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XV de France - Gabin Villière : "Il faut savoir basculer pour ne pas sombrer"

Par Vincent FRANCO
  • Gabin Villière (ailier de Toulon).
    Gabin Villière (ailier de Toulon). Icon Sport - Icon Sport
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Actuellement en pleine guérison d’une entorse du ligament latéral d’un genou, l’ailier toulonnais se livre sur ces pépins physiques qui s’enchaînent pour lui. L’international aux 16 sélections revient également sur le début du Tournoi des Bleus, mais surtout sa non-convocation.

Premièrement, comment allez-vous après votre blessure au genou subie le 19 janvier dernier ?

Ça va plutôt bien. J’ai connu bien pire ces dernières années. Si je peux le dire ainsi, ce n’est "qu’une" entorse d’un ligament latéral interne. Comme une opération n’est pas nécessaire, il faut simplement s’armer de patience et attendre que tout se remette parfaitement.

Avez-vous une date de retour en tête ?

Au fond de moi, je vise la réception de Perpignan, prévue le 2 mars prochain. Je viens d’enlever l’attelle et je me sens bien à l’heure actuelle. Désormais, il va falloir revenir, étape par étape, pour retrouver les terrains.

On peut dire que la poisse vous poursuit depuis de longs mois…

Avant de me blesser contre Glasgow, j’avais réussi à enchaîner quelques matchs, mais encore une fois, un pépin vient me stopper dans mon élan. C’est frustrant. Je me blesse à chaque fois sur des actions bêtes. Ce sont des petits faits de jeu, mais ça tombe à chaque fois sur moi. Là pour le coup, ce n’est pas une énorme blessure, mais c’est embêtant et cela m’empêche de retrouver la pleine possession de mes moyens. Je pense qu’on peut clairement dire que j’ai la poisse.

Arrivez-vous encore à positiver ?

Quand tu as vécu une période très compliquée comme ce fut le cas pour moi il y a un peu plus d’un an et que tu as enchaîné des opérations, tu arrives beaucoup plus à relativiser. Je prends sur moi, je garde le moral et je travaille en salle avec les kinés. De toute manière, tu ne peux rien faire d’autre. Ça ne sert a rien de se triturer l’esprit. L’expérience doit aussi te servir dans ces moments-là. L’objectif n’est pas forcément de revenir le plus vite possible, mais de la meilleure des manières. Et ça, je l’ai compris seulement depuis quelques temps.

Gabin Villière souffre d'une blessure au genou, subie face à Glasgow, et devrait manquer six semaines de compétition.https://t.co/Elm6Nq5xRf

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) January 24, 2024

Avez-vous toujours confiance en votre corps ?

Si ce n’était pas le cas, j’aurais lâché l’affaire depuis bien longtemps ! J’ai encore énormément d’objectifs et l’envie de me battre pour perdurer au très haut niveau.

Considérez-vous que ce sont ces blessures qui vous ont fait perdre votre place en équipe de France ?

Bien évidemment que, quelque part, ça a compté. Mais ce n’est seulement pas à cause de ça, il faut être honnête. J’aurais pu réaliser de meilleurs matchs lors de moments importants qui m’auraient permis de marquer un peu plus de points dans l’esprit du staff. On va dire que tous mes pépins physiques ne m’ont pas aidé, tout simplement. Je n’ai jamais retrouvé mon niveau optimal. Parfois, les destins tiennent à peu de chose.

Votre non-convocation pour préparer le Tournoi a-t-elle été difficile à digérer ?

Franchement, je ne vais pas mentir, ça n’a pas été simple à encaisser. Depuis le Mondial, je n’avais eu aucune nouvelle de la part du staff. Et il est vrai qu’être appelé à 20 heures, la veille de l’annonce de la liste, ç’a été un peu difficile. L’apprendre comme ça au téléphone, c’est un peu brutal, mais c’est comme ça. Il faut savoir accepter le choix et basculer vers la suite pour ne pas sombrer.

Vous attendiez-vous à faire partie de la liste ?

Je m’étais préparé aux deux scénarios. Je savais qu’il y avait la possibilité que je ne sois pas convoqué. Je suis bien placé pour dire que ça peut aller très vite dans le sport de haut niveau, d’un côté comme de l’autre. Je sais que je ne suis pas le meilleur ailier du Top 14. J’ai des qualités mais j’ai aussi énormément de défauts.

Le sélectionneur du XV de France vient d'annoncer sa liste pour préparer le Tournoi des 6 Nations 2024. Trente-quatre chanceux pour forcément quelques déçus... Parmi les absents, Gabin Villière, Paul Willemse ou encore Sekou Macalou.https://t.co/chLT1UVgYO

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) January 17, 2024

Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?

Je ne marque pas forcément beaucoup d’essais et cela fait plusieurs mois que je n’ai pas retrouvé toutes mes sensations. Il faut que je retrouve de la fougue et de la confiance pour enchaîner les gros matchs et reprendre du plaisir sur le terrain.

Au fond de vous, avez-vous l’impression que le train du XV de France est en train de passer ?

C’est un peu le cas effectivement. À chaque fois que tu es forfait pour un rassemblement ou que tu n’es pas appelé, tu loupes des occasions de te montrer. Ensuite, on a vu de nombreux joueurs revenir en sélection après plusieurs mois voire des années d’absence donc je ne perds pas espoir. Tout est possible. Mais il est certain que c’est dur d’y avoir goûté et d’être obligé aujourd’hui de regarder les rencontres du XV de France devant la télé.

Que se dit-on quand on voit un jeune joueur exploser au plus haut niveau à son poste comme l’a fait Louis Bielle-Biarrey ?

Premièrement, il faut saluer les performances de Louis avec l’équipe de France. Il est arrivé comme une fusée dans le groupe et s’est rapidement imposé. Sa trajectoire en sélection me rappelle un peu la mienne. Je me dis simplement que si je veux regagner ma place, il faudra que je sois meilleur que lui, et ne pas attendre qu’il soit moins bon que moi. Des ailiers de grand talent, il y en a énormément en France, ce n’est pas une nouveauté. De mon côté, c’est forcément de la concurrence en plus, mais on sait très bien qu’il en faut pour tirer le groupe vers le haut. Tant qu’il y en a, c’est une bonne nouvelle pour le rugby français.

Suivez-vous de près le Tournoi ?

Bien sûr ! C’était difficile au début car tu as toujours un petit goût amer en bouche mais je reste le premier supporter français et je souffre avec les mecs car je sais ce qu’ils peuvent ressentir. Lors du match de ce samedi contre l’Écosse, j’ai souffert avec eux lors de la dernière action jusqu’à la décision de l’arbitre.

Qu’avez-vous pensé des deux premiers matchs des Bleus ?

Forcément, on aurait tous aimé les voir l’emporter contre l’Irlande, mais c’est ainsi. Ensuite, je ne peux pas vraiment juger l’état de forme de l’effectif mais je sais que le Top 14 puise énormément d’énergie. Même si les joueurs qui ont participé au Mondial ont pu profiter de quelques semaines de repos, c’est un rythme effréné et tu laisses des forces dans la bataille en championnat. C’est une saison particulière avec quinze matchs de suite après la Coupe du monde. Je ne leur cherche pas forcément d’excuse, mais c’est une donnée qu’il faut prendre en compte je pense au moment de juger leurs prestations.

Vous qui avez joué la Coupe du monde, était-ce prévisible ce début plus que compliqué face à l’Irlande ?

Je ne pense pas. L’Irlande a, elle aussi, perdu en quart de finale. Au fond, les Irlandais devaient aussi se relever d’un échec. Ils ont juste été meilleurs lors de ce match et ont réussi à gagner. Je trouve tout de même la note un peu trop salée. De mon simple avis, les Bleus ne méritaient pas d’encaisser presque quarante points. Heureusement pour eux, ils ont réussi à réagir ce samedi à Murrayfield malgré une première mi-temps ratée. Pour renverser un match en Écosse, il faut énormément de caractère.

XV de France - Gabin Villière lors de la Coupe du monde 2023
XV de France - Gabin Villière lors de la Coupe du monde 2023 Icon Sport - Icon Sport

Les critiques envers le XV de France vous surprennent-elles ?

C’est le jeu. Quand tu gagnes, tout est beau, tout est rose mais quand tu perds, tu es forcément l’équipe la plus nulle. Cette défaite contre les Irlandais et l’écart de points a remis énormément de choses en question. Je reste tout de même confiant pour la suite. Le XV de France est une grande équipe et va le rester, je n’en ai aucun doute.

Cinq mois après, pensez-vous encore à la Coupe du monde ?

Je n’en parle pas forcément beaucoup autour de moi, mais ce n’est pas encore digéré. J’y pense encore au quotidien. C’est une peine que je vais garder toute ma vie en moi. C’est un rêve de gosse qui s’est envolé. Je ne sais pas si je rejouerais une Coupe du monde dans ma carrière, alors la déception est indescriptible. C’est très dur à accepter, mais il faut avancer.

Vous avez évolué à VII pendant plusieurs mois durant votre carrière, êtes-vous excité à l’idée de voir Antoine Dupont évoluer dans cette discipline ?

Dupont ou pas, je suis excité quand je vois jouer l’équipe de France de rugby à VII. Ensuite, bien évidemment qu’Antoine va pouvoir amener quelque chose en plus à l’effectif. On connaît son talent, alors difficile de le voir se rater…

Comprenez-vous les craintes qu’il y a autour de son adaptation ?

C’est difficile d’être inquiet pour lui, soyons honnêtes. Déjà, il est demi de mêlée à quinze donc il possède une endurance plus élevée que la moyenne. C’est un très gros défenseur, alors sur les un contre un, il tiendra la baraque. Antoine a le profil adapté pour briller à VII.

Pour sa 50e avec Toulon, Gabin Villière ouvre son roman \ud83d\udcd6

Avant sa 50e apparition avec Toulon lors du déplacement à Toulouse, ce dimanche, l’international français s'est confié sur ses matchs marquants à travers six photos sur quinze proposées. \ud83d\udcf8https://t.co/pFm3p8L0bp

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) December 22, 2023

Si vous aviez un conseil à lui donner : lequel serait-il ?

(rires) C’est dur de donner un conseil à un joueur comme lui. Je lui dirais simplement que s’il utilise le jeu au pied, il faut que ça aille au bout. Tu ne peux pas te débarrasser du ballon, sinon ça peut se payer très cher derrière. Mais je pense qu’il n’a pas besoin de moi. Je suis confiant et tout le monde sait ce qu’il peut faire sur un terrain.

Est-ce que la possibilité de participer aux Jeux olympiques a trotté dans votre tête ?

Bien évidemment que j’y ai pensé. C’est une opportunité en or pour tout sportif français. J’ai réfléchi et avec tous les pépins physiques que j’ai surmontés ces derniers mois, je ne me voyais pas lâcher le RCT pour aller faire des étapes de rugby à VII. Ça aurait bien sûr été un honneur et un plaisir, mais je ne me voyais pas quitter mon club pour une nouvelle expérience. Je suis reconnaissant envers Toulon et je veux performer sur le terrain avec le maillot rouge et noir sur les épaules.

Vous l’a-t-on proposé ?

Il y a un an et demi, j’en avais parlé avec Jérôme Daret, le manager de l’équipe de France. Directement, j’ai été honnête avec lui. Mis à part Antoine Dupont, je ne pense pas que beaucoup de joueurs puissent se permettre de louper quelques rencontres de Top 14 pour se former à VII. Je serai néanmoins à fond derrière mes anciens coéquipiers, et je leur souhaite le meilleur dans ces JO 2024.

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Les commentaires (2)
Puntadelteno1970 Il y a 2 mois Le 15/02/2024 à 10:46

Tout d'abord, félicitations. Il est sincère dans ces réponses. La première mi-temps en écosse ratée... mais pas pour le sélectionneur... Les pépins qu'il enchaîne sont forcément liés à son jeu. Il dé zone bcp et il va dans des rucks ou même les "Gros" ont du mal. Il faut qu'il soit patient le temps musculaire n'est pas le temps ligamentaire. Cela reste un joueur intéressant et hyper engagé. Il a plein de qualité. Sa progression ultra rapide est comme souvent remis en cause dans des périodes plus difficiles. A 28 ans, il a encore du temps pour revenir dans le groupe EDF. Il faut le souhaiter pour lui avant tout et pour la richesse de l'EDF. Courage Gabin...

biilyzekid Il y a 2 mois Le 12/02/2024 à 11:08

Tant qu'il persistera à vouloir jouer comme un joueur de 100kg il s'en sortira pas. L'intelligence c'est aussi savoir faire évoluer son jeu quand ça passe plus. Le caractère c'est bien, l'intelligence de savoir s'adapter c'est mieux quand on veut durer