Abonnés

6 Nations 2024 - "L’essentiel et l’accessoire" : l'édito du lundi

Par Emmanuel MASSICARD
  • Gaël Fickou et Matthieu Jalibert (France).
    Gaël Fickou et Matthieu Jalibert (France). Midi Olympique. - Patrick Derewiany.
Publié le
Partager :

Si on retient d'abord l'essentiel et la victoire des Bleus à Murrayfield, l'accessoire a aussi son importance : le diable comme la réussite se cachent dans les détails et cette équipe de France, au caractère de compétiteurs, ne nous a pas rassurés quant à son rugby.

Le rugby est un sport de contrastes qui se plaît à mêler tout et souvent son contraire. Il en va ainsi de l’essence même de ce jeu, des hommes et des stratégies qui le servent. Il en va également du XV de France qui nous embarque sur ses montagnes russes, au risque de nous perdre parfois en chemin quand il bafouille son rugby et que Fabien Galthié abuse d'une communication positive pour habiller la mariée.

Désolé Fabien, nous voudrions tout et pour toujours. Mais, évidemment, l’utopie n’a jamais fait gagner des matchs, alors nous nous contenterons aujourd’hui de cette victoire arrachée aux Écossais et à l’arbitrage vidéo. C’est assez court, nous direz-vous, pour une équipe qui hier encore courait après la consécration mondiale, mais c’est l’essentiel à présent.

Cette victoire, aussi poussive soit-elle, mièvre en conquête comme en termes d’ambitions rugbystiques, relance une machine grippée. Elle remet en selle Galthié et ses joueurs « cadres » qui ont repris leur destin en mains ; elle témoigne du caractère des Bleus confrontés à leurs premières vraies difficultés et pourrait même leur permettre de tourner enfin la page sur le Mondial et l’échec sud-africain. Oui, c'est l'essentiel.

Pour autant, cela n’évitera pas les débats sur le fond des choses. L'accessoire en somme, qui désormais va nous occuper. Car le diable comme la réussite se cachent dans les détails et que cette équipe de France au caractère de compétiteurs ne nous a pas rassurés quant à son rugby.

Elle semble aphone, atone, perdue entre ses directions : celle de la dépossession qui l’a faite si dangereuse jusqu'en 2022 (même si elle ne colle pas exactement au profil du trio Lucu-Jalibert-Ramos) ou celle d’un jeu tourné vers l’initiative et, de fait, la possession qui correspond davantage à notre culture et à nos forces vives du moment.

Des chimères ? Pas sûr. Nous sommes ici au coeur des enjeux et de notre problématique actuelle. Où va-t-on ? Ou, plutôt, où vont les Bleus ? Telle est la vraie question. N'en doutez pas : l'essentiel et l'accessoire exposés en Ecosse seront inversés dans les jours et semaines qui viennent.

Il faudra autre chose que cette belle générosité pour retrouver un statut dominant et la magie qui emporta la foule des supporters. C'est grâce à son rugby offensif et à l'expression libre -décomplexée - de ses talents que le rugby français rayonne en club à l'image de La Rochelle, Bordeaux, Toulouse pour ne citer qu'eux. Enfin, il faudra bien plus que des concours de gagne-terrain pour remporter des titres ; bien davantage que des stratégies trop défensives pour surprendre des adversaires qui nous ont décryptés depuis belle lurette et qui se nourrissent de nos moindres faiblesses.

Mais allez donc, haut les coeurs ! En retrouvant le chemin de la victoire à Murrayfield, les Bleus ont renoué avec le fil de la confiance. Reste à écrire la suite. Mais sans bluffer. En retrouvant ce culot, cette énergie créatrice et cette ambition qui ont fait leur grandeur. Place au jeu.

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (4)
CasimirLeYeti Il y a 2 mois Le 18/02/2024 à 16:11

Attention... Il y a des impondérables pour pratiquer notre cher jeu de possession, c'est une condition physique sublimée. Car le rythme des matchs internationaux, c'est 2 crans au moins au-dessus du Top 14 ; même nos meilleurs joueurs actuellement exploseraient physiquement vers la 55-60ème s'ils jouaient à la Bordelaise ou à la Toulousaine.

CasimirLeYeti Il y a 2 mois Le 13/02/2024 à 09:40

Super Dupont, bien involontairement, a freiné la construction d'un jeu de ligne en cherchant presque systématiquement des fenêtres dans la défense adverse pour s'y engouffrer. Le rôle des arrières situés à proximité étant aussitôt de se projeter et de le suivre pour se proposer à hauteur, et ainsi assurer la continuité de l'attaque. La célèbre fulgurance "Galthiéenne" ! Il faudrait s'atteler à un vrai jeu de ligne (combinaisons, systèmes) mais sans jouer la possession tout le temps, non plus, car nous n'avons pas les capacités physiologiques à tenir la balle pendant 80 minutes au niveau international ! Des jeux au pied stratégiques seront toujours nécessaires pour reposer les joueurs et notamment les avants lourds et plus forcément de la prime jeunesse...

CasimirLeYeti Il y a 2 mois Le 12/02/2024 à 15:35

Attention, il y a des impondérables pour pratiquer notre cher jeu de possession, c'est une condition physique sublimée. Car le rythme des matchs internationaux, c'est 2 crans au -dessus du Top 14 ; même nos meilleurs joueurs actuellement exploseraient vers la 55-60ème s'ils jouaient à la Bordelaise ou à la Toulousaine.