses, on bossait comme des dingues, et ce n’était jamais facile. Quand j’ai retrouvé Montpellier, il fallait toujours bosser dur et s’adapter à l’environnement le plus vite possible. Il faut faire sa part du boulot, apporter son expérience et être le meilleur joueur que l’on puisse être pour le club.

La victoire de l'Afrique du Sud face à la Nouvelle-Zélande a ravi la presse sud-africaine et a logiquement miné les journalistes néo-zélandais.

Certaines plumes ont même la dent dure contre le style de jeu des Springboks.

L'article : https://t.co/4FHXQ0vLFQ pic.twitter.com/1OLUg2je79

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) October 29, 2023

Rassie Erasmus a décidé de prolonger son aventure avec les Springboks, qu’en pensez-vous ?

C’est génial. Avec Jacques (Nienaber), Rassie a probablement formé le meilleur duo d’entraîneurs de l’histoire du rugby sud-africain. Leur façon de préparer les matchs était incroyable. Je suis très heureux que Rassie reste aux commandes des Springboks, c’est la meilleure chose qui pouvait arriver au rugby sud-africain. Il va continuer à construire sur les deux titres mondiaux, et maintenir l’Afrique du Sud sur la plus haute marche du rugby mondial.

Quid de votre avenir à Montpellier ?

Après cette saison, il me restera encore un an de contrat. Je suis très heureux ici et il est encore trop tôt pour me prononcer sur mon avenir. En tout cas, nous sommes très heureux d’être ici avec ma femme. Et j’ai envie de continuer jusqu’à ce que mon corps me dise stop. Pour l’instant, il me dit de continuer donc...

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