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6 Nations 2024 – "Je n'ai pas eu besoin d’expliquer le rugby à Dan Biggar ou George North" : entretien avec Dewi Lake, vice-capitaine du pays de Galles

Par Loïc Bessière
  • Dewi Lake lors du dernier Mondial.
    Dewi Lake lors du dernier Mondial. - Abaca / Icon Sport
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Touché aux ischio-jambiers, le vice-capitaine du pays de Galles Dewi Lake est forfait pour le Tournoi. Il demeure un cadre de cette nouvelle génération qui prend le pouvoir en sélection et essaiera de faire tomber l’Irlande à Dublin, ce samedi à 15h15.
 

Vous êtes actuellement blessé et absent en sélection. Essayez-vous d’assumer votre statut de vice-capitaine loin du groupe ?

J’espère reprendre l’entraînement courant mars pour être de retour sur les terrains en avril. C’est difficile de se blesser après une Coupe du monde où nous avons disputé les quarts de finale, nous voulions poursuivre sur cette lancée. Mais je reste en contact avec mes coéquipiers pour parler et discuter de tout, mais aussi de temps en temps avec les entraîneurs et les préparateurs physiques pour rester en forme malgré ma blessure. Mais je n’essaye pas de jouer un rôle de leader alors que je ne suis pas dans l'équipe. J’envoie juste des messages d'encouragement à mes coéquipiers.

En l’absence du capitaine Jack Morgan (24 ans) et de la vôtre (24 ans aussi) c’est Dafydd Jenkins (21 ans) qui a cette responsabilité. Longtemps, le XV du Poireau a été qualifié de vieillissant. Les jeunes sont-ils enfin au pouvoir ?

Je ne suis pas surpris de voir Daf' capitaine. Il l’est déjà dans son club d’Exeter et il le fait très bien ! C’est déjà un très bon leader alors qu’il est encore jeune… Mais je pense que chaque pays passe par là à un moment ou un autre avec toutes une génération qui prend sa retraite internationale. Nous traversons cette période depuis l’année dernière avec beaucoup de joueurs qui se sont retirés avant ou après la Coupe du monde, comme Alun Wyn Jones ou Dan Biggar. Beaucoup d'équipes internationales traversent cette période du cycle de quatre ans après une Coupe du monde où les jeunes joueurs doivent s'affirmer et commencer à jouer un rôle de leader en sélection.

À la Coupe du monde, vous avez été le capitaine de légendes comme Dan Biggar ou George North, comment l’avez-vous vécu ?

Je ne dirais pas que c’est dur car nous sommes un très bon groupe, nous sommes une bande de potes même. Ce qui a été difficile, c’est le sentiment de devoir être le leader de ces légendes. Vous savez, j'ai grandi en les regardant jouer et, maintenant, dire que je dois être le capitaine de ces joueurs, c'est quelque chose de très fort. Je n'ai pas besoin de leur expliquer le rugby, ils connaissent mieux ce sport que moi ! Si j’avais dit à Dan Biggar comment buter, il se serait moqué de moi (rires). Mais je pense que lorsque vous jouez avec des joueurs plus jeunes ou un groupe plus jeune qui a besoin de plus d'aide, c'est évidemment le moment d'être un peu plus bruyant ou un peu plus serviable.

Dewi Lake (à droite), capitaine des Gallois contre la Géorgie à la Coupe du monde.
Dewi Lake (à droite), capitaine des Gallois contre la Géorgie à la Coupe du monde.

Pour votre premier match comme capitaine, en Angleterre, en match de préparation au Mondial, vous vous êtes blessé et vous êtes sorti après 26 minutes. Qu’avez-vous ressenti après la rencontre ?

C’était un mix d’émotions… Évidemment, c’était génial pour moi d’être capitaine du pays de Galles, à Twickenham, contre les Anglais. Mais je suis sorti sur blessure avec l’inquiétude de ne pas être rétabli à temps pour le Mondial, avec mon genou touché. C’était une journée très bizarre car j’ai alterné joie et tristesse… Mais ensuite, débuter une rencontre de la Coupe du monde comme capitaine, c’était irréel ! Et être capitaine avec Jack Morgan a été très spécial pour nous deux car nous avons grandi ensemble, nous sommes de très bons amis et nous faisons chambre commune en sélection !

Du coup, pouvez-vous nous parler de Jack Morgan, un des plus beaux potentiels du rugby gallois, très en vue en 2023, mais blessé pour le Tournoi cette année ?

Jack, c’est le garçon typique du pays de Galles ! Il est très joyeux, très drôle, mais aussi très terre à terre. Tu peux juste t’asseoir autour d’un café avec lui et discuter durant des heures ! Il parle avec n’importe qui, il est très ouvert. C’est un excellent ami, mais aussi un très bon joueur de rugby. Vos lecteurs sauront probablement reconnaître qu’il a fait un très bon Mondial et qu’il a été un des joueurs les plus en vue de la compétition.

Est-ce dur pour vous d’être son compagnon de chambrée ?

Entre les stages et la Coupe du monde, nous avons passé chaque minute ensemble durant deux ou trois mois. Et c’était très sympa ! Et c’est facile de partager sa chambre avec lui. Nous écoutons la même musique, regardons les mêmes vidéos et nous allons au lit à la même heure !

Et pour lui, est-ce difficile de partager sa chambre avec vous ?

Je dirais non, mais il dirait probablement oui (rires). Il lâcherait sans doute que je l’agace. Jack aime bien que la chambre soit calme et être dans sa bulle de temps en temps. Je lui pose probablement trop des questions et je lui parle sans doute trop.

Vous avez parlé d’une "bande de potes" concernant la sélection. Est-ce que le fait de partir plusieurs semaines en stage en Suisse et en Turquie avant le Mondial y a contribué ?

Oui, partir tous ensemble a été une très bonne chose pour nous. De vivre dans les mêmes pièces, cela nous a forcément rapprochés. À force de côtoyer les gars, tu apprends leurs habitudes, ce qu’ils aiment ou non et ce qu’ils adorent faire en dehors du rugby. Cela nous a fait davantage ressembler à une bande de potes plutôt qu’à une simple équipe. Cela nous a permis d’arriver en quart de finale alors que beaucoup de gens ne nous voyaient pas sortir des poules !

Comment expliquez-vous ce match à deux visages des Gallois contre les Écossais avant un match différent et une frustrante défaite en Angleterre ?

Il est évident que lorsqu'il s'agit d'un jeune groupe, il y a beaucoup, beaucoup d'apprentissage à faire et vous apprenez les choses sur le tas. La première mi-temps nous a évidemment déçus… Sortir une deuxième mi-temps comme ils l’ont fait et jouer d’une telle manière, marquer 26 points, revenir dans le match et presque se donner une chance de le gagner, je pense que cela en dit long sur le caractère et la résilience de ce groupe qui n'abandonne jamais. Cela nous a aussi montré le type de rugby que nous pouvons jouer avec ce jeune groupe ! Je pense que le match contre l’Angleterre était presque à l’opposé. Faire une aussi belle première mi-temps mais être battu par cette solide équipe, c'est difficile à accepter…

J’adorerais jouer un jour en France !

Comment faire pour gagner en Irlande, ce que très peu d’équipes réalisent ?

Évidemment, l’Irlande est une des meilleures équipes du monde et gagner à Dublin sera très dur ! Je pense qu’une partie de la tactique sera de donner le moins de lancements de jeu aux Irlandais. Ils sont excellents en conquête, surtout en touche, et ils sont capables de très vite marquer, souvent en trois temps de jeu ou moins, voire en première main. Il nous faudra donc avoir une bonne touche et surtout une grosse mêlée… Non pas que nous ne soyons pas bons dans ce secteur, mais Jack Crowley a été très bon lors des deux premiers matchs et il ne faut pas le laisser lancer le jeu. Je pense donc que si les gars peuvent empêcher les Irlandais d'avoir le ballon et d’avoir des libérations rapides, les Gallois pourront prendre le contrôle du jeu.

Lors de ses deux dernières venues à Cardiff, le Xv de France s'est imposé. Pensez-vous que vos coéquipiers seront revanchards ou qu'ils seront concentrés sur l'instant présent ?

Ce match sera surtout, peut-être, pour nous l’opportunité d’aller chercher notre première victoire dans le Tournoi. Nous savons que Shawn Edwards connaît très bien notre équipe, donc cela sera un match très intéressant, avant celui contre les Italiens. La dernière fois que nous les avions joués au Principality, ils nous avaient battus à la dernière seconde. Nous aurons l’occasion de prendre notre vengeance !

George North, Will Rowlands… Plusieurs de vos partenaires en sélection débarquent en France. Pourriez-vous les imiter ?

J’adorerais jouer un jour en France ! Je pense que c'est probablement l'un des seuls endroits au monde où le rugby continue de se développer à l'heure actuelle. Il suffit de regarder le calibre des équipes qui sont engagées dans le championnat de France… Le niveau est juste incroyable. Et en plus, le cadre de vie peut être génial avec le soleil et la mer !

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