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6 Nations 2024 - France - Irlande : Peter O’Mahony, le Vert incassable

Par Simon Valzer
  • Loin d’être un phénomène physique, Peter O’Mahony s’est appuyé sur des qualités techniques et de leadership hors du commun pour devenir le capitaine de toutes les équipes par lesquelles il est passé, y compris l’Irlande puisqu’Andy Farrell lui a confié le brassard que portait Sexton. Photo Icon Sport
    Loin d’être un phénomène physique, Peter O’Mahony s’est appuyé sur des qualités techniques et de leadership hors du commun pour devenir le capitaine de toutes les équipes par lesquelles il est passé, y compris l’Irlande puisqu’Andy Farrell lui a confié le brassard que portait Sexton. Photo Icon Sport
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L’emblématique joueur du munster Peter O’Mahony s’est vu hériter du brassard de capitaine de l’Irlande, succédant ainsi à Jonathan Sexton. focus sur ce modèle de longévité, mais surtout sur un leader né qui s’est imposé dans toutes ses équipes.

L’équipe des Lions britanniques et irlandais, cette prestigieuse étrangeté déchaînant les passions Outre-Manche, a ceci de particulier qu’elle réunit sous une même bannière et tous les quatre ans une cohorte de gonzes qui ont l’habitude de se détester singulièrement tous les week-ends. Mais un peu à la façon des Barbarians, il règne en son sein une sorte de magie qui scelle des amitiés à vie entre les hommes. Des rapprochements qui peuvent d’ailleurs être totalement improbables, comme celui entre l’expansif talonneur anglais Jamie George au taiseux et renfrogné flanker irlandais Peter O’Mahony. Jamais avide d’une bonne phrase, voilà comment le rondouillard Anglais évoqua, en mars 2022, son opposé celte : "Peter ? Il est très sérieux et grincheux sur un terrain. En dehors, en revanche, il est très sérieux et grincheux. Je peux le dire, c’est l’un de mes meilleurs potes dans l’équipe !"

Barr : "Il a souvent entendu qu’il était trop petit ou trop maigre"

Il est comme ça, Peter O’Mahony. Une vraie tête de cochon. Un énorme caractère dont on se demande bien comment il peut être contenu dans un si petit corps. Car s’il n’a rien d’un gringalet (1,90 m ; 106 kg), convenons que le Munsterman est tout de même loin des standards internationaux imposés par les immenses Pieter-Steph du Toit, Courtney Lawes ou Charles Ollivon ou les compacts Shannon Frizell ou Kwagga Smith. Et cela ne date pas d’hier : "Il a souvent entendu qu’il était trop petit ou trop maigre pour accéder au haut niveau.", se souvient son éducateur Paul Barr, qui fit la connaissance d’O’Mahony quand ce dernier n’avait que 15 ans et qu’il défendait les couleurs de son Presentation Brothers College de Cork : "à l’époque, on aurait jamais dit qu’il atteindrait les 100 sélections, mais on voyait qu’il avait un potentiel." À la différence d’autres, O’Mahony n’a en effet jamais traversé le terrain. Il n’a jamais dominé les collisions, ni renversé ses adversaires. Du moins pas quand il avait le ballon en main.

"Mec, Je n’attrape pas ce genre

de bouse"

Car dans ses jeunes années, le nouveau capitaine de l’Irlande évoluait au poste d’ouvreur, avec un certain Simon Zebo au poste de 12 : "C’était un bon dix, avec un très bon jeu au pied pour son âge", se rappelle Paul Barr. "Le problème, c’est qu’avec Simon ils étaient beaucoup trop agressifs. En clair, Peter était une terreur. Il était tellement dans la compétition que s’il voyait qu’il perdait le contrôle de la rencontre, il perdait aussi le contrôle de ses nerfs. C’est pourquoi on a décidé de le déplacer dans le pack, en troisième ligne, où il s’est très bien épanoui. Son agressivité n’était plus une entrave mais un atout. Donc il s’est appuyé dessus."

Désormais placé à un poste qui lui convenait mieux, le jeune Peter frappa rapidement à l’équipe première de son école. Mais toujours avec son caractère bien trempé, comme le raconte Barr : "Lors de sa toute première séance de touche avec l’équipe première, le capitaine de l’équipe, le talonneur Niall Scannell (autre futur international du Munster, qui compte à ce jour 21 sélections) lui envoya un ballon à hauteur de poitrine. Peter balança un coup de poing dans le ballon, et à la retombée il lança à Niall : "Mec, je n’attrape pas ce genre de bouse." Les mecs étaient bouche bée. Dès son tout premier jour, sans pour autant se prendre pour un autre, il s’affirmait comme un leader qui fixait les standards de l’équipe."

La suite, vous la connaissez. Ce leader naturel et pur produit de Cork est logiquement devenu le capitaine des sélections jeunes irlandaises, puis du Munster, suivant ainsi les pas de son mentor, le très regretté Anthony "Axel" Foley, de l’Irlande en 2018, et même des Lions britanniques et irlandais un an plus tôt durant la tournée néo-zélandaise. Un patron, quoi.

O’Connell : "Même remplaçant, il a toujours été excellent avec nous"

Son incroyable leadership ne lui a pour autant jamais garanti une place au soleil. Et dans une sélection comme l’Irlande où la concurrence au poste de troisième ligne est particulièrement féroce, il lui est aussi arrivé de cirer le banc, comme le raconte le légendaire Paul O’Connell, aujourd’hui membre du staff irlandais : "Je le connais depuis l’âge de 18 ans. Il communique bien avec les groupes et trouve toujours le bon ton. Avec lui, tu n’as jamais de bla-bla. Il en vient toujours au point avec une franchise extrême, ce qui nous facilite grandement le boulot. Même quand il était remplaçant, il était excellent avec nous. Sportivement bien sûr, mais pas seulement. Toutes les semaines, il préparait les titulaires, prenait en charge les remplaçants. Et sans jamais râler qu’il avait perdu sa place de titulaire." Une place qu’il ne risque pas de perdre sur ce Tournoi 2024 qu’il aborde en mâle alpha de la meute irlandaise, et ce même si son pack est très majoritairement issu du Leinster, l’éternel rival. Car une meute n’a qu’un chef.

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Les commentaires (1)
envoituresimone Il y a 2 mois Le 02/02/2024 à 06:55

Attention aux verts fêlés, ils pourraient bien se fendre en passant un peu vite sur le nid de la poule, la copine du coq de France.