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Pro D2- Lucas Martin (Provence Rugby), une pépite provençale en plein envol

Par Mathias Merlo
  • Lucas Martin sous les couleurs de son club de Provence Rugby.
    Lucas Martin sous les couleurs de son club de Provence Rugby. Icon Sport
Publié le Mis à jour
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À 21 ans, le talonneur s'inscrit comme une des révélations du Pro D2 par la force d'un parcours singulier qui lui permettra de découvrir l'élite professionnelle l'an prochain.

"Papa, un jour, je jouerai là-bas et tu pourras me voir." Dans le camion-restaurant El Jefe Cuban, présent à tous les matchs à domicile de Provence Rugby, le petit Lucas, arrivé en 2017 chez les Noirs, fait une promesse, entre les préparations de cubano pollo, boniatos et autres joyeusetés des Caraïbes, à son père Stéphane. Ce dernier est un non-initié à l’Ovalie, préférant de loin le bruit des motos.

Peu importe, à vrai dire, pour le môme à l’unique couvre-chef rose. "On est une famille de costauds, et j’habitais à 300 mètres d’un stade (rires). Ce casque rose est aussi pour lui ! J’ai toujours mis une protection, mais j’en voulais un différent, avec une couleur qui lui permettait de me suivre partout sur le terrain. C’était plus facile quand je faisais du handball ou du judo, mais j’ai lâché par amour pour ce jeu." Il le rend bien à ce sport, mais aussi à son papa.

Natif d’Aix-en-Provence, passé par les Pennes-Mirabeau-Cadeneaux Rugby et l’Entente Rugby Club Gignac-Marignane, Lucas Martin s’est bien épaissi (1, 86 m, 108 kg) depuis le temps de ses premières dans l’antre de l’actuel leader du Pro D2. Lors de l’exercice 2020-2021, l’ex-troisième ligne voit son destin basculer. "C’était un cas particulier, se remémore Fabien Cibray, manager qui l’a lancé en professionnel. C’était un gamin dominant chez les jeunes. Il évoluait en 8, mais on avait acté une reconversion au talon sur le mois de décembre, au moment de sa majorité. Finalement, on a connu une hécatombe. Il n’est plus jamais reparti avec les espoirs. On avait prévu de l’emmener chez les grands, mais il a eu le mérite de saisir la première opportunité."

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L’intéressé est rapidement fasciné par le poste en écumant les vidéos et les prestations du Springbok et champion du monde 2019 Schalk Brits. "J’ai aimé son côté atypique : fort en conquête, des appuis incroyables, beaucoup de vitesse et de tempo dans son jeu. Il portait aussi un casque rouge (rires). C’était un mec qu’on voyait également faire le troisième rideau. C’était un joueur rare. Je me suis beaucoup inspiré de lui pour devenir un vrai talonneur, mais en conservant mes qualités initiales. J’aime tout de ce poste : la mêlée, le lancer, le combat, mais aussi l’apport dans le jeu. C’est un poste magnifique, où je me sens libre et important." Avec le numéro 2 dans le dos, ce passionné de pêche sous-marine retrouve des responsabilités connues chez les jeunes où il a longtemps été un leader respecté et un capitaine dans l’âme.

Cette saison, Reggiardo a naturellement fait grimper sa jeune pousse dans le "conseil provençal", groupe de leaders formé par Cazenave, Coville ou encore Piazzoli. Chaque début de semaine, cette réunion donne le pouls des Noirs. "À l’époque, au-delà du rugby, on sentait un garçon respectueux, réservé, mais avec un énorme charisme, enchaîne Cibray. Au fond de lui, je sentais que ce charisme pouvait en faire un leader. Dans les premiers entraînements, je me souviens de mecs qui m’ont demandé : "C’est qui ce jeune ? Il sait tout faire !" "

"C’était un choix difficile de quitter Provence Rugby"

Vous voulez un exemple ? Lors de la dernière journée du Pro D2, sorti à l’heure de jeu, Martin a mis des straps à ses cuisses pour être utilisé en qualité de sauteur en touche pour la fin de partie. Un talonneur qui bondit, voilà une spécificité hors du commun. "Je veux surtout m’excuser auprès de mes partenaires à qui j’ai fait un lumbago (rires)." L’expérimenté Jean-Charles Orioli préfère rester plus terre à terre. "Il a des qualités physiques au-dessus de la moyenne. Il a des progrès à faire en mêlée et en touche, mais à 21 ans, il n’y a personne d’imprenable. C’est un travailleur, un minot à l’écoute qui progresse de jour en jour. Il va découvrir l’échelon du dessus, et il a le potentiel pour aller vers le très haut niveau." Il n’y a pas que l’ancien Toulonnais ou l’entraîneur d’Oyonnax qui ont vu un potentiel "rare". Il y a une dizaine de jours, Bayonne s’est acquitté de plusieurs centaines de milliers d’euros pour arracher la signature de l’Aixois jusqu’en 2027. "C’était un choix difficile de quitter Provence Rugby. Je suis attaché au club et à mon environnement actuel, avec mes amis et ma famille. L’Aviron m’a toujours fasciné par sa ferveur. C’est un club installé en Top 14. Je voulais accéder au plus haut niveau et me tester face aux meilleurs." Cibray reprend. "À moyen terme, je le vois dominer au-dessus car sa courbe de progression est encore importante. Il aime les duels, jouer debout même s’il doit mieux trier les ballons. Il apporte un profil rare : c’est un talonneur qui évolue comme un quatrième troisième ligne. Les bons joueurs doivent être sur le terrain, et il en fait partie !"

Et Stéphane, dans tout ça, a-t-il trouvé une place pour le food-truck sur la côte basque ? "Non… Ça va lui faire un peu trop de route (rires). Quand il viendra, il aura enfin le temps d’apprécier le moment." Sinon, ce pourrait être le môme qui arrive à lui. "C’est mon objectif de finir mon aventure par un titre de champion de France et de faire monter Provence Rugby pour les retrouver." Une parole d’un ambitieux.

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